Fondateur de la Luxembourg Armwrestling Federation (LAF), Bogdan Ioan Roman organise samedi à Sandweiler, le premier championnat national de bras de fer.
« Tu prépares un sujet sur quoi? Non, c’est une blague? » Le visage du collègue se déforma quelque peu à l’écoute d’une réponse que l’auteur de ces lignes pensait, en toute honnêteté, ne pas prononcer un jour : sur le premier championnat national de… bras de fer. L’évènement est prévu demain à l’Octogone Gym à Sandweiler. C’est là que l’on retrouve Bogdan Ioan Roman, fondateur de la Luxembourg Armwrestling Federation. Sur la page d’accueil du site de l’ASBL, immatriculée officiellement le 1er mars dernier auprès du Registre de commerce et des sociétés (RCS), un compte à rebours. Couleurs chatoyantes, lumière perçante. Un décollage en grande pompe pour une discipline où gros bras ne va pas de pair avec gonflette.
Gros biceps et entrainement commando
Hall n° 4 de la zone industrielle de Rolach. C’est là que se tiendra cette première édition. Trois fois par semaine, entre ces murs, Bogdan Ioan Roman malmène un corps imbibé de sueur et d’acide lactique. L’intéressé confirme : «Ce qui est efficace, c’est le travail en pyramidale.» Pour les non-initiés, le principe est d’enchaîner progressivement séries longues (légères) et courtes (lourdes). Au vu de la taille de ses biceps, on ne doute pas vraiment de l’efficacité de la méthode. «Au meilleur de ma forme, au curl avec haltère, je prends 70 kg. Avec un bras…» Un bras dont la circonférence doit faire peu ou prou celle des cuisses de son interlocuteur. «46,5 cm. Et 42,5 cm pour l’avant-bras. Mais bon, c’est le résultat de 17 ans de travail.»
Il débute dans «les bars et les discothèques»
Parfois, certains livres peuvent changer le cours d’une existence. Pour Bogdan, ce fut un film : Over the Top avec Sylvester Stallone. «Après l’avoir vu la première fois, je me suis dit « c’est ça que je veux faire! »» Cette révélation met fin à dix années de judo. En 2002, et après s’être exercé «dans les bars et les discothèques», il quitte Borsa (Transylvanie) pour Merate (région de Lecco). En Italie, après sa journée à l’abattoir, il se rend à la salle pour soulever de la fonte. Mais pas seulement. «Au bras de fer, il faut avoir une bonne génétique et des os solides, mais ce n’est pas qu’une question de force pure. C’est très technique! D’ailleurs, en catégorie Open, tu peux voir un gars de 70 kg battre un autre de 130.» Face à notre scepticisme, il évoque le «hooker» mais aussi, pêle-mêle, des techniques semblant sortir tout droit du menu d’un restaurant japonais : «top roll, shoulder roll».
Un sport « hyper-explosif »
Du haut de ses 34 ans, Bogdan Ioan Roman possède un joli palmarès avec notamment 3 titres de champion d’Italie (2010, 2013 et 2014) ainsi que 6 victoires consécutives au Super Match, la dernière datant de 2013 à Brescia. Malgré les risques, il a connu relativement peu de pépins physiques. «En 2007, lors des championnats d’Europe en Slovaquie, j’ai eu une élongation du tendon de l’avant-bras. J’ai dû m’arrêter un an.» Le ferriste n’est pas une tête brûlée. Très vite, il met en garde contre les risques liés à la pratique de son sport. «C’est hyper-explosif et, c’est vrai, il y a un risque de blessure assez grave. C’est pourquoi mieux vaut débuter après 14 ans et, toujours, pratiquer avec quelqu’un d’expérimenté. De formé.»
Bienvenue au club
Récemment, à l’Octogone Gym, «salle parfaite pour s’entraîner aux sports de combat», il entraîne neuf garçons. Récemment, il a vu débarquer «un jeune de 17 ans qui a une force incroyable!». Une petite pépite. De quoi ravir l’actuel employé de Ferrero Luxembourg.
En mettant sur pied la Luxembourg Armwrestling Federation, Bogdan Ioan Roman souhaite sortir de la confidentialité une discipline promise, jure-t-il, à un bel avenir. «Je connais beaucoup de responsables de fédérations mondiales et je suis assez confiant quant au fait que le bras de fer figure aux Jeux olympiques.» En effet, certains militent pour sa présence aux JO-2024 de Paris. Comme d’autres pour la pole dance, le dodgeball ou le baby-foot…
Charles Michel
Samedi, 15 h, à l’Octogone Gym à Sandweiler.
Le gaucher se fait rare
En bras de fer, contrairement à d’autres disciplines, un droitier ne peut affronter un gaucher. Ainsi, les concurrents sont donc répartis en fonction de leur bras mais aussi de leurs poids. On notera qu’il y a évidemment moins de gauchers que de droitiers. Pour preuve, les premiers sont répartis dans deux catégories (-90 kg et +90 kg), tandis que l’on dénombre cinq catégories de poids chez les seconds (-70 kg, -78 kg,-86 kg, -95 kg, +95 kg).