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Inondations meurtrières au Japon


Les inondations dans la région de Kumamoto au sud-ouest du pays, ont détruit des maisons, emporté des véhicules et provoqué l'effondrement de ponts, laissant de nombreuses villes submergées. (photo AFP)

Une pluie battante ralentissait lundi les opérations de secours après des inondations et des glissements de terrain dans le sud-ouest du Japon ce week-end ayant probablement fait une cinquantaine de morts, selon un bilan toujours provisoire.

Les fortes pluies devraient par ailleurs se déplacer de l’ouest vers l’est du pays d’ici à mercredi, risquant ainsi de toucher « une région très large », a averti lundi le Premier ministre Shinzo Abe, appelant la population à redoubler de prudence. Dans la grande île de Kyushu (sud-ouest), les autorités locales craignaient un bilan d’une cinquantaine de morts après les fortes intempéries qui se sont abattues sur la région depuis samedi matin. Au moins treize personnes étaient par ailleurs toujours portées disparues.

« À cause des fortes pluies, nous avons dû annuler des vols d’hélicoptère au-dessus des zones dévastées », a déclaré Tsubasa Miyamoto, un responsable de la préfecture de Kumamoto. Routes et ponts ont été emportés par les inondations, coupant certaines localités isolées du reste du monde.

Dans l’une des zones les plus touchées, des habitants ont écrit les mots « riz, eau, SOS » au sol, pendant que d’autres agitaient des serviettes pour appeler à l’aide, selon des images d’hélicoptère. Dans un centre pour personnes âgées de la région de Kumamoto, 14 personnes sont présumées mortes noyées samedi en raison de l’inondation du rez-de-chaussée par une rivière en crue, des résidents en fauteuil roulant n’ayant pu se réfugier dans les étages supérieurs. Une cinquantaine de résidents et d’employés de cette maison de retraite médicalisée ont été secourus au moyen de canots de sauvetage.

L’Agence météorologique japonaise a recommandé à environ 500 000 habitants des préfectures de Kumamoto et de Kagoshima d’évacuer leurs logements, en raison de nouvelles fortes pluies attendues jusqu’à mardi après-midi. « C’est un tel désastre », a commenté sur la chaîne de télévision publique NHK Hirotoshi Nishi, un habitant sinistré en train de retirer des débris dans sa maison pleine de boue.

Les habitants de la préfecture de Kumamoto s'abritent dans un centre d'évacuation avec un espace pour maintenir la distanciation sociale dans le gymnase de la ville de Yatsushiro. (photo AFP)

Les habitants de la préfecture de Kumamoto s’abritent dans un centre d’évacuation avec un espace pour maintenir la distanciation sociale dans le gymnase de la ville de Yatsushiro. (photo AFP)

« Une double peine »

En plus des intempéries persistantes, les opérations de secours sont compliquées par les risques de contaminations au coronavirus. Des cloisons ont été installées dans les centres d’évacuation pour préserver une distance physique, et les déplacés sont appelés à se laver les mains fréquemment et à porter des masques. Le Japon a été relativement épargné jusqu’à présent par la pandémie mondiale, avec environ 1 000 décès pour moins de 20 000 cas depuis le début de la crise sanitaire. La plupart des nouvelles infections à l’heure actuelle sont recensées à Tokyo.

Pour la vie économique locale déjà durement frappée par l’effondrement du tourisme à cause de la pandémie, cette catastrophe naturelle tombe au pire moment. « Ce magnifique endroit a été bouleversé du jour au lendemain », a déclaré Yuji Hashimoto, responsable de l’office du tourisme de la ville de Yatsushiro dans la région de Kumamoto, réputée pour ses sources d’eau chaude (onsen). « Les dégâts dépassent l’entendement, cela nous est tombé dessus de manière totalement inattendue. C’est une double peine, alors que notre ville souffrait déjà de l’impact du coronavirus ».

Plus de 40000 policiers, pompiers, garde-côtes et membres des Forces d’autodéfense japonaises étaient mobilisées dans les régions sinistrées, et quelque 800 personnes ont déjà été secourues, a précisé lundi le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga. En outre, 10 000 foyers étaient toujours privés d’électricité et 2 400 foyers sans eau, a-t-il ajouté. La saison des pluies bat son plein dans l’archipel nippon en ce moment, une période à hauts risques en matière d’inondations, coulées de boue et glissements de terrain. Le changement climatique joue également un rôle car une atmosphère plus chaude retient davantage d’eau, accroissant le risque et l’intensité des précipitations extrêmes.

AFP/LQ