Les dégâts occasionnés par les inondations de juillet 2021 se chiffrent en millions d’euros, tout comme les montants des aides et des indemnités mises en place par l’État.
Il n’aura fallu pas moins de six ministres (Taina Bofferding, Carole Dieschbourg, Corinne Cahen, Claude Haagen, Lex Delles et Franz Fayot) pour répondre à la question parlementaire des députés ADR Jeff Engelen et Fred Keup, sur les dommages liés aux intempéries des 14 et 15 juillet derniers. Plusieurs cours d’eau luxembourgeois étaient sortis de leurs lits et avaient causé des inondations dans différentes régions du Grand-Duché. Les dégâts étaient importants tant pour les particuliers que pour les entrepreneurs, les agriculteurs ou les commerçants. L’État avait classé cet épisode en tant que catastrophe et calamité naturelle et débloqué un montant d’aide de 100 millions d’euros en faveur des victimes.
Les deux députés voulaient connaître l’ampleur des dégâts de ces intempéries, les secteurs qui ont demandé de l’aide ainsi que la part prise en charge par les assurances et par l’État. Ils ont également questionné les ministres sur d’éventuelles demandes d’aide toujours en suspens.
Les six ministres ont répondu que le secteur agricole a demandé des aides à hauteur de 1,47 million d’euros pour réparer les dommages causés par les intempéries. La direction générale des Classes moyenne a rapporté des dommages chiffrés à 16,27 millions d’euros et le secteur communal, secteur le plus touché si on s’en tient aux chiffres, a signalé des dégâts pour 16,75 millions d’euros. Le secteur agricole et celui des entreprises ont fait chacun 150 demandes d’aide. 155 entreprises ont été mises au chômage technique entre juillet 2021 et mars dernier dans le cadre de la mesure de «chômage partiel cas de force majeure pour inondations». La plupart des entreprises ayant eu recours à cette mesure sont des commerces ou des entreprises du secteur de l’Horeca, précise la réponse parlementaire.
364 ménages ont reçu des aides
Quant aux communes et aux syndicats, ils ont effectué 25 demandes d’aide, a précisé la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding. Le ministère de la Famille a jusqu’à présent reçu 634 demandes émanant de particuliers. Corinne Cahen indique dans la réponse que le dispositif d’aides prévu par son ministère «doit servir à soutenir financièrement les coûts de réparation et d’objets essentiels aux domiciles principaux des victimes des inondations». Le montant de ces aides est calculé en fonction du montant des dommages ainsi que du revenu du ménage et du nombre de personnes qui le composent.
Les assurances ont déjà remboursé 30 796 euros au secteur agricole, 3,2 millions d’euros au total à dix-neuf moyennes entreprises, 10 239 euros à une commune et près de 3 millions d’euros aux particuliers éligibles aux aides du ministère de la Famille.
Jusqu’à présent, l’État est intervenu à hauteur de 556 559 euros sur les 620 561 euros d’aide et d’indemnités promis au secteur agricole, selon les deux services régionaux de l’administration des Services techniques de l’agriculture. Les deux députés ADR voulaient également connaitre le montant des aides allouées par l’État pour chaque secteur de l’économie touché.
La direction générale des Classes moyennes avait, au début du mois de mars, déboursé 4,37 millions d’euros et 1,17 million d’euros a été transféré aux entreprises qui ont pu bénéficier du chômage technique depuis le mois de juillet dernier. Cinq communes et un syndicat avaient été dédommagés à hauteur de 80 332 euros avant le 18 mars dernier.
Le ministère de la Famille a, quant à lui, distribué des aides pour un montant total de 5,97 millions d’euros à des particuliers. 364 ménages se sont vu accorder une aide financière d’un montant moyen de 16 399 euros. 130 ménages n’ont reçu aucune aide. Parmi ces derniers, 57 dossiers n’étaient pas éligibles, 44 ménages avaient des revenus trop élevés par rapport aux dommages subis et les assurances avaient couvert la totalité des dommages dans 29 dossiers, précise le ministère. Enfin, trois dossiers ont été transmis au ministère de l’Économie et trois ménages ont retiré leurs demandes. Restent 134 dossiers toujours ouverts au 18 mars dernier auprès du ministère de la Famille.
En ce qui concerne les dommages concernant plus spécifiquement les cours d’eau, l’administration de la Gestion de l’eau a répertorié 104 dommages d’importance qu’elle a estimés à 11,6 millions d’euros. 78 communes seraient directement concernées. Des travaux de nettoyage des cours d’eau et de leurs abords – notamment pour enlever des arbres et des sédiments – ont été réalisés pour 2,65 millions d’euros.
Des dossiers toujours en attente
Certains dossiers de demande d’aide et d’indemnisation n’ont pas encore connu de suite à l’heure actuelle. Il manquerait des documents pour finaliser les expertises de 31 dossiers envoyés au ministère de l’Agriculture. Cela équivaudrait à un montant de 334 298 euros de dommages. Idem à la direction générale des Classes moyennes qui a 80 dossiers en suspens pour un montant total de 4,4 millions d’euros. Manquent notamment pour les compléter des preuves de paiement.
À la mi-mars, 20 dossiers concernant des communes étaient encore en cours de traitement pour une somme de 16,67 millions d’euros. Le ministère de l’Intérieur indique ne pas être en mesure pour le moment de communiquer un montant définitif. Un nombre important de dossiers de demande de remboursement serait encore incomplet et ne pourrait pas encore faire l’objet d’une analyse pour déterminer leur éligibilité. Le ministère précise que les communes et les syndicats ont jusqu’au mois de juillet pour faire parvenir leurs demandes. Les particuliers avaient jusqu’au 31 mars pour le faire. Mi-mars, 134 dossiers étaient toujours ouverts faute de réponse des assurances ou de l’expertise ordonnée par le ministère de la Famille. Ce dernier n’est donc pas en mesure de chiffrer la somme totale des indemnités à verser aux particuliers.
Ces montants donnent le vertige et sont aussi parlants que les images des rues et des caves après le passage des torrents d’eau lors de ces deux journées d’un été particulièrement humide.