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Industrie de la défense : «Le Luxembourg n’est plus spectateur»


La nouvelle association nationale des entreprises de la Défense compte environ 80 membres. (Photo : julien garroy)

Lundi soir, la nouvelle association LuxDefence a été officiellement lancée. L’objectif est de placer le Grand-Duché sur la carte de l’industrie de la défense. Les ambitions sont grandes.

«La guerre est revenue sur notre continent, non pas comme un risque théorique, mais comme une situation de combat brutale, quotidienne et active. Les lignes de front ukrainiennes se trouvent à environ 1 200 kilomètres de cette pièce, ce qui correspond à peu près à la distance qui nous sépare d’Oslo.»

André Wilmes pose le lourd contexte dans lequel a été mise sur pied LuxDefence. La pièce à laquelle le président de l’association nationale des entreprises de la Défense fait référence est la grande salle de conférence de la Chambre de commerce, trop petite, hier soir, pour accueillir l’ensemble des invités venus assister au lancement officiel de cette nouvelle entité.

«Produire des capacités tangibles»

«LuxDefence est née d’une nécessité. L’association s’accompagne d’un profond sens des responsabilités envers la société, car nous travaillons à fournir des capacités de défense efficaces et efficientes à notre pays, à nos voisins européens et à nos nations alliées au sein de l’OTAN», résume André Wilmes lors de son discours introductif, devant un parterre où avaient notamment pris place le vice-Premier ministre, Xavier Bettel, et la ministre de la Défense, Yuriko Backes.

LuxDefence a pour mission de développer un écosystème, qui vise une «intégration véritable, équitable et collaborative de l’industrie de la défense», afin de «produire des capacités de défense tangibles».

La ministre Backes fait un pas de plus en affirmant que le Luxembourg dispose déjà «d’un écosystème (de la défense) absolument dynamique». «C’est pourquoi le gouvernement encourage vivement la création de synergies pour le développement de capacités et de technologies destinées à la fois à un usage double et à des capacités et applications purement défensives», développe-t-elle.

Au départ, l’idée était de se faire une idée de combien d’entreprises présentes au Luxembourg «disposent des technologies présentant un potentiel pour la défense». Le dernier décompte fait état de 110 sociétés qui se sont lancées dans cette branche, dont environ 80 qui ont déjà rejoint LuxDefence.

«Il y a quelques années à peine, il n’y en avait peut-être que 20 ou 30. Le nombre a donc presque triplé au cours des deux dernières années. C’est vraiment incroyable. Mais c’est dans l’unité que réside votre force. LuxDefence permettra à notre industrie de la défense de vraiment parler d’une seule voix, mais aussi de parler d’une seule voix au Luxembourg», résume Yuriko Backes.

Le Grand-Duché compte donc clairement jouer un rôle actif dans le développement renforcé de l’industrie européenne de la défense. «On n’est plus un simple spectateur, mais faisons partie intégrante des tractations à l’échelle européenne et de l’OTAN», met en avant André Wilmes.

L’enveloppe consacrée à l’effort de défense facilite la tâche. Le gouvernement s’est engagé à consacrer, d’ici 2025, un total de 5 % de son revenu national brut (RNB) à son effort de défense. En 2026, pour atteindre le seuil intermédiaire de 2 % du RNB, le Luxembourg va investir 1,3 milliard d’euros.

«Je peux vous dire que vous n’êtes pas toujours très populaire lorsque vous devez expliquer aux citoyens les sommes colossales que nous devons investir dans notre défense. Mais pour moi et pour le gouvernement, c’est la seule façon responsable d’agir, c’est la seule façon responsable de préparer notre avenir, car en fin de compte, en augmentant les investissements dans notre défense, nous défendons également nos démocraties», insiste Yuriko Backes.

«La taille ne détermine pas l’impact stratégique»

À l’image de la ministre, le président de LuxDefence souligne toutefois que «tout le monde ne peut pas tout faire». L’UE et les alliés européens de l’OTAN devraient unir leurs forces. «Nous sommes donc ici pour construire, pas pour théoriser ou élaborer des stratégies. Le temps des discussions est révolu, il est temps de se mettre au travail», clame André Wilmes, qui ne cache pas ses ambitions : «Nous refusons de penser petit».

«Le Grand-Duché est peut-être un petit pays, mais son rôle et ses responsabilités ne sont pas négligeables. Ce pays a déjà prouvé à maintes reprises que la taille ne détermine pas l’impact stratégique», développe le chef de file de LuxDefence. Il fait notamment référence au spatial et aux télécommunications sécurisées : «Le Luxembourg fournit aujourd’hui des capacités sur lesquelles on peut compter au plus haut niveau opérationnel pour protéger les États, les citoyens et les institutions».

LuxDefence se dit décidée à «perpétuer cet héritage». «Notre objectif n’est pas seulement de nous positionner dans les chaînes de valeur européennes de la défense. Il s’agit de faire en sorte que le Luxembourg soit également un partenaire de choix dans un écosystème européen et avec les alliés de l’OTAN à travers le monde», complète André Wilmes.

Le président termine sur une note plus philosophique : «LuxDefence n’est pas une association, c’est un engagement. Un engagement envers l’intérêt national, un engagement envers la souveraineté européenne, un engagement envers nos alliés de l’OTAN et nos partenaires mondiaux, un engagement envers nos enfants qui hériteront de la sécurité que nous construisons ici aujourd’hui».

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