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Industrie : 420 millions d’euros pour la transition énergétique


En mai de cette année, un grand producteur de verre, installé à Bascharage, a inauguré un nouveau four électrique, un investissement soutenu par l’État. 

La Chambre a validé, hier, de nouvelles aides pour accélérer l’électrification de la production industrielle. La fabrication d’équipements pour la transition énergétique sera aussi subventionnée.

La transition énergétique dans le secteur industriel connait actuellement un coup de frein. Comme l’a notamment rappelé, hier, le député Franz Fayot (LSAP), ArcelorMittal vient se suspendre son projet de production d’acier vert en Allemagne.

En cause, un contexte économique trop incertain. «Nous voyons la tendance en Europe d’une réduction des ambitions», déplore l’ancien ministre de l’Économie. La recherche d’une «compétitivité à court terme» motiverait cette évolution. «C’est une erreur de retarder ces investissements», ajoute-t-il.

Cet avis a été très largement partagé, hier, à la Chambre. Seule l’ADR continue de remettre en question les énergies renouvelables. «Le gouvernement est obsédé par la réduction des gaz à effet de serre, tout en diabolisant l’énergie nucléaire. Il nous faut enfin miser sur une politique énergétique rationnelle et pragmatique», martèle Tom Weidig.

La Chambre de commerce souligne néanmoins que «dans un souci de compétitivité et de souveraineté», les acteurs économiques européens «doivent avoir accès à une énergie facilement disponible, décarbonée et abordable».

La Commission européenne propose dans ce contexte non seulement un mécanisme de financement d’énergies renouvelables, mais cautionne aussi des aides étatiques destinées à accélérer la transition vers une économie à zéro émission nette.

Le gouvernement luxembourgeois pourra ainsi débloquer une enveloppe de 420 millions d’euros pour doper l’électrification de l’industrie et pour soutenir la production d’équipements essentiels à la transition énergétique (batteries, panneaux solaires, éoliennes, pompes à chaleur, etc.).

La rapporteuse du projet de loi, Carole Hartmann (DP), souligne que ce régime d’aides «s’insère dans un contexte d’urgence climatique et économique». Les entreprises éligibles devront, dans le cadre d’un appel à projets, démontrer que les investissements permettront de réduire leurs émissions de CO2 de 40 %.

Les projets retenus d’ici au 31 décembre devront être réalisés endéans trois ans. Une aide opérationnelle sera accordée pendant 10 années supplémentaires.

Jeff Boonen (CSV) souhaite que ce coup de pouce contribue à créer dans l’industrie une «dynamique», semblable à celle dans le domaine de la production d’énergies renouvelables.

«Il s’agit d’une importante pièce du puzzle pour atteindre les objectifs climatiques que s’est fixés le Luxembourg», ajoute Joëlle Welfring (déi gréng). Elle insiste toutefois sur le besoin de «solutions et perspectives de décarbonation sur le long terme».

Sven Clement (Parti pirate) déplore que les gouvernements successifs n’aient pas encouragé plus tôt la production d’énergies renouvelables. «Ce projet de loi permet de rattraper un retard conséquent. Trop longtemps, on a misé sur les importations d’énergie depuis des régimes autoritaires», développe-t-il.

«Sans ce soutien, je ne suis pas sûr qu’un grand producteur de verre aurait investi dans un nouveau four électrique, dans le contexte d’insécurité économique actuel», répond le ministre en charge de l’Énergie, Lex Delles, avant de compléter que l’autonomie stratégique de l’UE pourra uniquement être acquise par les énergies renouvelables.

Renouvelables dans l’UE : un budget de 265 millions d’euros

Afin d’atteindre son objectif, à l’horizon 2030, de 37 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie, le Luxembourg ne pourra pas uniquement compter sur les investissements nationaux.

C’est pourquoi la Chambre a accordé, hier, son feu vert à une enveloppe de 265 millions d’euros avec laquelle le gouvernement pourra cofinancer la construction et l’exploitation d’infrastructures dans d’autres États membres de l’UE.

En contrepartie, l’équivalent d’énergie verte produite sera comptabilisé sur le compte national du Grand-Duché.

Différents engagements sont déjà pris, notamment dans le domaine du photovoltaïque en Finlande ainsi que dans le développement de l’énergie éolienne offshore en mer du Nord.