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Incendie volontaire à Differdange : l’œuvre des démons, selon l’accusée


La famille aurait été à deux doigts d’obtenir un nouveau logement. Cindy n’aurait, dit-elle, jamais pris le risque de le perdre.  (Photo: archives lq)

Tout l’accuse, selon le parquet, pourtant Cindy est convaincue que des voisins ou des forces obscures étaient à l’œuvre et ont bouté le feu cinq fois en une journée à son domicile.

Le 27 octobre 2021, cinq incendies ont été boutés dans des pièces différentes à cinq moments différents dans la même maison située à Differdange. La 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg est saisie du dernier fait survenu à 23 h 17. Tout converge vers Cindy qui occupait les lieux avec son mari et ses cinq enfants. La mère de famille prétend que la maison était hantée par des démons, le diable ou un fantôme, et conteste toute implication.

«Je n’ai jamais mis le feu. Je ne sais pas qui l’a mis. Je n’aurais jamais mis mes enfants en danger», a insisté Cindy, en pleurs à la barre hier après-midi. «Je n’ai pas orchestré tout cela pour avoir un nouveau logement.» Les enquêteurs et le parquet lui reprochent d’avoir eu une idée précise derrière la tête. La maison en question avait été vendue à de nouveaux propriétaires et la famille avait jusqu’à la fin du mois pour déménager.

Pas facile de trouver un logement pour sept personnes à un prix abordable. «En cas d’incendie, la commune aurait été obligée d’intervenir et la famille ne se serait alors pas retrouvée à la rue», a avancé le représentant du parquet qui ne croit pas «aux théories complotistes et absurdes» de Cindy pour justifier des départs de feu. Pas plus qu’«aux antécédents fantaisistes» survenus les jours précédant les faits. «Des fausses alertes et des mises en scènes» pour lesquelles la police avait mis la maison sous surveillance.

Se disant menacée par un beau-frère violent et des voisins pu amènes, la mère de famille avait dénoncé des intrusions dans la maison ainsi que du vandalisme et des tentatives de cambriolages à son domicile. Aucune trace d’intrusion n’avait pourtant pu être constatée par les policiers qui, en faction devant la maison, n’en ont vu entrer ni sortir personne d’autre que les membres de la famille.

«Simple déduction»

Idem le 27 octobre 2021. L’enquête de police a permis de déterminer que les incendies étaient d’origine humaine – et pas surnaturelle comme l’a prétendu la prévenue – et excluait l’implication d’une personne tierce. Une hypothèse également abordée par la prévenue lors de l’enquête. «Cindy était présente dans la maison à chaque départ de feu», a souligné le magistrat avant de requérir une peine de 6 ans de prison assortie du sursis partiel et une amende appropriée à son encontre pour incendie volontaire par communication, le feu n’ayant pas été mis directement à l’édifice.

«Nous attendions le déclenchement de la procédure d’expulsion pour demander un délai de six mois supplémentaires avant de devoir déménager», a expliqué Cindy entre deux sanglots. «Nous étions accompagnés par une association et nous avions appris que nous étions en quatrième position sur la liste d’attente de la Société nationale des habitations à bon marché (NDLR : SNHBM). Mettre le feu aurait ruiné tout cela, tous nos efforts depuis des années.» Elle a ajouté qu’elle avait également cherché un emplacement dans un camping en attendant.

«Un tiers a nécessairement dû s’introduire dans la maison, même si la police n’a pas trouvé de traces d’effraction ou d’autres preuves en ce sens», a insisté l’avocate de la prévenue qui a rappelé que sa cliente «était ici par simple déduction». Il n’y aurait, selon elle, aucune preuve matérielle de sa culpabilité. La chambre criminelle doit, dans le doute, acquitter Cindy qui «attendait de l’aide de la part des autorités depuis neuf ans».

12 000 euros de dégâts

Si toutefois, le tribunal devait entrer en voie de condamnation, l’avocate de la défense l’a prié de faire preuve de clémence à l’égard de sa cliente et de prendre en considération la situation de désespoir dans laquelle elle se trouvait au moment des faits qui lui sont reprochés. Malgré «les indices graves et concordants » qui ont permis au parquet de lui imputer les faits, Cindy et sa défense campent sur leurs positions.

Les différents départs de feu n’ont pas fait de blessés et les dégâts ont été moindres. Un expert les a estimés à 7 500 euros. Les propriétaires ont dû débourser 12 000 euros pour les réparer. Ils se sont portés partie civile et ont également réclamé 6 000 euros en tant que préjudice d’agrément.

Le prononcé est fixé au 9 février prochain.