« Je suis sous le choc, mortifié, mais pas surpris »: David Collins, ancien président de l’association des résidents de la tour de logements sociaux ravagée par un incendie à Londres, met en cause les gestionnaires de l’immeuble et les autorités locales.
« On avait l’habitude de dire qu’il faudrait un drame pour que les gens finissent par ouvrir les yeux et que les gestionnaires de l’immeuble finissent pas devoir rendre des comptes », déclare, écoeuré, M. Collins.
Pourtant, assure celui qui était jusqu’en octobre dernier responsable de l’association des résidents, de nombreux problèmes avaient été signalés dans la tour Grenfell.
Ce bâtiment de 120 appartements sur 24 étages datant de 1974, situé dans l’ouest de Londres, a été ravagé par un violent incendie qui a fait au moins six morts et plus de 74 blessés dans la nuit de mardi à mercredi. « Il y avait beaucoup de motifs d’inquiétude », assure-t-il.
« Cela portait sur l’emplacement des unités de chauffage, sur les accès et la façon dont vous pouviez entrer et sortir. Il y avait aussi des questions sur les éclairages et j’ai entendu que certaines alarmes incendie n’ont pas fonctionné, ce qui ne m’étonne pas ».
« Je suis sous le choc, mortifié, mais pas surpris », lâche-t-il, en expliquant que les habitants avaient tenté de s’organiser pour mettre les gestionnaires devant leurs responsabilités, y compris en sollicitant la municipalité du quartier de Kensington et Chelsea.
« 90% des résidents ont signé une pétition fin 2015 se plaignant de la mauvaise gestion de l’entreprise responsable de la maintenance de l’immeuble et des travaux de rénovation, et appelant à une enquête indépendante », dit-il.
« J’ai été personnellement menacé par leur manager (des gestionnaires) après avoir tenté de parler des problèmes avec eux. Nous avons fait part de nos inquiétudes et demandé une enquête indépendante lors d’une réunion avec (les autorités locales) du Borough de Kensington et Chelsea mais on ne nous a pas écoutés », dénonce-t-il.
Pour David Collins, le sort de ces logements sociaux, de leurs résidents aux revenus souvent modestes, n’intéressait finalement personne.
« Si les mêmes problèmes avaient été signalés dans un coin riche de Kensington et de Chelsea (deux quartiers cossus de Londres, ndlr), on y aurait répondu. Mais ici, non. C’est une communauté multiethnique, multiculturelle et diverse qui n’a jamais été écoutée par les personnes qui la représentent ».
Des documents en ligne datant d’un an environ montrent également que le collectif de résidents de l’immeuble s’était plaint à plusieurs reprises de l’état du bâtiment et des risques d’incendie potentiels.
« Tous nos avertissements sont tombés dans l’oreille d’un sourd alors qu’une catastrophe comme celle-ci était inévitable », a commenté mercredi ce collectif.
Eddie Daffarn, un résident 55 ans, raconte lui sur un blog qu’une surcharge du réseau électrique avait déjà « failli nous brûler tous à mort » en 2013, évoquant « un meurtre de masse » en gestation.
Le Quotidien / AFP