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Incendie au Booster’s Sports Bar : le patron a tenté de le faire exploser


Mathieu est incapable d’expliquer pourquoi il a mis le feu à son établissement. Pour le tribunal, il n’aurait pas agi sur un coup de tête.

Essence, gaz et accélérateur d’incendie… Tous les éléments étaient réunis pour faire exploser le Booster’s Sports Bar à Howald. Le patron du lieu, mal dans sa peau, a manqué son coup.

Trois jours avant la cession du fonds de commerce, Mathieu a mis le feu au bar qu’il gérait depuis des années. Pour quelle raison ? Le prévenu est incapable d’expliquer son geste.

Au cours de l’enquête, il a donné trois versions différentes. Il a notamment évoqué une perte de mémoire et un burn-out. Le 15 août 2021, peu après 15 h, ce self-made-man de 45 ans a allumé treize foyers différents au Booster’s Sports Bar, un des établissements qu’il gérait dans la capitale. Il encourt une peine de réclusion criminelle allant de 10 à 15 ans.

Un docteur en neurologie n’a pas trouvé d’explication neurologique pour justifier son amnésie présumée. Il a écarté la thèse de l’encéphalite et de la cirrhose hépatique dont Mathieu a souffert et qui peut entraîner des problèmes de mémoire. «Pendant son trou de mémoire présumé, il a fait des choses élaborées qu’une personne confuse ne peut effectuer», a indiqué le médecin.

Mathieu aime les excès en tous genres, selon un expert neuropsychiatre qui a souligné une «tendance hypomane». Affaires, projets, sport, nourriture, alcool, succès, reconnaissance… «il cherchait à combler un trou». «Une faille narcissique», «il n’était jamais vraiment satisfait» et n’aurait pas supporté l’échec «de son bébé» qu’«il avait créé de A à Z». L’expert évoque «une réaction bête et méchante comme celle d’un enfant dont on casse le jouet».

Son hypothèse est corroborée par celle d’un des enquêteurs de la police judiciaire et de la représentante du parquet. Malade en raison d’une consommation excessive d’alcool, il avait rejoint la France, d’où il est originaire, et avait passé la main. La transition s’est mal passée.

La pandémie est venue définitivement tirer un trait sur l’aventure du bar situé rue des Bruyères à Howald. Le prévenu avait accepté de vendre le local pour éponger ses dettes.

Le bâtiment n’étant plus assuré à son nom, les policiers ont rapidement écarté la thèse de l’arnaque à l’assurance. «Il a agi de manière émotionnelle. Il voulait vraiment détruire l’établissement», a assuré l’enquêteur.

Son collègue a expliqué que le prévenu avait tout mis en œuvre pour faire exploser le local. L’incendiaire présumé a arrosé les lieux d’essence et déposé six coupelles d’accélérateur de feu, notamment autour de deux bonbonnes de gaz. «L’incendie s’est éteint tout seul, car il n’y avait pas assez d’oxygène pour l’alimenter», a précisé l’enquêteur.

«Un égo mal placé»

Un témoin a vu la voiture de Mathieu quitter les lieux juste avant qu’une alarme ne se déclenche et que de la fumée ne s’échappe de l’établissement. Interrogé par les policiers juste après les faits, le prévenu a nié avoir bouté le feu à son établissement.

L’essence qui maculait ses vêtements, les blessures aux mains, le bidon d’essence dans le coffre de sa voiture : Mathieu a eu réponse à tout lors de l’interrogatoire de la police. Mais il a commis une erreur : il s’est vendu en évoquant trois bidons d’essence brûlés alors que les enquêteurs ne lui avaient pas donné le nombre exact de bidons retrouvés à l’intérieur de l’établissement par les pompiers.

Hier, le président de la 12ᵉ chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a encouragé le prévenu à «donner un peu plus d’explications quant à ce qui s’est réellement passé». «Vous avez été condamné à 27 jours de prison ferme en Suisse. Vous n’avez plus le droit à un sursis.»

Le magistrat semble persuadé que l’incendie était prémédité et peut-être lié à la frustration de ne plus réussir en affaires. «Il y avait de la frustration, oui, et un ego mal placé, certainement», lui a répondu Mathieu sans argumenter davantage.

Il a reconnu s’être trouvé sur les lieux avant l’incendie pour récupérer des objets, dans un premier temps, mais a nié avoir mis le feu. Il a finalement reconnu l’évidence, mais a évoqué son amnésie face aux indices s’accumulant à son encontre au fil de l’enquête, comme ses blessures aux mains, les débris de verre retrouvés dans sa voiture et la fenêtre brisée de l’établissement par laquelle les enquêteurs pensent qu’il se serait introduit dans le bar.

Mis bout à bout, tous ces éléments ont conduit le parquet à conclure à la culpabilité de Mathieu. Sa représentante a retenu l’incendie volontaire et la tentative d’explosion au gaz à son encontre et requis une peine de 8 ans de prison ferme.

«Il a manqué son effet par des circonstances indépendantes de sa volonté», a relevé la magistrate. «Il a mis en danger la vie de pompiers et de policiers pour un ego mal placé» et «tente de se déresponsabiliser».

Le propriétaire des murs et son assureur ont réclamé plus d’un million d’euros de dommages et intérêts.

Le prononcé est fixé au 11 juillet.

Un commentaire

  1. Qui est le propriétaire alors?