Accueil | A la Une | Incendie à Pétange : largué par sa copine, il met le feu à l’appartement

Incendie à Pétange : largué par sa copine, il met le feu à l’appartement


Leur histoire d’amour éteinte, il a mis le feu au nid qui l’a abrité.  (photo archives LQ)

En détresse émotionnelle et en proie à des problèmes d’alcool, le prévenu a allumé trois foyers dans l’appartement qu’il partageait avec son ex-copine à Pétange après une rupture.

«Je n’aurais jamais cru faire une chose pareille. Cela ne correspond pas à mon éducation. Je ne voulais faire de mal à personne. Je me suis senti abandonné», admet Diogo, 28 ans, en pleurs. «Je ne mangeais plus beaucoup, je buvais. Dans un moment de rage, j’ai fermé toutes les fenêtres. Je fumais une cigarette et j’ai pris une bombe de déodorant pour mettre le feu.» Le jeune homme admet avoir mis le feu à l’appartement qu’il partageait avec son ancienne compagne le 27 octobre 2023 dans la rue des Ateliers à Pétange.

Diogo n’aurait pas supporté une rupture. «Il m’a dit que c’est comme dans le film Titanic, Jack et Rose, ils sont toujours restés ensemble», indique un expert psychiatre à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le prévenu ne semble pas supporter les ruptures sentimentales.

Quelques semaines avant les faits, il s’était entaillé le torse. L’expert note un trouble de l’attachement remontant à l’enfance, ainsi qu’une dépendance majeure à l’alcool banalisée, mais pas de trouble pyromaniaque. «Le feu a été le moyen d’expression de sa violence.»

Après avoir mis le feu au canapé du salon, au matelas de la chambre et à une pile de vêtements dans la salle de bains, le prévenu a quitté l’appartement en fermant la porte à clé derrière lui. «J’ai marché jusqu’au commissariat, mais je n’ai pas eu le courage de rentrer», explique le jeune homme qui s’est réfugié dans un café où il a été retrouvé par les policiers. Pendant ce temps-là, les secours arrivaient dans l’appartement du rez-de-chaussée où les foyers étaient déjà en train de s’éteindre, faute d’oxygène pour les alimenter.

Les témoins interrogés ont évoqué de nombreuses disputes de couple, rapporte un membre du service des enquêtes spéciales de la police judiciaire. La consommation d’alcool du jeune homme est à l’origine des problèmes du couple qui s’était séparé peu de temps avant les faits.

Le 25 octobre 2023, son ancienne copine avait déposé plainte pour harcèlement. «Il basculait entre menaces et supplications», précise le policier qui au fil des auditions conclut également que «le prévenu a un problème d’alcool». « On voyait dans les messages qu’il envoyait qu’il était perdu dans ses émotions.»

«Un acte de rage»

«C’était l’homme de ma vie», raconte la jeune femme qui évoque une relation «fusionnelle» jusqu’à ce qu’elle découvre ses problèmes d’alcool. «Je lui ai laissé le temps de régler son addiction. Je ne voulais pas d’un homme comme cela dans ma vie. Il me faisait des promesses, j’y ai cru. Quand nous avons emménagé ensemble, cela n’a fait qu’empirer.»

La jeune femme semble encore très affectée par cette relation. «Je l’aimais trop pour le voir souffrir comme cela. Je ne pouvais plus continuer.» Elle finit par quitter l’appartement que le couple louait. Aujourd’hui, elle réclame plus de 36 000 euros de dommages et intérêts.

Frustration, rage, tristesse… tout doit sortir. Le policier a trouvé l’appartement sens dessus dessous. «Il voulait reprendre le bail, mais le propriétaire avait refusé.» Une déception supplémentaire que Diogo n’a pas supportée.

Le tribunal cherche à comprendre si le feu aurait pu se communiquer au bâtiment et si cela faisait partie des intentions de Diogo. Un expert a indiqué que le plâtre du plafond au-dessus des foyers avait commencé à se déliter. Un voisin prétend avoir entendu Diogo menacer de mettre le feu à l’appartement lors d’une dispute. «Mettre le feu à l’appartement ne m’est jamais passé par la tête avant les faits», annonce le prévenu. «C’était un acte de rage. Je voulais faire comme avec un verre sur une bougie.» «Vous avez pris le risque que cela se termine autrement», lui lance le juge. «Vous n’êtes pas expert en incendie.»

Le parquet est d’avis que le prévenu «n’a pas voulu contenir le feu». «Il a allumé trois foyers indépendants pour repartir l’incendie dans l’appartement. Cela laisse peu de doutes sur ses intentions. Il voulait détruire l’appartement. Les objets enflammés pouvaient communiquer le feu au bâtiment.» «Le crime est consommé», selon une jurisprudence.

Le magistrat retient l’incendie criminel, mais concède des circonstances atténuantes à Diogo. Notamment sa détresse émotionnelle. Ce type de crime est normalement puni d’une peine de réclusion criminelle de 15 à 20 ans. Le magistrat a requis une peine de 10 ans de prison avec un sursis probatoire partiel avec obligation de traitement.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .