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Immobilier : peut-on encore acheter à la frontière sans un salaire luxembourgeois ?


Sur le marché de l’immobilier, il y a des opportunités à saisir dans l’ancien à rénover, assurent les professionnels de l’immobilier. (Photo : Alexandre Marchi)

Après deux années difficiles, le marché de l’immobilier repart timidement. Près du Luxembourg, les prix élevés restreignent le nombre d’acquéreurs potentiels et figent le volume des transactions. Un deuxième marché s’est ouvert en parallèle, celui de l’ancien à rénover. Là, les opportunités existent.

Dans l’immobilier aussi, le «quoi qu’il en coûte» a fait son temps. Révolue, l’époque où les biens se vendaient comme des petits pains.

Terminé ce temps où, galvanisés par des taux d’emprunt au ras des pâquerettes, les acquéreurs n’hésitaient pas à se saigner pour battre la concurrence. Quitte parfois à renchérir au-dessus du prix de vente.

«Au-dessus de 500 000 euros, le marché est bloqué»

«On est revenus à une certaine normalité, avec des taux autour de 3,5 % », estime Frank Job, président de la FNAIM Moselle. Les banques accordent moins d’emprunts.

Pour s’adapter à la demande restreinte, les vendeurs doivent baisser leur prix. «Ils ont parfois du mal à s’ajuster. Tout ne se vend plus à n’importe quel prix», note encore le professionnel de l’immobilier.

Une réalité qui prévaut près de la frontière, dans le Pays-Haut mosellan. Bien que le marché reste tendu dans des secteurs comme Audun-le-Tiche, Ottange, Villerupt ou Rédange, il est moins vigoureux qu’avant.

«Au-dessus de 300 000 euros, ça devient compliqué. À partir de 500 000 ou 600 000 euros, le marché est bloqué. Ces types de biens sont préemptés par une clientèle luxembourgoise ou portugaise, avec un fort pouvoir d’achat. Le problème, c’est que pour acheter, ils doivent d’abord vendre leur résidence au Luxembourg. Or, au Grand-Duché, le marché est en crise. Les biens à plus d’un million d’euros ne se vendent plus», explique Christophe Borbiconi, directeur de l’agence immobilière du même nom, à Ottange.

Dans ce contexte, à quoi peuvent prétendre ceux qui n’ont pas un compte en banque très garni ? Y a-t-il encore des opportunités à saisir ?

«Une maison vendue 110 000 euros à Rédange»

Pour l’ancien footballeur, la réponse est oui. Mais il faut regarder du côté de l’ancien et dans les cités minières. «Un nouveau marché s’est ouvert. Un marché antisocial, à mon sens, qui profite surtout aux marchands de biens qui surfent sur les nouvelles réglementations énergétiques pour s’en emparer.»

Les biens dont le DPE est classé G ne pourront plus être mis en location au 1ᵉʳ janvier 2025. Pour leurs propriétaires, vendre est souvent la seule option envisageable. «Sur ces maisons, de grosses négociations sont possibles. Récemment, j’ai vendu une maison à 270 000 euros alors qu’elle était vendue 320 000 euros. À Rédange, une autre a été cédée 110 000 euros, dans un secteur prisé. Une autre est partie à 280 000 euros alors qu’elle était vendue 360 000 euros», rapporte Christophe Borbiconi.

Frank Job ne dit pas autre chose : «Il y a de réelles opportunités à saisir sur des biens énergivores ou avec travaux. Avant, ça ne se vendait pas. Aujourd’hui, faire de bonnes affaires est tout à fait possible.»

Acheter dans le neuf : «Ça reste difficile»

Si la Moselle-nord gagne des habitants, c’est avant tout grâce à la dynamique observée dans le Pays-Haut. Portée par un solde migratoire positif, la démographie s’envole le long de la frontière. Les prévisions pour le Val d’Alzette sont optimistes avec une population qui pourrait doubler d’ici 2040.

C’est dans cette optique que de nombreux programmes immobiliers ont émergé ces dernières années, impulsés notamment par l’EPA (Établissement public d’aménagement) Alzette-Belval. Partout sur le territoire, de nouveaux lotissements sortent de terre. Faut-il se laisser convaincre en tant qu’acquéreur ?

«Il faut se renseigner sur la solidité du promoteur et du constructeur», prévient Christophe Borbiconi. «Ces programmes se vendent difficilement, c’est un marché compliqué» car très cher. «Il faut travailler avec des entreprises qui ont pignon sur rue, renchérit Frank Job. Mais sans avantages fiscaux, ça reste difficile d’y accéder.»

Damien Golini
(Le Républicain Lorrain)