Selon les dernières statistiques publiées, qui se basent sur une période allant jusqu’à fin 2019, les prix des logements ont augmenté de 11% en un an au Grand-Duché. Quant au contexte actuel, il y a beaucoup d’incertitudes et il est trop tôt pour connaître les effets de la crise.
Avant la crise sanitaire du Covid-19, les prix de l’immobilier ont poursuivi leurs flambées. En un an, les prix des appartements anciens ont pris 12,1% et 12,4% pour les appartements neufs. Du côté des maisons anciennes, les prix ont augmenté de 9,1% en moyenne entre le quatrième trimestre 2018 et le quatrième trimestre 2019.
Selon les derniers chiffres de l’Observatoire de l’Habitat publiés en début de mois, au 31 décembre dernier, il fallait débourser en moyenne 6.057 euros pour un mètre carré d’un appartement existant et en moyenne 7.145 euros pour un mètre carré d’un appartement en construction au Luxembourg.
L’Observatoire de l’Habitat, dans son analyse, fait savoir qu’en moyenne, “un appartement en construction est entre 15% et 20% plus cher qu’un appartement existant d’une surface comparable”. Il faut également garder à l’esprit, et cela se voit dans les chiffres, que le prix au mètre carré diminue avec la surface. Le mètre carré d’un appartement en construction de moins de 50m2 s’affiche en moyenne à 8.640 euros alors que ce même carré dans un appartement en construction de plus de 130m2 ne coûte “que” 7.145 euros.
Autre constat, les prix diminuent en fonction de la distance avec la capitale. “La localisation est également un facteur explicatif déterminant des prix des maisons existantes. Dans le canton de Luxembourg, le prix moyen d’une maison s’élève ainsi à 1 200 000 € environ, plus du double du prix moyen d’une maison dans le nord du pays”, souligne l’Observatoire de l’Habitat dans son document d’avril.
Les prix de vente des logements ont fortement augmenté au Luxembourg depuis le début de l’année 2010 (qui correspondait à la reprise d’une activité soutenue sur le marché immobilier résidentiel après la crise économique et financière des années 2008 et 2009) et jusqu’à la fin de l’année 2019 : +5,7% en moyenne annuelle selon l’indice des prix des logements fourni par le Statec.
Un confinement qui change la donne
Avec la crise sanitaire, le secteur immobilier luxembourgeois est quasiment à l’arrêt. “Nous gardons le contact avec nos clients. Ils continuent leurs recherches ou bien les mettent entre parenthèses le temps que cela se calme”, confie un agent immobilier de la capitale qui reste optimiste : “Après la crise de 2008, le marché a mis du temps à retrouver un très bon rythme de croissance. Sur les deux, trois dernières années, les appartements ont poussé comme des champignons. Avec le coronavirus, il faudra être attentif aux effets de la crise sur l’emploi et les salaires. Car tant qu’il y aura de l’emploi et des salaires, il y aura des personnes pour régler un loyer ou un crédit immobilier. Par contre, si le chômage augmente massivement et que le pays est moins attractif, les prix vont chuter”. Il est encore trop tôt pour connaître les effets de la crise sur l’immobilier.
Par contre, certains sont en train de revoir les critères de recherche, comme le lieu et l’espace. “J’ai quelques clients, surtout des expatriés, qui réfléchissent à changer leur projet immobilier. Avant, ils voulaient habiter en ville, dans un appartement sans forcément un jardin, les critères principaux étant la mobilité, la ville, les sorties, les écoles, etc. Maintenant avec le confinement, être bloqué dans un appartement au Kirchberg ou à Gasperich semble inquiéter. J’ai donc quelques clients qui sont en train de réfléchir, s’il est préférable d’acheter plus petit avec un jardin mais plus loin, ou un appartement en ville. Étrangement, la campagne luxembourgeoise, disons à 15-20 kilomètres de la Ville, voire même la région d’Esch-sur-Alzette, semble remonter dans les critères. Mais encore fois, il y a beaucoup d’incertitudes. Un projet immobilier, c’est souvent un projet unique, un projet de vie et avec la crise, beaucoup préfèrent attendre encore quelques mois avant de signer. Et c’est bien normal”, termine l’agent immobilier fort d’une dizaine d’années d’expérience.
Surpeuplement et sous-peuplement
En période de confinement, l’espace habitable devient une réelle préoccupation, ou du moins un avantage non négligeable pour mieux supporter la privation de liberté imposée par le covid-19. Cette crise montre également les inégalités entre ceux qui vivent à plusieurs dans un appartement et ceux vivant isolés dans une grande maisons.
Le Luxembourg comptait, début mars, 244 230 logements. Si la surface habitable moyenne des logements s’élève à 130m2, il est à noter qu’environ 7% des résidents, soit un peu moins de 44 000 personnes, vivent dans un logement surpeuplé. Si 70% des résidents sont propriétaires, en 2016, 20,2% des ménages locataires étaient en situation de surpeuplement contre 2% pour les propriétaires.
D’un autre côté, selon les chiffres du Liser, toujours en 2016, 76,9% des personnes de 65 ans et plus vivaient dans un logement en sous-peuplement, donc plus grand que leurs besoins, du fait, en partie, par le départ des enfants du domicile parental, laissant un logement sous-occupé.
A noter enfin que la surface moyenne du logement varie fortement selon les communes. Elle varie entre 95m2 à Esch-sur-Alzette et 193m2 à Niederanven. Les logements situés au centre et centre-sud du Luxembourg connaissent, en moyenne, les surfaces les plus grandes au Luxembourg. La partie nord du pays, ainsi que l’espace s’étendant entre la Ville de Luxembourg et l’ancien bassin minier se caractérisent par contre par des logements de taille plus petite.