Accueil | A la Une | Ils vivent sur la frontière France – Luxembourg : « À 10 mètres près, le prix de la maison triplait »

Ils vivent sur la frontière France – Luxembourg : « À 10 mètres près, le prix de la maison triplait »


Dans ce lotissement, Français et Luxembourgeois se font face. Une impasse est même à cheval sur les deux pays. (Photo : Damien Golini)

Dans le Pays-Haut, la commune d’Ottange, en France, et celle de Rumelange, au Luxembourg, sont contiguës. D’une maison à l’autre, on change de pays en un saut de puce. Dans certains quartiers, cette cohabitation forcée est tolérée, et elle fait parfois même des heureux.

C’est une courte impasse, bordée d’un côté par de hauts buissons et de l’autre, par un jardin. À mi-chemin, le revêtement de la chaussée passe du gris clair au foncé. C’est ici, sur cette bande de bitume sombre, que passe la frontière. Le fond du cul-de-sac est français. L’entrée est luxembourgeoise.

La maison en France, le jardin au Luxembourg

Comme de nombreuses communes sous ces latitudes, Ottange a été construite plus ou moins sur la frontière. Comme tracée à la règle, cette dernière s’exonère des emprises foncières, des propriétés, de la topographie et des voies de circulation. Dans ce même lotissement, résidents français et luxembourgeois pourraient presque se tenir la main sans habiter le même pays.

Quentin est Luxembourgois. Il vit pourtant en France, avec ses grands-parents. Ces derniers ont acheté une maison juchée sur la frontière il y a quatre ans. La boîte aux lettres est en France mais l’atelier, au fond du jardin, est au Grand-Duché.

« La maison est introuvable sur Google Maps. Et parfois, les colis n’arrivent pas à bon port », plaisante-t-il. Malgré ces légers désagréments, le trentenaire ne trouve rien à redire sur cette bizarrerie géographique. Au contraire : ses grands-parents ont acheté en connaissance de cause. « De l’autre côté du trottoir, la maison aurait coûté trois fois plus cher. C’est pour ça qu’ils ont acheté ici », souffle-t-il. Il y a d’autres avantages. Pendant le confinement par exemple. Le couvre-feu imposé par les autorités françaises n’avait pas son pendant luxembourgeois. « Il nous suffisait d’aller au bout de la rue pour être dans les clous », plaisante-t-il.

Au cœur de l’Europe

De l’autre côté du buisson, justement, nous sommes au Luxembourg. À Rumelange , précisément, dans le quartier Staeberg II. Et ici, les Français, on ne les regarde pas beaucoup. « On se côtoie sans se connaître », admet Christine, qui habite un petit pavillon. Patrick, son voisin, confirme : « On se voit dans le bus pour se rendre au travail, mais sinon… »

Ces habitants, Français et Luxembourgeois, vivent finalement l’Europe au quotidien. Ici, pas de frontière, et la cohabitation se fait tout en douceur. Quoique… Quelque peu agacée, une résidente d’une maison cossue côté luxembourgeois, rue A. Wiendelen, rétorque : « Ah ça oui, on est au cœur de l’Europe. Pourtant, la moitié de ceux qui sont de l’autre côté de la frontière ont voté RN… »

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