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Ces Luxembourgeois qui quittent X, le réseau extrémiste


Jean-Jacques Rommes, ancien directeur de l’ABBL et de l’UEL, a annoncé sur le réseau social son intention de quitter X, une plateforme très contestée. 

Chaque jour, des comptes disparaissent de la plateforme X, propriété d’un Elon Musk devenu raciste et haineux. Les partis politiques s’interrogent. Partir ou rester ? Chacun fait son choix.

Le moment est venu de quitter définitivement la plateforme, autrefois connue sous le nom de Twitter.» L’ancien directeur de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) et ancien directeur de l’UEL, Jean-Jacques Rommes, avait rejoint la plateforme Twitter en 2015. Il y a deux jours, il publiait son dernier message sur X, propriété d’Elon Musk, le milliardaire qui tente d’accroître son influence en Europe.

«Je ne soutiendrai pas un système qui a adopté des comportements et mené des politiques qui mettent ouvertement en danger la démocratie et la société dans son ensemble», ajoute l’ancien leader du patronat. Il accuse les réseaux sociaux et X en particulier d’être devenus «des terrains propices à la désinformation, à la manipulation» avec «des algorithmes qui amplifient les contenus préjudiciables».

Jean-Jacques Rommes appelle les partis politiques, les gouvernements et la Commission européenne à agir en soumettant les plateformes «sous menace de fermeture » à une vérification d’identité obligatoire selon les normes utilisées dans les milieux bancaires. «Les plateformes de médias sociaux doivent s’assurer que chaque utilisateur ayant plusieurs abonnés et une personne réelle est identifiable, réduisant ainsi considérablement la propagation des faux comptes et la propagande pilotée par des robots», explique-t-il.

Il estime que la Commission européenne a «une opportunité unique» de faire œuvre de pionnier dans ce domaine.

«Alors que la démocratie est menacée à la fois par les monopoles des entreprises américaines et par les campagnes de désinformation russes, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Chaque décision individuelle de quitter ces plateformes est un petit pas, mais significatif, dans le rejet d’un système fondamentalement défectueux», conclut-il.

Il y a quelques jours, le député Franz Fayot s’en prenait aussi à Elon Musk, critiquant vertement son ingérence dans les démocraties européennes. Le propriétaire de la plateforme, bras droit de Donald Trump, vantait les mérites de l’AfD, parti d’extrême droite en Allemagne, seul capable, selon lui, de sauver le pays. Au passage, il injuriait copieusement le chancelier Olaf Scholz.

«On est d’accord sur la problématique», admet la présidente du LSAP, Francine Closener. «Tout doucement, certains députés quittent la plateforme», remarque-t-elle. «Une discussion est en cours au sein du parti pour savoir si le LSAP devait aussi se retirer», poursuit-elle. Pour le reste, elle défend la réponse européenne pour résoudre ce vaste problème.

Il y a bien les règles du «Digital Services Act» (DSA)  qui sont applicables, «mais tout le monde s’en moque», observe amèrement Francine Closener. À commencer par Elon Musk. Pourtant, les grandes plateformes comptant plus de 45 millions d’utilisateurs en Europe sont soumises à des règles plus strictes, telles que la réalisation d’audits indépendants et d’évaluations des risques une fois par an.

Le réseau de Musk a été mis en cause formellement en juillet dernier pour trois infractions présumées : tromperie des utilisateurs avec les coches bleues censées certifier les sources d’informations, transparence insuffisante autour des publicités, non-respect de l’obligation d’accès aux données de la plateforme par des chercheurs agréés. Pour chacune d’elles, et faute de mise en conformité, la Commission pourrait infliger à Elon Musk une amende allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial annuel de l’ensemble des entreprises qu’il contrôle, soit plusieurs milliards d’euros.

«Chercher le dialogue»

Greenpeace Luxembourg a quitté le réseau X le mois dernier, où l’organisation comptait 2 500 abonnés. Son directeur, Xavier Turquin, directeur de Greenpeace Luxembourg, évoquait un niveau de «toxicité» insupportable. «Absence de modération, réintégration de comptes controversés, propagation de désinformation et de discours de haine, un algorithme favorisant des contenus extrémistes, des harcèlements…», résumait-il.

Chez déi gréng, on se pose aussi la question, partir ou rester. «Nous ne sommes plus à l’aise sur ce réseau entre les mains de Musk, mais il faut chercher le dialogue avec tout le monde, y compris ceux qui sont sur ces réseaux», avance François Benoy, le coprésident du parti.

Le libéral Charles Goerens, eurodéputé Renew, reconnaît que les Européens sont «les premiers et pratiquement les seuls à essayer de faire un peu le ménage sur les plateformes pour faire en sorte que les propriétaires des plateformes exercent ou assument une responsabilité similaire à certains éditeurs».

«Je voudrais aussi que Musk soit responsable pour ce qui est publié sur sa plateforme. C’est ça le Digital Services Act!», conclut-il.

Un commentaire

  1. Charles Thibo

    Excellente initiative, qu’on ne peut que recommander. X aka Twitter est devenu une arme politique contre les démocraties et l’état de droit, un outil d’oppression et de harcèlement aux mains d’un homme très riche sans mandat politique quelconque. Il faudrait interdire X en Europe comme on a interdit les médias russes diffusant de la propagande et de la désinformation.