Samuel a tenté d’inscrire Moussa, son prétendu cousin, à la commune de Luxembourg en se faisant passer pour lui. Problème, les documents remis au Bierger-Center étaient des faux.
«Je pensais juste rendre service à mon cousin», a juré Samuel hier matin devant la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le 20 mai 2021, le jeune homme aujourd’hui âgé de 28 ans s’est présenté au Bierger-Center de la Ville de Luxembourg avec un faux contrat de travail et une fausse carte d’identité. Il s’est ainsi fait passer pour son présumé cousin dans le but de l’inscrire en tant que résident de la capitale, a-t-il expliqué à la barre. En février dernier, le tribunal l’avait condamné par défaut à 18 mois de prison ainsi qu’à une amende de 1 500 euros pour faux et usage de faux. Il avait été acquitté des délits d’acquisition et de fabrication des faux papiers.
Le jeune homme, en aveux, et son avocat, Me Stroesser, contestent la durée de la peine prononcée et ont fait opposition au jugement. Un certain Fernando, «une connaissance» du prévenu, aurait réalisé le faux contrat de travail à sa demande et le lui aurait transmis par e-mail. Le contrat aurait ensuite été envoyé à Moussa, le prétendu cousin, pour signature. «Mon cousin était en situation irrégulière en France. Je voulais qu’il ait une résidence au Luxembourg pour lui permettre de chercher du travail», a poursuivi Samuel, qui s’est présenté à la commune en prétendant être Moussa. Ce qui lui vaut également d’être poursuivi pour port public de faux nom.
«Je voulais juste l’aider à avoir une vie meilleure. Je n’avais pas conscience que je faisais quelque chose de grave. Pour moi, ce n’était pas comme tuer ou voler…», continue d’expliquer le prévenu. La présidente de la chambre correctionnelle a pourtant du mal à croire qu’il ait uniquement voulu jouer les bons samaritains. «D’autres personnes font ce genre de démarches contre de l’argent», fait-elle remarquer. «Après ce que vous avez raconté à la police, on pourrait croire que vous faites partie d’un réseau.» «J’ai pris peur à ce moment-là. Je n’ai pas voulu donner mon identité et j’ai inventé des histoires», s’est justifié le prévenu.
«Il a voulu rendre service»
Hier matin, il a soutenu avoir confié la bonne version des faits aux juges. Il n’a tiré aucun profit de son acte et aurait été naïf. Un homme d’origine marocaine, qu’il ne connaissait pas, lui aurait remis le faux contrat signé et la fausse carte d’identité achetée par son cousin dans le quartier de la gare. Une deuxième fausse carte d’identité a été trouvée à terre par un employé communal au Bierger-Center. La photographie d’un jeune homme lui ressemblant y figure, lui indique la juge. «Je ne sais pas de quoi il s’agit», avance Samuel. Puis, après avoir examiné une photocopie du document, il conclut : «ce n’est pas moi».
Rien ne permet en effet d’affirmer que le jeune homme était bien en possession de cette deuxième fausse carte d’identité le 20 mai 2021 quand il s’est présenté à la mairie. Rien ne prouve non plus qu’il ait pu fabriquer les deux cartes lui-même, a relevé la représentante du parquet. Cependant, il doit être condamné pour s’être servi de la fausse carte d’identité au nom de son cousin présumé et du faux contrat de travail. Si, comme il le prétend, il n’en est pas l’auteur, il en serait toutefois le co-auteur puisqu’il a dû fournir les informations nécessaires à leur réalisation. Au vu de tous ces éléments, la magistrate a requis la confirmation du premier jugement.
Me Stroesser, l’avocat de Samuel, a affirmé que «la gravité de l’acte n’avait pas sauté aux yeux» de son client, qui «a voulu rendre service». Comme annoncé en début d’audience, il a contesté la durée de la peine requise et demandé au tribunal de ne pas condamner Samuel à une peine excédant les six mois de prison ainsi que de lui accorder le sursis probatoire. Le jeune homme a un travail, une famille et n’a plus commis d’infraction depuis cette tentative ratée.
Le prononcé est fixé au 14 novembre prochain.