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Il roule sur un pied et est acquitté : la victime fait appel du jugement


Les versions d’un même fait s’affrontent. Le parquet qui a fait appel d’une décision penche pour celle en faveur de la victime. (Photo : archives lq)

Un combat de témoignages s’est engagé entre les deux parties. L’un est providentiel et l’autre n’a pas bien pu voir ce qui s’est passé. Le parquet choisit de suivre la victime.

Mélanie a été renversée sur un passage pour piétons. La voiture d’André lui est passée sur le pied. Les juges de paix d’Esch-sur-Alzette ont acquitté l’automobiliste, arguant qu’un doute subsistait quant à sa responsabilité dans cet accident. Le parquet et la partie civile ont fait appel de cette décision. Pourtant, pour la défense, «la seule version qui tient la route» est celle de son client et il doit à nouveau être acquitté.

Un témoin neutre et la victime présumée racontent la même version des faits : Mélanie s’est arrêtée devant le passage pour piétons, a regardé si la voie était libre avant de s’engager une fois que le témoin avait arrêté son véhicule pour la laisser traverser. La voiture d’André serait arrivée et ne se serait pas arrêtée. Elle aurait freiné au dernier moment, percutant Mélanie. Le gros orteil de la jeune femme est brisé et elle a souffert de microarrachements du pied.

Le juge de première instance a préféré donner foi aux témoignages du prévenu, de son épouse et d’une amie du couple qui passait par là. «Un témoin providentiel», lance l’avocat de la victime présumée. André a dit que la victime présumée «s’est jetée sur la voiture» qui arrivait doucement. À du 30 km/h. «L’épouse a tout intérêt de confirmer la version de son mari», commente l’avocat. «L’amie du couple est la seule à avoir entendu un coup de klaxon. Il fallait bien qu’elle dise cela pour expliquer pourquoi son attention a été portée vers le passage pour piétons.»

«Il n’est pas un fou du volant»

La représentante du ministère public a rejoint l’avocat de la partie civile. André n’a pas, selon elle, respecté les dispositions du code de la route, contrairement au témoin. Le code de la route stipule que les conducteurs ne doivent «s’approcher qu’à une vitesse modérée des passages pour piétons» et «doivent s’arrêter lorsqu’un piéton ou un cycliste marque son intention de s’engager sur le passage ou qu’il y est engagé». La magistrate a demandé la réformation du jugement et requis «la même condamnation qu’à l’époque» pour coups et blessures à l’encontre du prévenu. Soit une amende appropriée et une interdiction de conduire de 6 mois. Elle ne s’est pas opposée à un sursis.

«Mon client a 63 ans. Il n’est pas un fou du volant», défend l’avocat du prévenu. Au moment de l’impact, André aurait vu une tête avec des écouteurs et une main avec un smartphone frapper son pare-brise. Une trace de la deuxième main a également été constatée par la police sur le capot de sa voiture. Selon l’avocat, face à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi, son client était déjà engagé sur le passage pour piétons quand Mélanie a traversé sans regarder. «Ces constatations ne vont pas dans la direction qu’on veut vous vendre», estime-t-il. «Elles corroborent la version d’André.»

Il a plaidé l’acquittement en sa faveur, a demandé que la faute de la victime soit prise en compte et a contesté la partie civile. La victime présumée a demandé 20 000 euros de dommages et intérêts. L’avocat de la défense a demandé que lui soit alloué «1 000 euros à tout casser».

Saoul et insultant

Giuseppe a «fait un faux pas». «Un de plus!», constate le juge. «Vous avez déjà fait deux faux pas avant. Vous vous êtes déjà retrouvé à deux reprises face aux juges pour le même genre de faits en 2014 et 2020.» Le 7 mai 2022, le quadragénaire est arrêté par la police sur sa nouvelle moto. Il a un taux d’alcoolémie de 2,56 grammes d’alcool par litre de sang et a insulté un des policiers. «Tu as une sale gueule, je te pisse dessus», aurait-il lancé. Ce qui aggrave sa situation.

La représentante du parquet a relevé «le taux d’alcoolémie important», le casier judiciaire spécifique et regretté qu’il n’ait pas suivi de traitement pour soigner son problème d’alcool. Elle a requis une peine de 6 mois de prison, 25 mois d’interdiction de conduire, une amende et la confiscation de la moto à son encontre. Son avocat a demandé au tribunal de le condamner, le cas échéant, à la peine de prison la plus basse, soit 8 jours et à lui permettre d’utiliser un véhicule pour se rendre à son emploi.

Les prononcés sont fixés au 22 juin.