Le gouvernement CSV-DP confirme la position de l’exécutif précédent : le Luxembourg ne compte pas introduire de taxe sur le sucre. L’accent est mis sur la prévention, notamment dans les lycées.
La stratégie a changé dans les cantines et cafétérias scolaires gérées par Restopolis, mais l’objectif reste le même : réduire la consommation de boissons sucrées. Pendant plusieurs années, les sodas étaient tout simplement bannis, sans produire l’effet escompté. «Au lieu que les élèves choisissent de boire de l’eau, ils sont partis se procurer de tels soft drinks en dehors des lycées», renseignent les ministres de l’Éducation nationale et de la Santé dans leur réponse commune à une question parlementaire du député Sven Clement (Parti pirate). Cette pratique aurait en outre augmenté de manière considérable les déchets à gérer par les établissements scolaires.
Désormais, la vente dans les restaurants scolaires de boissons sucrées est à nouveau autorisée. L’accent est mis sur la sensibilisation et l’information. «Par le biais de la campagne de sensibilisation « Rethink your drink« , qui prévoit l’exposition de bouteilles de soda vides avec leur équivalant de morceaux de sucre, l’élève est informé de tous les risques liés à la consommation de soft drinks, mais il garde le choix s’il commande une telle boisson ou se décide pour une carafe d’eau», développent les ministres Claude Meisch et Martine Deprez. Une autre mesure est que les boissons sucrées sont moins visibles dans les rayons.
Il est en outre souligné que les écoles fondamentales ne vendent pas de boissons aux élèves.
La question du député pirate se trouve en lien direct avec les problèmes de santé que peut provoquer une consommation exagérée de sucre. Il s’agit de pathologies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le surpoids, le diabète de type 2, d’hypertension artérielle ou carie dentaire. «De nombreuses études montrent que, quel que soit l’âge, 80 % des maladies cardiovasculaires pourraient être évitées ou retardées grâce à un mode de vie plus sain», rappelait dès 2017 le gouvernement de l’époque. «Il est clairement prouvé qu’une consommation excessive de sucre est l’un des principaux facteurs de risque de ces maladies», ajoutait alors la ministre de la Santé Lydia Mutsch.
«Pas le seul facteur» à prendre en compte
Sven Clement s’interrogeait notamment sur le lien entre consommation excessive de sucre et les risques de développer un diabète de type 2. «Le lien ne peut pas être fait tel quel, car la consommation de sucre n’est pas le seul facteur qui peut provoquer une maladie», répond la ministre de la Santé, en précisant que le sucre peut aussi avoir aucun lien avec une maladie. «Au-delà de la consommation de sucre sont à prendre en considération d’autres facteurs, comme une alimentation saine, l’activité physique et de manière générale un mode de vie sain», complète Martine Deprez.
Partant de toutes ces réflexions, le gouvernement CSV-DP, en place depuis novembre dernier, ne compte pas se montrer plus répressif que ne l’a été la coalition précédente, formée par le DP, le LSAP et déi gréng. En 2017, l’exécutif tricolore affirmait qu’«une taxe isolée n’apporte pas de réponse satisfaisante aux nombreux problèmes et défis qui se posent dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention notamment les maladies chroniques».
Et, aussi à l’avenir, le Luxembourg ne compte pas se joindre à la dizaine de pays européens qui ont introduit une taxe sur les boissons sucrées, voire une taxe plus généralisée sur le sucre (lire ci-dessous). «Il n’est pas prévu d’introduire une telle taxe», souligne la ministre de la Santé, appuyée par le ministre des Finances, Gilles Roth.
Comme dans le cas des restaurants scolaires, le travail de prévention et d’information est privilégié.
L’OMS estime que cette
taxe est «sous-utilisée»
«La taxation est une politique rentable susceptible d’améliorer la santé au niveau national. En imposant des taxes sur les boissons sucrées, les pays peuvent réduire les niveaux de consommation de ces boissons et diminuer les risques associés de surpoids et d’obésité, de diabète et d’autres maladies qui y sont liées», déclarait en mars 2022 le Dr Kremlin Wickramasinghe, chef par intérim du bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prévention. Il commentait un rapport sur les taxes sur les boissons sucrées dans la Région européenne de l’OMS.
La taxe serait «sous-utilisée» en Europe, constatait encore le rapport. Seuls 19 % des pays de la Région appliquait cette mesure : Belgique, Finlande, France, Hongrie, Irlande, Lettonie, Monaco, Norvège, Portugal et Royaume-Uni.