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Il fait la chasse à un homme dans le centre de Dudelange avec sa voiture


Le prévenu a coursé Daniel à contresens sur l’avenue Grande-Duchesse-Charlotte à Dudelange. 

Les témoins n’ont pas vu le prévenu foncer en voiture sur Daniel. Il a pourtant été renvoyé devant une chambre criminelle pour tentative de meurtre. C’est à ne plus rien comprendre.

Un jeune homme de 26 ans comparaît en cette fin de semaine dans le cadre de deux affaires. Une affaire criminelle et une affaire correctionnelle. La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a choisi de commencer par l’affaire criminelle hier et de traiter la deuxième affaire ce matin. Le 28 août 2023, en début d’après-midi, il aurait renversé Daniel en voiture dans l’avenue Grande-Duchesse-Charlotte à Dudelange.

Le conditionnel est plus que jamais de rigueur. La victime présumée et les deux principaux témoins ont contredit hier les résultats de l’enquête, pourtant en grande partie basée sur leurs constatations et témoignages le jour des faits. Le témoin principal affirme avoir assisté à toute la scène et n’a au final rien vu. Daniel, actuellement détenu à Schrassig, a reconnu avoir exagéré et avoir une mauvaise mémoire au point de ne retenir «les choses plus longtemps que cinq jours». Le jeune homme de 26 ans est notamment accusé de tentative de meurtre.

«Le prévenu a fait plusieurs allers-retours à 60, 70 kilomètres à l’heure. Il n’a renversé personne», affirme un témoin qui fumait une cigarette devant un café. Même son de cloche de la part d’une serveuse. «Les policiers ont tout inventé alors?», demande le juge avant de leur lire à eux aussi leur déposition pour leur rafraîchir la mémoire. Les policiers en question qui assistent à l’audience, paraissent pantois.

Chaque nouveau témoignage apporte de la confusion à la confusion. S’ajoute la configuration de cette partie de l’avenue, difficilement lisible, donnant lieu à des interprétations divergentes des faits. Ce qui profite naturellement à l’accusé renvoyé face à la chambre criminelle pour une affaire qui paraît se dégonfler.

«Ce n’était pas grave»

«Je voulais lui faire peur», affirme quant à lui le prévenu qui ne connaissait pas sa victime présumée mais s’est senti menacé par elle. À plusieurs reprises, Daniel l’aurait menacé, insulté ou attaqué. Le jour des faits, il a eu l’impression que Daniel courait dans la direction de sa voiture.

Le prévenu, atteint d’une schizophrénie résiduelle, aurait «vu noir» en raison d’une paranoïa induite par sa maladie. «Il m’a dit ne pas avoir été guidé par des voix. Il ne les a pas mises en avant pour se disculper», a indiqué un expert psychiatre qui a conclu à une altération des capacités de jugement et de contrôle du jeune homme. «S’il avait pris son traitement, il ne serait pas ici aujourd’hui.»

Le prévenu s’y serait repris plusieurs fois pour toucher Daniel avec lequel il aurait eu une altercation quelques jours plus tôt. Selon les témoins et le prévenu lui-même, il circulait plus vite que la vitesse autorisée et à contresens. «Il a fait demi-tour dans la zone mixte pour revenir sur lui», a indiqué un policier. Deux ou trois fois.

«Je remontais l’avenue à pied. Je ne connaissais pas Mirza, je le croisais tous les jours à la même heure à la gare. J’étais sous surveillance policière à l’époque. J’ai cru qu’il était policier et je l’avais abordé quelques jours auparavant», a expliqué Daniel. «Il a freiné à un mètre de moi, comme pour me faire peur.» «Vous avez dit aux policiers que vous vouliez qu’il aille en prison parce qu’il était déterminé à vous tuer», lui rappelle le président. Daniel conteste. «Je voulais juste quitter le commissariat. Ils m’ont forcé à les suivre puis à aller à l’hôpital et ensuite à retourner au commissariat.» «Vous avez signé votre déposition», lui indique le juge. – «Je voulais lui faire peur.»

Les deux hommes ont du mal à se comprendre. «Le dossier démontre que vous avez été blessé à la jambe et les policiers ont constaté des traces d’impact sur la voiture», lui lance le juge. Daniel dit avoir esquivé la voiture une première fois avant de sauter sur un banc la fois suivante. «Ce que vous nous racontez aujourd’hui ne correspond pas à ce que vous avez témoigné à l’époque», a constaté le président.

La victime présumée apparaît confuse. «Il m’a touché à l’arrière de la jambe gauche et j’ai presque volé par-dessus le capot», selon le procureur qui lit à haute voix sa déposition. Daniel met le contenu de ses dépositions sur la colère qu’il a ressentie après les faits et reconnait : «J’ai peut-être un peu exagéré sur le moment. Pour moi, ce n’était pas grave.»

La suite ce matin.