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Il étourdit sa victime avec un câble de sèche-cheveux avant de la tuer


La victime est décédée des suites d’une tamponnade cardiaque, selon un médecin légiste.

La coupe était pleine. Ne supportant plus ses réflexions désobligeantes sur sa maman décédée, Jeff a poignardé son amie après l’avoir étourdie à l’aide du câble d’un sèche-cheveux.

Le 13 mai 2023, Jeff, 34 ans à l’époque, était arrêté et placé en détention préventive. Il était accusé d’avoir tué sa voisine de 63 ans la veille. Son corps sans vie avait été retrouvé à son domicile de la rue Gabriel-Lippmann à Luxembourg-Bonnevoie.

Le procès qui a débuté ce mardi matin face à la 13ᵉ chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg doit lever le voile sur les raisons qui ont poussé le jeune homme à commettre pareil acte ainsi que permettre de déterminer s’il était prémédité. Une foule d’experts judiciaires et de policiers ont été entendus.

Jeff s’est servi du câble d’un sèche-cheveux pour commettre le crime. Mais la strangulation n’est pas la cause de la mort, selon un médecin légiste qui l’attribue à une tamponnade cardiaque. Après avoir étourdi la sexagénaire, Jeff a également poignardé sa victime inconsciente avec un couteau de cuisine. Le sang s’est accumulé dans le sac péricardique, ce qui a perturbé le rythme cardiaque au point de l’abolir totalement.

Les faits ont eu lieu sur fond de consommation régulière d’un cocktail d’alcool, de stupéfiants et de toute une pharmacopée de médicaments, dont notamment des anxiolytiques. Jeff a évoqué une violente dispute qui l’a fait sortir de ses gonds.

«Il ressentait de la peine pour elle»

«Il voulait qu’elle se calme», a relaté un neuropsychiatre. «Il croyait qu’elle était morte après l’avoir étranglée et n’a probablement pas réussi à réfréner sa colère excessive.»

La victime et Jeff s’étaient rencontrés en 2005 dans le café où le jeune homme travaillait. Au fil des années, leur amitié s’est transformée. Jeff était devenu une sorte d’aidant assistant sa victime au fur et à mesure que son état de santé se détériorait en raison de son importante consommation d’alcool.

«Il vivait chez elle une semaine sur trois», a précisé le neuropsychiatre. «Il ressentait de la peine pour elle.» Et supportait ses sautes d’humeur, ses méchancetés et ses insultes à répétition concernant sa mère décédée et son homosexualité.

La nuit des faits, la victime l’aurait menacé avec un couteau dans une énième crise de rage. Il se serait saisi du sèche-cheveux pour lui intimer de se calmer avant de déraper. L’expert neuropsychiatre a exclu un acte passionnel et a soulevé l’ambivalence de la relation qu’entretenaient les deux protagonistes.

«Le prévenu cherchait à obtenir de la reconnaissance de sa part et ne l’obtenait pas. C’était limite masochiste et avec le temps, il a de moins en moins supporté la frustration occasionnée.»

«Un tas de vêtements et de couvertures»

Son entourage lui avait pourtant conseillé de prendre ses distances. Un léger retard mental, le caractère «pathologique» de la relation ainsi que l’absence de facteurs protecteurs – comme des amis, une relation amoureuse, un emploi ou des loisirs – l’en auraient empêché, selon l’expert.

Des facteurs qui ont amené ce dernier à conclure à une altération des capacités de discernement du jeune homme ainsi qu’à un acte impulsif de sa part.

Jeff serait un monsieur Tout-le-monde avec un bagage qui le rend vulnérable et des réflexes d’autoprotection qui le poussent à enterrer ses émotions ainsi qu’à accepter une certaine soumission. Un risque de récidive de sa part est très bas, selon l’expert, et son pronostic d’avenir «n’est pas négatif», si le jeune homme est pris en charge correctement sur le plan psychothérapeutique.

Son crime commis, Jeff a posé le couteau sur un meuble du salon et traîné sa victime jusque dans sa chambre avant de rentrer chez son père à l’autre bout du pays avec le sèche-cheveux. Ce dernier a prévenu la police après avoir obtenu des aveux partiels et confus de son fils.

«Il était comme en transe, complètement à côté de ses pompes», a témoigné le policier intervenu au domicile familial. En chemin, Jeff avait consommé de l’alcool et des anxiolytiques pour se calmer.

Des policiers ont immédiatement été dépêchés à Bonnevoie. «Je connaissais l’adresse pour m’y être déjà rendu à plusieurs reprises par le passé à la suite de disputes entre la victime et sa fille toxicomane», a indiqué un deuxième policier.

«Par une fenêtre donnant sur la chambre à coucher, nous avons aperçu un tas de vêtements et de couvertures au sol», s’est souvenu un autre policier. En dessous gisait la victime.

Le procès se poursuit mercredi après-midi avec notamment les conclusions d’un dernier enquêteur et l’audition de Jeff.