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Il est fou ce Jarry, il est fou !


Jarry, un humoriste vraiment atypique. (photo Claude Piscitelli)

L’humoriste français a délivré vendredi soir sur la scène de la Aalt Stathaus de Differdange, un one-man- show complètement déjanté et… atypique.

Qui pourrait prétendre d’avoir été dans sa vie : caissier chez Lidl, maître-nageur, prêtre, membre du GIGN, chef des majorettes et princesse ? A part Jarry, personne. Pendant plus d’une heure et demie, l’huluberlu a transformé la salle de spectacle de la Aalt Stathaus en salle d’attente de Pôle Emploi.

Son arrivée survoltée sur la scène avec son petit sac rose sur le dos donne déjà le ton. Jarry, complètement déchaîné danse sur un plateau devant un public déjà conquis. Une audience très joueuse et complice qu’il n’hésite pas à complimenter, à sa manière, bien sûr : « Hier soir, ils étaient tellement moches que j’ai vomi ». Celui qui se fait appeler le « numéro 49 de Pôle Emploi » n’hésite pas à titiller les spectateurs, à l’image de cette dame à laquelle il sort : « Tu peux serrer les jambes, on voit toute la vaisselle, ma chérie ». Il est comme ça Jarry, il est férocement drôle.

Doudou la princesse

Et pas seulement avec le public. Les stars françaises de l’humour ont en pris pour leur grade. C’est le cas de l’humoriste Claudia Tagbo à laquelle il a adressé une délicate gentillesse : « Mon corps, c’est même pas la moitié de ses cuisses ». L’histrion avoue à la salle qu’il a fait du babysitting : « Tous les vendredis, je gardais ma grand-mère, mais un jour ça s’est arrêté ». Les rires fusent. Et cela s’accentue lorsqu’il mime l’un de ses métiers. Jouant toujours avec la salle, Jarry propose un bisou à celui qui devine ce qu’il a fait. Le délire s’accentue lorsqu’il raconte sa première déposition. A une mère désespérée qui a perdu sa fille, il sort le jeu « Qui est-ce ? » afin d’établir son portrait-robot.

La Police n’étant pas faite pour lui, il se dirige vers une activité un peu plus sportive : le lancer et le jeter de bâton. La démonstration de majorette vaut son pesant d’or, surtout lorsqu’il passe en revue de galerie de personnages tous aussi barjots les uns que les autres. Hélas, cet univers n’est pas fait pour lui. Alors, il intègre le GIGN. Oui, le GIGN ! La démonstration d’arrestation de méchant avec la cagoule de Ben Laden est à se tordre de rire. Une fois de plus, cette expérience se solde par un échec. Il en sera de même lorsqu’il bipera les articles à la caisse du Lidl. A propos de cette expérience, Jarry a confié : « Les gens faisaient la queue pour me voir ». Il enchaîne en chantant les premières notes d’Aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau, une chanson que le public connaît encore par cœur.

« Doudou» , c’est ainsi qu’il se surnomme, finira par rentrer dans les ordres où bien évidemment, il ne restera pas longtemps. Et son expérience de maître-nageur ne sera pas non plus brillante. Mais la force est en lui ! Le seul métier qui lui va comme un gant est celui de princesse. Avec sa couronne rose et son bâton de majorette paré d’étoiles Sailor Moon, Jarry l’atypique ne fait pas que mettre le doigt sur le sujet ô combien sensible de la recherche d’emploi avec un humour décapant, il délivre un message : celui de la solidarité, de l’acceptation des autres et de soi-même, tel que l’on est, dans une société toujours plus folle.

Aude Forestier