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Il avait tué son frère pour l’héritage : la perpétuité requise en appel


au 1er janvier 2019, il y avait 521 630 046 billets de 500 euros en circulation dans le monde (illustration AFP)

En décembre 2014, Eric L. avait empoisonné son frère, placé sous curatelle, avant de mettre le feu à son appartement d’Esch-sur-Alzette. En février dernier, il avait écopé de la peine maximale : la réclusion à vie. Contre le second prévenu poursuivi pour recel de malfaiteur, le parquet général a demandé deux ans de prison et une amende de 3 000 euros.

« J’ai interjeté appel, car les premiers juges ont retenu que je n’ai pas exprimé de repentir sincère. Je regrette profondément ce que j’ai fait. Même si ce que j’ai fait n’est pas excusable. » Voilà les mots d’Eric L. (28 ans), mardi après-midi, devant la Cour d’appel. «Mais j’ai aussi fait appel à cause de la peine», a ajouté le prévenu, qui suit actuellement un traitement psychiatrique en prison.

Eric L. reconnaît avoir tué son frère dans la nuit du 19 au 20 décembre 2014. À la différence de son premier procès, il ne semble plus contester la préméditation de son acte. Mais il dit avoir agi sous l’influence d’Alessandro S., le second prévenu qui est uniquement poursuivi pour «recel de malfaiteur». Ce n’est pas le seul point sur lequel il a livré une nouvelle version. Jusqu’à présent, il déclarait avoir broyé les cachets pour le jus de mangue à la main. Mardi, il a tout à coup affirmé qu’il s’était acheté un moulin électrique. Il l’aurait acheté quelques jours auparavant pour moudre de la noix de muscade. «Avec toutes vos versions, vous devez faire attention de garder une certaine cohérence», a fini par lui faire remarquer le président.

L’avocat d’Eric L. a demandé de ne pas prononcer la perpétuité. «Ses troubles de la personnalité permettent de rester sous la peine maximale», estime Me Sam Ries. Mais pour le parquet général, il n’y a pas lieu d’accorder la moindre circonstance atténuante vu le caractère du crime. «On a rarement vu un crime aussi perfide, sournois et crapuleux», retient l’avocat général pour qui l’aveu ne constitue pas non plus une circonstance atténuante. «Il était fermement décidé à supprimer son frère par tous les moyens à sa disposition : d’abord il y a eu la tentative d’empoisonnement, ensuite l’incendie», récapitule-t-il.

«La soif insatiable de l’argent»

La victime avait plus de 500 000 euros sur son compte en banque. À la mort de sa grand-mère, elle avait touché une part d’héritage plus importante que son frère. Pour le ministère public, il n’y a pas de doute sur le mobile d’Eric L. : «Sa soif insatiable de l’argent. Il a échafaudé son plan pour s’emparer de l’héritage.» Il demande de confirmer le jugement de première instance, à savoir la réclusion à vie.

Pour le second prévenu, il ne tire pas les mêmes conclusions que les premiers juges : «À tort il a été acquitté», estime-t-il. Alessandro S. (35 ans) est poursuivi pour «recel de malfaiteur». Le 11 janvier 2015, il avait été arrêté au poste de frontière à Wasserbillig alors qu’il était en train de conduire Eric L. à l’aéroport de Francfort (D). Ce dernier prévoyait de s’envoler pour la République dominicaine… «Eric ne m’a jamais dit qu’on le cherchait. Il m’a toujours dit que son frère s’était suicidé», s’est défendu Alessandro S. mardi.

Son avocat Me Eric Says, plaidant l’acquittement, a renchéri : «À aucun moment, il n’a fourni un moyen de transport pour la fuite, car il ne savait pas ce qui se passait.» De l’avis du parquet général,il est toutefois clair qu’il aidait son ami à échapper à la justice. Il a requis deux ans de prison et une amende de 3 000 euros contre Alessandro S. qui se trouve actuellement en détention préventive pour une affaire d’abus de faiblesse. Lors du premier procès, il s’était en effet avéré que la mère d’Eric L. lui avait viré 180 000 euros…

À la fin de l’audience, le président a demandé au parquet général s’il ne comptait pas tirer des conclusions à la suite des nouvelles déclarations du principal prévenu qui accuse Alessandro S. de complicité. Après un court échange, il a finalement fait savoir qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour engager des poursuites. La Cour d’appel a donc pris l’affaire en délibéré. Elle rendra son arrêt le 12 décembre.

Fabienne Armborst