Dans le garage de son père à Strassen, tout un arsenal pour préparer des explosifs. L’étudiant en chimie se dit fasciné par les explosifs, mais élude les accusations de terrorisme.
Raciste, révisionniste, extrémiste, suprématiste, homophobe… Dangereux oui, mais pas malade. Alex, 23 ans, est-il un apprenti chimiste doué ou un grand méchant savant fou?
Le 22 février 2020, le jeune homme d’origine suédoise était arrêté à la suite d’une perquisition au domicile de son père à Strassen. Dans le garage et la buanderie, le jeune homme avait installé des laboratoires de fabrication de précurseurs d’explosifs comme le TATP utilisé dans les attentats de Paris et de Bruxelles, et des nitrations.
«La liste des produits trouvés sur place semble dédiée à la réalisation d’explosifs», a confirmé un expert venu de Paris hier, lors de la première audience de ce procès qui va occuper la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pendant les deux prochaines semaines à l’exception d’aujourd’hui.
Il s’est livré à un cours de chimie et de fabrication de bombes pour expliquer le degré de connaissances et de préparation du prévenu en la matière. Il conclut à «un montage élaboré» rarement vu dans le cadre de sa profession.
Se fournir en précurseurs pour explosifs est devenu très difficile, presque impossible, de manière légale. Ils sont donc souvent produits dans des laboratoires de fortune.
Outre les produits trouvés, les policiers ont relevé 10 000 pages de documentation qui ont pu servir de livres de cuisine au prévenu, ainsi que des vidéos postées ligne, dont une dans laquelle Alex filme la synthèse de la nitroglycérine. «C’est plutôt bien fait», commente l’expert. Il salue les savoirs d’Alex. «Il y a quelque chose, c’est indéniable. Il était en capacité de synthétiser certains produits.»
L’expert conclut que «les menaces explosives et toxiques étaient bien réelles». Les produits trouvés étaient «soit des précurseurs directs, soit des précurseurs pour réaliser des synthèses». De quoi produire au moins un kilogramme d’explosif.
Dangereux et déterminé
Alex, étudiant ingénieur chimiste à Stockholm, indique avoir été «un enfant fasciné par les feux d’artifice» au point de s’être penché sur la fabrication d’explosifs dès son plus jeune âge.
Hier, il a concédé être un passionné de chimie, pas un aspirant terroriste. D’ailleurs, les enquêteurs auraient largement, selon lui, exagéré les quantités de produits trouvés lors de la perquisition.
Il est difficilement crédible étant donné ses accointances avec un réseau terroriste international d’extrême droite – The Base, un réseau antisémite nationaliste et survivaliste blanc préparant ses membres à une guerre raciale – et ses faits d’armes.
En octobre 2019, il a bouté le feu à une ferme de visons, heureusement vide, en Suède. Il a été condamné à une peine avec sursis par un tribunal suédois. The Green Brigade, un groupe écofasciste, a revendiqué l’acte. Alex aurait également prévu un attentat contre une juge et une clinique pour femmes.
Le jeune chimiste prétend avoir été en contact avec ces groupes pour la sensation de pouvoir et de respect que leurs membres lui conféraient. «Derrière mon écran d’ordinateur, j’étais déconnecté de la réalité et je pouvais exprimer ma frustration» et «partager mon savoir et mes connaissances».
Il n’aurait jamais participé à des missions ou à des camps d’entraînement. La boîte de clous, l’arme et le chlore retrouvés lors de la perquisition n’auraient pas été destinés à des fins terroristes. Pourtant, le parquet a l’air d’être en possession d’éléments insinuant le contraire.
Une blessure narcissique le rendant particulièrement vulnérable pourrait être à l’origine de ce besoin de reconnaissance, selon des experts psychiatres qui le considèrent «potentiellement dangereux» et «déterminé».
Le jeune prévenu, à peine majeur à l’époque des faits, est notamment accusé de diverses infractions à la loi sur les armes et les munitions ainsi que contre les lois antiterroristes.
Il lui est reproché d’avoir appartenu à des groupes terroristes, d’avoir participé à la préparation d’acte terroriste ainsi que de provocation, de recrutement et d’entraînement en vue d’en commettre un. Alex sera entendu mercredi prochain à ce sujet.