Le laboratoire d’idées analyse de plus près la détérioration des indicateurs économiques qui devrait valoir au Luxembourg une légère récession de 0,1 % en 2023. Un rebond est attendu cette année.
Que ce soit l’activité proprement dite, l’octroi de crédits (-5,5 % au 3e trimestre 2023), l’emploi (taux de chômage en hausse à 5,6 %) ou encore l’inflation (3,51 % sur un an) : fin 2023, tous les indicateurs qui dopent ou plombent l’économie nationale évoluent dans le mauvais sens. Après le Statec, la fondation Idea vient donc aussi à la conclusion que, malgré l’absence des données du quatrième trimestre 2023, une récession est «inévitable».
En attendant les derniers chiffres, le Luxembourg doit s’attendre à un repli de son produit intérieur brut (PIB) de 1 %. Il est d’ores et déjà acquis que le troisième trimestre 2023 marque le quatrième trimestre consécutif où l’évolution sur un an du PIB affiche un taux négatif.
Par contre, les prévisions pour l’année 2024 – tous organismes confondus (Statec, BCE, FMI, OCDE) – tablent sur une croissance du PIB qui devrait se situer autour de 2 %. «Si cela se confirme, il s’agirait d’un excellent rebond par rapport à la moyenne de la zone euro qui s’attend à une croissance d’environ 1 % en 2024», note Idea dans son Tableau de bord économique et social publié hier.
Léger mieux pour la construction
Dans sa globalité, l’activité économique continue de se dégrader, «mais à un rythme globalement faible au cours des trois derniers mois, notamment en raison de la baisse de la demande et des conditions de financement qui se sont particulièrement durcies», note encore Idea. «L’activité décroît dans tous les grands secteurs, bien que le secteur de la construction semble témoigner d’un très léger mieux, qui pourrait s’expliquer en partie par la stabilisation du taux directeur de la BCE depuis le mois d’octobre et de la baisse des prix de vente de l’immobilier», poursuit le laboratoire d’idées dans son analyse. Par contre, les entreprises de construction subissent une baisse de la valeur ajoutée créée, avec -0,4 % au troisième trimestre, et surtout -3,6 % au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de 2023.
Les secteurs de la finance et du transport ont enregistré de plus fortes baisses, respectivement -3,4 % et -6 %, de la valeur ajoutée créée. Selon Idea, ces deux branches «expliquent la majeure partie de la contraction de la valeur ajoutée», qui est de l’ordre de -0,1 % entre les deuxième et troisième trimestres de 2023.
L’industrie et les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont, de leur côté, «affiché de bonnes performances en termes de volume», avec des hausses de valeur ajoutée de 3,2 % et 4,6 % sur un trimestre.
Coup dur aussi pour l’État
Malgré des recettes de 20,8 milliards d’euros à la fin du mois d’octobre (+1,4 milliard d’euros – ou +7,2 % – par rapport à octobre 2022), les finances de l’État central devraient se solder par un déficit non négligeable sur l’ensemble de l’année écoulée. Au 31 octobre dernier, l’Inspection générale des finances annonce un trou de 629 millions d’euros. Il s’agit d’une différence de près de 1,5 milliard d’euros par rapport au budget 2022, qui s’est soldé par un excédent de 832 millions d’euros.
Le principal «coupable» de la nette hausse des dépenses, fin octobre, de l’ordre de 21,4 milliards d’euros (+2,85 milliards d’euros – soit +15,4 % – par rapport à 2022) est le paquet de mesures anticrise ficelé par les tripartites successives de 2022 et 2023, auquel s’ajoutent les tranches indiciaires que l’État a versées à ses fonctionnaires. Le Statec mise sur un creusement du déficit à 1,7 % du PIB en 2023, suivi d’un déficit de 2,7% en 2024. Ces chiffres devraient toutefois encore varier en fonction du budget définitif pour 2024, le premier du gouvernement CSV-DP, qui doit être voté avant la fin avril à la Chambre.