La présentation du bilan du Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC) pour l’exercice 2024/2025 a permis de faire le point sur les formations liées à l’intelligence artificielle.
La Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) a dévoilé, mercredi, le bilan d’activité 2024/2025 de son centre de formation continue, le Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). Ce rendez-vous annuel donne à la CSL l’occasion de présenter ses propositions de réforme de la formation professionnelle aux décideurs politiques, partenaires sociaux et acteurs du secteur.
Réformer le cycle inférieur de l’enseignement secondaire, multiplier les stages de découverte, optimiser les interactions entre le lycée, l’apprenti et l’entreprise ou créer un statut d’apprenti handicapé… sont une partie des revendications pour la formation professionnelle des jeunes.
Mais la présentation du bilan a aussi fourni l’opportunité de répéter que la formation continue devrait être un droit pour tous les salariés. «Les patrons doivent être forcés à former tous les salariés et ces derniers doivent recevoir le temps et l’argent pour pouvoir se former eux-mêmes», a estimé Françoise Schmit, conseillère de direction à la CSL.
Pour la Chambre des salariés, les 80 jours de congé individuel de formation sur toute une carrière professionnelle (plafonnés à 20 jours sur une période de deux ans) sont loin d’être suffisants – surtout pour les salariés suivant de longs parcours, de ceux qui mènent à une reconversion professionnelle.
«Si vous suivez une licence ou un master chez nous, en formation continue, cela a un coût de 5 000 à 7 000 euros, même si on ne veut pas faire de profit», a-t-elle précisé. La CSL exige donc un renforcement du congé individuel de formation et des aides financières, mais aussi un service d’orientation personnalisé «pour accompagner les projets de montée en compétences ou de reconversion des adultes».
Se reconvertir ou s’adapter est en effet essentiel compte tenu des bouleversements climatiques, organisationnels ou encore technologiques en cours, ont insisté mercredi les représentants de la CSL.
Comme nous le rapportions, une étude de l’Implement Consulting Group publiée en juin 2024 indique que l’usage de l’intelligence artificielle modifiera profondément 72 % des emplois au Luxembourg, dans leur contenu et leurs exigences. Autrement dit, les trois quarts des salariés du pays devront acquérir de nouvelles compétences.
Et pourquoi pas une tripartite ?
Une évolution qui nécessite de nouvelles offres de formation. De fait, la demande pour ce type de contenu s’est beaucoup accrue. Claude Cardoso, conseiller de direction à la Chambre des salariés, en a bien conscience, et d’ailleurs «l’IA est déjà présente de manière transversale dans beaucoup de nos formations», a-t-il relativisé mercredi.
Pas seulement dans les secteurs de l’IT ou de la bureautique. «Si je prends, par exemple, le domaine de la gestion d’entreprise, il y a de l’IA. Dans notre bachelor en transition énergétique, il y a beaucoup d’IA. Dans le marketing et dans les ressources humaines, il y a de l’IA…», a-t-il énuméré.
Pour ce qui est des formations spécifiques à l’intelligence artificielle, la CSL propose déjà des séminaires et des sessions d’e-learning. À partir de septembre 2026, un cours du soir spécifiquement consacré à l’IA est prévu. «On l’abordera sous plusieurs angles, avec différents objectifs pédagogiques», reprend Claude Cardoso. Qu’est-ce que l’intelligence artificielle, comment ça fonctionne, quels sont les bénéfices et les dangers, détaille-t-il.
La formation aiguisera aussi l’attention «sur les sources, les informations confidentielles que l’on peut être amené à livrer à certains de ces outils» et évidemment délivrera des conseils pour bien les utiliser. Sans oublier, pour les personnels encadrants, des formations sur la manière d’implémenter l’IA dans une entreprise. Les délégués du personnel «doivent aussi y être formés afin de veiller au respect des données personnelles et éviter que l’IA ne devienne un outil de surveillance», a complété Sylvain Hoffmann, le directeur de la CSL.
Afin de mieux accompagner ces transformations, la Chambre des salariés recommande que le Luxembourg se dote d’un comité tripartite à la formation professionnelle continue, associant patronat, salariat et éducation, a encore expliqué mercredi la présidente de la CSL, Nora Back.
L’idée étant que la gestion et la définition des priorités d’un fonds paritaire à la formation professionnelle continue pourraient être confiées à ce comité. Pour l’instant, «on est loin» d’aboutir à cette proposition, regrette-t-elle, rappelant que ces deux dernières années ont surtout été consacrées au droit du travail sur la négociation des conventions collectives. Pour voir le jour, cette proposition «doit revenir dans l’objectif du gouvernement», conclut-elle.
L’année 2024/2025 du LLLC en chiffres
Au total, 12 955 personnes ont suivi l’une ou l’autre formation, des chiffres qualifiés de stables par Claude Cardoso. Elles se répartissent comme suit :
– 4 646 participants aux cours du soir,
– 1 123 participants aux séminaires,
– 985 participants aux formations pour seniors,
– 772 participants aux sessions d’e-learning,
– 3 183 participants aux formations pour délégués du personnel,
– 1 772 participants ont reçu une certification,
– 279 étudiants ont reçu une formation universitaire,
– 195 personnes ont suivi des formations spécialisées comme le DAEU, l’initiation au luxembourgeois ou le travail social et éducatif au Luxembourg.
Les nouvelles formations 2025/2026
La CSL propose désormais un master management et administration des entreprises, en anglais, en partenariat avec l’IAE Nancy de l’université de Lorraine. Autre nouveauté : un diplôme d’université (DU) en droit sur des risques psychosociaux liés à la qualité de vie et aux conditions de travail, en partenariat avec l’université Paris-Panthéon-Assas.
De nouvelles thématiques proposées en lien avec l’intelligence artificielle auront lieu en e-learning. Enfin, six cours du soir ont été mis à jour, pendant que trois autres seront créés : le professionnel en e-commerce et Professional of the financial sector and investment funds, niveaux I et II.