Il ne leur veut pas de mal, mais ses proches étaient dans sa ligne de mire à chacune de ses explosions de rage. Kevin le regrette et a entamé un travail sur lui-même et sur ses angoisses.
Kevin ne dégonde pas que les portes. Il a tendance à sortir lui-même de ses gonds aux dépens de sa famille. Ses parents et son frère veulent aujourd’hui tourner la page et passer à autre chose. «C’était une période très difficile pour notre famille, mais nous souhaitons donner une chance à notre fils et être heureux ensemble», a confié sa maman hier matin. «Il est hypersensible et réagit au quart de tour.»
Aujourd’hui, le jeune homme de 25 ans va mieux. Il a un travail qui lui plaît, un appartement, son indépendance, suit une formation professionnelle et a mis un terme à deux relations toxiques avec sa petite amie et avec le cannabis. Le sport et son activité professionnelle l’aident à se canaliser et à apaiser son esprit. «J’étais très stressé à l’époque. Comme je suis très sensible, j’ai du mal à gérer mes émotions», a expliqué le jeune homme à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Je n’avais pas l’intention de blesser quelqu’un.» La colère était son moyen d’extérioriser ses frustrations.
Les 26 août et le 3 septembre 2022 ainsi que le 8 août 2023, Kevin s’est montré particulièrement violent envers ses proches, les blessant physiquement et verbalement. Pourtant appelés à témoigner, aucun d’eux ne veut incriminer le jeune homme. «Nous l’aimons et nous ne lui souhaitons que le meilleur», a indiqué son père. «En ce moment, tout va bien. Nous le soutenons pour l’aider à aller mieux.» Son jeune frère n’a pas souhaité «remettre ces altercations sur le tapis» et sa maman ajoute que Kevin «est en train de trouver sa voie. Une condamnation serait dommage».
Suspension du prononcé
Témoigner en justice contre une personne aimée n’est pas chose aisée. Surtout quand on ne veut que son bien. La famille de Kevin n’a pas voulu se retrouver face aux juges. Dépassée par les évènements après une énième crise de rage de son fils, la mère de famille a prévenu la police en désespoir de cause davantage comme un appel au secours que pour que Kevin soit condamné. «Nous n’avons jamais eu l’intention de porter plainte contre lui», ajoute la mère de famille. Le parquet en a décidé autrement. Sa représentante a requis une peine de 12 mois de prison assortie du sursis probatoire à l’encontre du jeune homme ainsi qu’une amende.
Pour échapper à la prison, Kevin devra, si le tribunal décide de suivre le réquisitoire du parquet, se plier à une thérapie pour faire cesser ces tendances agressives et éviter de revivre de telles crises de colère. Le jeune homme est alors capable de défoncer les portes, de crier, de s’emparer de couteaux de cuisine, de se battre jusqu’au sang avec son frère, de mordre sa mère ou de repousser violemment son père. Des actes qu’il regrette et pour lesquels il a prié ses proches de le pardonner.
Son avocate a retracé le parcours d’un jeune homme que son hypersensibilité a toujours poussé à se sentir différent et rejeté. Petit à petit maintenant, Kevin avance et doit apprivoiser ce trait de sa personnalité et ses angoisses. Une peine de réclusion détruirait, selon elle, ce qu’il a construit de positif ces derniers mois. Aussi demande-t-elle au tribunal de faire l’impasse en acquittant Kevin ou en assortissant sa peine d’un sursis intégral ou d’un sursis probatoire avec obligation de soins.
Le tribunal qui a bien compris la problématique de cette famille somme toute unie derrière le prévenu, a laissé entrevoir la possibilité d’une suspension du prononcé. Kevin serait alors reconnu coupable de coups et blessures volontaires et de menaces, mais le tribunal n’entrerait pas en voie de condamnation sous réserve que le jeune homme se tienne à carreau.
Il sera fixé sur son sort le 25 avril.