«Echo-Wave», tel est le nom du premier projet de production d’hydrogène vert du pays présenté mardi. Financé par l’État et l’Union européenne, il sera construit à Kehlen pour une mise en fonction d’ici mi 2027.
L’ère de l’hydrogène vert au Grand-Duché s’est officiellement ouverte avec la présentation de sa première pierre : Echo-Wave. Derrière ce nom quelque peu énigmatique se trouve le premier projet de production luxembourgeoise d’hydrogène à base d’électricité renouvelable, d’où son appellation verte.
Présenté en détail lors d’une conférence de presse hier, le site doit voir le jour sur une prairie de la commune de Kehlen et promet d’être opérationnel pour le second semestre de 2027.
Lex Delles, ministre de l’Économie, se réjouit du lancement d’Echo-Wave qui va permettre de répondre à de nombreuses questions liées à l’hydrogène : «On a besoin d’une expertise, on a besoin de savoir comment fonctionne exactement la production et comment est-ce qu’on peut avoir une capacité minimale de production sur le territoire luxembourgeois».
Pour cause, le gouvernement a récemment intensifié ses investissements afin de produire de l’hydrogène vert. Un appel d’offres pilote avait été lancé fin 2024 à la suite duquel le ministère de l’Économie a versé, en mai dernier, une aide de 47 millions d’euros à deux projets : LuxHyVal Green Hydrogen Production (à Bascharage) et Echo-Wave.
290 tonnes par an d’hydrogène vert
Ensemble, les deux premiers sites du pays devraient permettre la production et la commercialisation d’environ 500 tonnes d’hydrogène par an. Tandis que le projet à Bascharage est encore en développement («mais on est très confiant qu’il se réalisera aussi»), Echo-Wave est, lui, déjà sur les rails.
À Kehlen, l’objectif est de produire près de 2 900 tonnes d’hydrogène vert entre 2027 et 2037 grâce aux deux entreprises luxembourgeoises qui forment le consortium à la tête du projet.
D’un côté se trouve GPSS, qui œuvre pour l’accessibilité des énergies renouvelables et qui possède déjà l’installation agrivoltaïque sur le futur terrain d’Echo-Wave à Kehlen. De l’autre se trouve Soler, une société qui exploite trois centrales hydroélectriques et 48 éoliennes.
Les deux partenaires doivent ainsi construire une éolienne d’une puissance de 4,3 mégawatts et monter la puissance de l’installation agrivoltaïque à 2 mégawatts afin d’injecter l’électricité produite dans un électrolyseur de 2,5 mégawatts, cet appareil qui décompose l’eau (H₂O) en ses composants, l’oxygène (O₂) et l’hydrogène (H₂).
«Pas d’impact sur… l’environnement»
Grâce à l’éolien et l’agrivoltaïque, «la production d’hydrogène n’aura pas d’impact sur l’environnement», loue Patrick Witte, directeur général de GPSS. L’autre atout de l’hydrogène est son stockage qui permettra d’éviter le surplus d’énergie produite sur le site.
«Le week-end, nos éoliennes sont à l’arrêt face à la baisse de demande d’électricité mais là, on pourra produire même les week-ends pour produire de l’hydrogène, le stocker et le distribuer», résume Paul Zeimet, directeur général de Soler.
Novateur, le projet d’Echo-Wave est largement motivé par la politique de décarbonation de l’industrie et des transports annoncée sur le plan national comme européen. Ce pourquoi le projet est financé par le ministère de l’Économie ainsi que par les 12,9 millions d’euros du Fonds pour l’innovation de l’Union européenne.
«Nous avons besoin de ces subventions, admet Patrick Witte, car nous sommes un petit projet, avec une capacité très limitée et donc nous avons la crainte d’avoir des prix de vente trop haut qui ne nous permettraient pas de participer au marché de l’hydrogène.»
Lancer une dynamique de production
Le coût de production l’hydrogène vert est en effet l’un des freins à sa démocratisation : «Par rapport à de l’hydrogène gris, produit à partir de carburants fossiles, le vert est cinq à huit fois plus cher».
L’élément chimique H vert coûte en moyenne 5 à 10 euros le kilo contre 1,50 ou 2 euros pour sa version grise. Les aides publiques sont donc vitales afin de soutenir ce marché qui peine encore à attirer les clients de l’industrie et de la mobilité.
«C’est toujours la question de la poule et de l’œuf», illustre Lex Delles. «Il n’y a pas beaucoup de demandes, car l’hydrogène est disponible à des tarifs que l’industrie ne peut se permettre et, de l’autre côté, le prix est encore élevé, car il n’y a pas beaucoup de demandes.»
En soutenant Echo-Wave et un prix raisonnable de vente, le gouvernement espère «lancer la production de l’hydrogène au niveau luxembourgeois», avec comme objectif à long terme «l’intégration à un marché européen».