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Hydrogène : un réseau national pour des connexions européennes


Engagé dans la production d’hydrogène renouvelable, le Grand-Duché prévoit également d’en importer. (Photo : sip)

Avec une première aide de 47 millions d’euros et une enveloppe future de 400 millions supplémentaires, le Grand-Duché déploie une stratégie ambitieuse afin de produire et importer de l’hydrogène.

Tandis que les voisins mosellans attendent avec impatience d’exploiter l’hydrogène blanc présent dans le sol de Folschviller (lire ci-dessous), les avancées du Grand-Duché en la matière sont plus silencieuses, mais pas moins concrètes. La dernière en date remonte au 26 mai dernier, lorsque le ministère de l’Économie a annoncé le versement d’une aide étatique de 47 millions d’euros à deux projets de production d’hydrogène renouvelable, sélectionnés à la suite d’un appel d’offres pilote lancé fin 2024.

Il s’agit là de la première subvention pour le marché national de l’hydrogène, pour lequel le gouvernement mise donc sur le projet d’Enovos à Bascharage («LuxHyVal Green Hydrogen Production») et celui de Energiwiss Kielen S.A.R.L. à Kehlen («Echo-Wave»). Ensemble, les deux sites devraient permettre la production et la commercialisation d’environ 500 tonnes d’hydrogène par an et doivent être mis en service dans un délai de trois ans. Au niveau de l’électrolyse, le procédé qui permet de produire de l’hydrogène, LuxHyVal et Echo-Wave auront une capacité comprise entre 2,5 MW et 5 MW.

Subventionner pour lancer le marché

En versant ces 47 millions d’euros, l’État couvre l’écart entre les coûts de production et les revenus générés par la commercialisation du produit. Il convient en effet de noter que le défi le plus important à relever pour l’hydrogène renouvelable, dit vert, est son prix. En étant produit à partir d’un courant électrique généré par des éoliennes, des panneaux solaires ou de l’eau, l’élément chimique H coûte en moyenne 5 à 10 euros le kilo. Pour sa version grise, produite à partir de combustibles fossiles polluants, le prix chute à 1,50 ou 2 euros.

L’enveloppe budgétaire allouée à Enovos et Energiwiss Kielen est donc salutaire pour protéger un écosystème naissant et prometteur aux yeux du gouvernement. Pour preuve, Lex Delles, ministre de l’Économie, a annoncé en commission parlementaire que 400 millions d’euros d’aides, à l’accès basé sur un texte législatif, vont être versés à l’avenir. De quoi donner un coup de pouce à de futures installations.

Dans l’annonce du résultat de l’appel à projets en mai dernier, le ministère indique d’ailleurs que cette phase pilote va permettre d’élaborer un cadre général afin d’organiser de nouveaux appels. À terme, l’objectif est de développer un réseau national avec l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) comme gestionnaire afin de surveiller et fixer les méthodes de tarification ainsi que de comptage.

S’intégrer à un réseau européen

Afin de parvenir à la décarbonation de l’industrie et des transports, la stratégie nationale repose sur les installations locales, mais pas seulement. Le Grand-Duché se veut producteur, mais aussi importateur. Pour ce faire, la Chambre des députés a adopté le 20 mars dernier le projet de loi 8298 dont le texte permet, entre autres, l’établissement de réseaux de transport d’hydrogène au-delà des frontières.

Creos, l’opérateur principal des réseaux d’électricité, porte notamment le projet «HY4Link» afin de connecter la région Grand-Est en France, la Belgique, la Sarre en Allemagne et le Luxembourg au site stratégique européen de l’hydrogène : la mer du Nord. C’est le long de ses côtes que se trouvent les centres d’approvisionnement et d’importation (Anvers, Zeebrugge, Rotterdam et Dunkerque).

À des centaines de kilomètres de la Grande Région, un accord bilatéral a aussi été signé en novembre 2024 pour le développement des infrastructures d’énergie offshore au Danemark, dont la production d’électricité et d’hydrogène, afin d’en importer au Luxembourg.

Concernant l’un des plus grands gisements d’hydrogène au monde découvert à deux pas du Grand-Duché, dans la commune de Folschviller, Lex Delles se veut prudent. Ce dernier affirme qu’un «contact étroit» existe avec les acteurs français, mais, qu’à ce jour, «des doutes persistent quant à l’efficacité d’une telle exploitation». Affaire à suivre.

Qu’est-ce que l’hydrogène ?

L’hydrogène est le gaz le plus léger et le plus abondant dans l’univers, souvent combiné avec d’autres éléments comme l’eau ou les carburants fossiles (charbon, pétrole ou gaz). Il est malgré tout aussi présent à l’état naturel, comme à Folschviller. Gare à la confusion néanmoins : il ne s’agit pas d’une énergie, mais d’un vecteur énergétique (transport et stockage).

L’hydrogène est produit grâce à une réaction chimique à partir d’une ressource primaire qui détermine son type. Ce dernier est dit «vert» lorsqu’il est fabriqué par électrolyse de l’eau à partir d’électricité provenant d’énergie renouvelable ou «gris» à partir de sources fossiles. Pour la transition écologique, la forme verte est privilégiée, car elle n’émet aucune émission de carbone.

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