L’association Hëllef um Terrain (HUT), venue relayer Caritas, se défend contre les critiques qu’elle a subies ces derniers jours. Le plus important serait d’avoir sauvé, pour l’instant, 324 emplois.
«Le travail qui a été fait hier, le 30 septembre, est exactement le même ce mardi 1er octobre. Il n’y a pas de différence, les mêmes personnes sont actives sur le terrain.» Christian Billon, le président du conseil d’administration de Hëllef um Terrain (HUT), a tenu à rassurer tout le monde, mardi en fin d’après-midi, après la polémique grandissante autour de la reprise des employés de Caritas. «Pour les collaborateurs actifs sur le terrain, il s’agit d’un soulagement. Ils n’ont plus d’épée de Damoclès au-dessus de leur tête et peuvent de manière plus détendue accomplir un travail qui est déjà suffisamment compliqué», ajoute celui qui était à la manœuvre, avec une équipe réduite, pour créer la nouvelle entité appelée à reprendre les activités nationales de Caritas, coulée par un détournement de 61 millions d’euros.
Selon le dernier décompte, 324 des 349 salariés de Caritas ont accepté de signer un nouvel contrat de travail avec HUT. «Seulement deux ont refusé de signer. Les autres se trouvent actuellement en congé ou en arrêt de maladie», informe Christian Billon. «Ils ont reçu leur contrat afin de pouvoir le signer. Je pense que nous allons pouvoir trouver des solutions.»
«On a peut-être manqué de communication»
Le dirigeant de Hëllef um Terrain réfute aussi les reproches émanant de l’OGBL, parlant de «chantage» et de «pression extrême» exercée sur les salariés pour signer le nouveau contrat. La procédure de transfert aurait aussi respecté les règles du code du travail. «Les prétentions de l’OGBL sont absolument absurdes. Il nous accuse de ne pas avoir accepté le dialogue social. C’est totalement erroné. Le fait d’avoir pu sauver 324 emplois démontre le contraire», contre-attaque Christian Billon.
Des manquements ne seraient cependant pas à nier. «Je dois dire très sincèrement qu’on a peut-être manqué de communication, mais pas totalement. La réalité est que lorsque nous avons été mandatés pour aider Caritas à trouver une solution à ce drame, à ce vol lamentable, nous étions totalement dans l’incertitude de pouvoir signer de nouvelles conventions avec le gouvernement. Cela n’a pas été une mince affaire», souligne Christian Billon.
Hëllef um Terrain n’aurait été définitivement fixée que jeudi dernier. «Les conventions sont, comme nous le pensions, des copier-coller, mais il existe de nouvelles conditions. Des audits devront être réalisés et l’argent ne sera versé qu’une fois par mois», informe encore le dirigeant. Auparavant, il aurait fallu «travailler ces deux derniers mois jour et nuit» pour mettre sur pied la nouvelle structure : «Nous avons longtemps cherché des soutiens voulant soutenir la nouvelle structure. Ils n’étaient pas nombreux à se manifester».
L’Action d’hiver sera maintenue
Assurer la continuité des activités de Caritas serait désormais la priorité absolue. «Nous nous engageons pour les droits des personnes qui sont fragilisées. Chacun est une cheville ouvrière et nous respectons chacun pour le travail qu’il accomplit. Et nous comptons sur chacun pour réaliser notre objectif qui est d’apporter de l’aide aux oubliés de la société. Ces personnes sont oubliées au Luxembourg. D’où l’importance de la présence de Hëllef um Terrain», met en avant le président du conseil d’administration.
Les plus de 300 collaborateurs de HUT seraient «déterminés à lutter contre la précarité», et ce dans de nombreux domaines : le logement, le travail, l’alimentaire, le psychosocial, sans oublier les sans-abri et les plus de 2 000 personnes hébergées dans une vingtaine de foyers d’accueil pour réfugiés. Hëllef um Terrain pourra assurer sa contribution à l’Action d’hiver (WAK) ainsi que dans les épiceries sociales de Luxembourg et Redange. Des solutions avec les communes sont encore recherchées pour les épiceries à Esch-sur-Alzette et Diekirch.
«Notre rôle est maintenant de redonner confiance au personnel et aux bénéficiaires. Je suis sûr que Hëllef um Terrain va avoir un grand succès. La nouvelle association va travailler normalement, fonctionner avec une bonne gouvernance et surtout avec de bons employés», conclut Christian Billon.
Arrêt de l’aide internationale : que de regrets pour HUT
Christian Billon est aussi revenu, hier, sur le douloureux arrêt des activités internationales de Caritas. «Ce fut un choc», affirme-t-il, regrettant le refus du ministère des Affaires étrangères de venir en aide à la nouvelle structure. «Il est difficile pour le ministère de remettre les 5 millions d’euros manquants dans la caisse. Le contribuable ne serait pas spécialement ravi. Par contre, à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Je m’attendais à ce qu’on obtienne une solution exceptionnelle. C’est une décision gouvernementale à laquelle je dois me plier», affirme le président du conseil d’administration de Hëllef um Terrain.
D’autres tentatives pour trouver les 5 millions d’euros nécessaires pour garder en vie l’aide internationale n’ont également pas abouti. L’archevêché a uniquement pu débloquer 310 000 euros pour le Soudan du Sud. «On a aussi demandé à des philanthropes de nous donner un coup de main, mais nous n’avons trouvé personne», déplore Christian Billion.