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Huit ans de réclusion pour les jeunes braqueurs de stations-services


Peu de prisonniers résidents dans un autre pays européen souhaitent quitter Schrassig (Photo : archives Ediptess).

Le parquet avait requis 12 ans de réclusion contre les deux prévenus. En octobre 2015, ils avaient braqué deux stations-services au Rollingergrund et à Howald. Ce vendredi, le duo a écopé de huit ans, dont la moitié avec sursis.

« Si vous me condamnez à douze ans de réclusion, j’aurai 35 ans quand je sortirai de prison. Qu’est-ce que je ferai alors? Je veux vous prouver que je peux encore finir l’école et faire des études.» Les douze ans de réclusion requis par le parquet avaient sévèrement secoué les deux jeunes hommes sur le banc des prévenus.

Lorsqu’ils avaient pris une dernière fois la parole devant la chambre criminelle fin juin, il n’y avait pas eu que des regrets et des excuses. «Je sais que je suis coupable, mais je vous prie de prendre en considération pour la peine qu’on est jeunes et qu’on n’a pas agi comme de vrais criminels. Ce qu’on ne va d’ailleurs jamais faire», lâchait ainsi le second prévenu à la barre. La défense avait plaidé en faveur d’une peine qui ne compromettrait pas toute la vie des jeunes hommes, assurant qu’ils pourraient compter sur l’encadrement de leur famille.

Pour le prononcé, vendredi matin, les proches des deux jeunes prévenus avaient fait le déplacement à la Cité judiciaire. Dans le couloir, difficile de rater les signes d’affection envers les deux jeunes hommes menottés. Quelques larmes auront coulé, quelques mots et regards auront pu être échangés avec les jeunes détenus en attendant que la porte de la salle d’audience s’ouvre et que la présidente donne lecture du jugement.

La peine prononcée par la 13e chambre criminelle restera au final en dessous des réquisitions du parquet : Pit C. et François L. sont condamnés à huit ans de réclusion. La moitié de cette peine est assortie du sursis. Les juges leur ont reconnu un certain nombre de circonstances atténuantes. Et ils n’ont pas non plus retenu l’infraction de la séquestration pour les deux faits, tel que le demandait le parquet.

Le 9 octobre 2015, en 53 secondes, Pit C. et François L. (19 ans à l’époque) avaient réussi à dérober 535 euros et sept paquets de cigarettes dans une station-service au Rollingergrund. Peu avant l’heure de fermeture, cagoulés et armés d’une matraque télescopique et d’un pistolet d’alarme, ils avaient fait irruption dans le commerce. Cinq jours plus tard, ils avaient récidivé dans une autre station-service route de Thionville à Howald. Toujours cagoulés, ils avaient surgi en criant «hold-up!» vers 21 h. Leur butin avait été moins glorieux. Car la caissière avait immédiatement déclenché le bouton d’alarme et verrouillé la caisse. Après avoir menacé des clients et tenté en vain d’ouvrir la caisse avec leur matraque, ils avaient pris la fuite avec trois cartouches de cigarettes.

Trahis par une ex-petite amie

À la barre, Pit C. n’avait pas caché sa passion pour les films de gangsters et de braquage. «En tant qu’ado, j’ai regardé trop de vidéos. Avec la musique à fond la caisse, je roulais ensuite avec ma voiture. À bord, j’avais une cagoule, une matraque… À l’époque, je trouvais cela cool.»

Les jeunes hommes avaient fini par être rattrapés par la réalité, même si c’était près de deux ans plus tard. Une piste avait d’abord mené la police en Allemagne. Sans succès. C’est finalement une ex-petite amie qui avait trahi les braqueurs. En venant se renseigner auprès de la police en septembre 2017 sur ce qu’on peut faire quand on est harcelé, elle avait parlé des braquages de 2015. Elle avait en effet été mise dans la confidence a posteriori. Certaines de ses informations bien spécifiques, comme le pull à capuche vert, jointes aux autres indices de l’enquête, avaient permis leur arrestation.

Depuis le 29 novembre 2017, les deux se trouvent donc en détention préventive. Un troisième adolescent, âgé à l’époque de 17 ans, avait participé au braquage de la station-service au Rollingergrund. Mineur au moment des faits, il sera jugé à part.

Pit C. et François L., quant à eux, ont 40 jours pour interjeter appel contre le jugement rendu vendredi.

Fabienne Armborst