Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Durant tout l’été, d’importants travaux ont lieu au pôle d’échange de Howald avec la construction d’un deuxième quai et la préparation du raccord de la gare à la future ligne Luxembourg-Bettembourg.
Alors que les coups de 9 h vont bientôt sonner, le pôle d’échange de Howald est déjà bien animé. Les ouvriers s’activent et les premières machines ronronnent déjà en ce vendredi matin. Il faut dire que le timing est serré pour les CFL puisque ce grand chantier estival doit impérativement être bouclé pour le 15 septembre et le retour des voyageurs.
Durant une partie de l’été, comme l’année dernière, le trafic ferroviaire entre Bettembourg et la capitale a donc été complètement interrompu pour laisser le champ libre aux travaux d’extension du pôle d’échange. «On peut se dire qu’une période de deux mois c’est long, mais il y a beaucoup de travail à faire, assure David Da Silva Pereira, ingénieur chargé d’affaires pour le pôle d’échange. Il y a plusieurs services spécifiques qui doivent travailler sur le chantier.»
Une seconde ligne pour fluidifier le trafic
Tous ces travaux s’inscrivent dans un projet global de modernisation des infrastructures pour soulager le trafic et limiter les engorgements. Cet été, ce projet titanesque s’organise autour de trois chantiers (voir encadré), dont celui de Howald, et doit conduire à la création d’une nouvelle ligne Bettembourg-Luxembourg, dont la mise en service est prévue pour 2027. Épine dorsale des transports publics du Grand-Duché, le train a connu une hausse de fréquentation de 122 % en l’espace de deux décennies.
Deux autres chantiers pour l’été
L’extension du pôle de Howald est l’un des grands chantiers estivaux qui ont entraîné l’arrêt du trafic ferroviaire entre Bettembourg et Luxembourg du 12 juillet au 15 septembre. Un désagrément nécessaire pour les CFL au vu du gigantesque projet dans lequel s’est lancée la compagnie. En plus du pôle multimodal de Howald, la future ligne NBS est elle aussi en plein travaux. Pour préparer sa mise en place, 500 mètres de voies de la ligne existante vont être déplacés durant l’été pour libérer de l’espace. Dans le même temps, les caténaires vont être renouvelées ou déplacées tandis que 150 mètres de murs antibruit seront mis en place.
Du côté de la gare de la capitale, les choses bougent aussi. Celle-ci poursuit sa transformation débutée en 2018 pour limiter les croisements entre les différentes lignes, parfois à l’origine de retards. Cet été, c’est le quai IV, desservant les voies 9 et 10, ainsi que différents aiguillages qui sont en cours d’adaptation pour permettre de fluidifier le trafic. À terme, chaque ligne de train disposera de sa voie dédiée.
Une augmentation qui a obligé les CFL à faire évoluer leurs installations pour pouvoir absorber ce flot de voyageurs, en particulier celui de l’actuelle ligne Bettembourg-Luxembourg. Première liaison du pays, elle concentre le trafic venant d’Esch-sur-Alzette mais aussi de Lorraine. «C’est le plus grand goulot d’étranglement», note le directeur général des CFL, Marc Wengler. D’où la nécessité d’une seconde ligne qui permettra de séparer les deux flux et de fournir à chacun des voies dédiées.
À Howald, ce chantier passe actuellement par la construction d’un nouveau quai. D’une longueur de 307 mètres, il doit être terminé d’ici la rentrée pour accueillir la ligne Bettembourg-Luxembourg actuelle (ABS) à la place du premier quai, réalisé en 2017. Ce dernier sera alors mis hors service pour préparer le raccord avec la future ligne Bettembourg-Luxembourg (NBS).
À terme, les deux lignes passeront par Howald sur des quais séparés : le premier accueillera les trains du Sillon lorrain, tandis que le trafic entre Luxembourg, Bettembourg et Esch passera par le second.
En parallèle, des travaux de terrassement sont en cours afin de pouvoir raccorder la ligne ABS au nouveau quai. «Nous sommes obligés de tout changer, précise David Da Silva Pereira. Il faut enlever les caténaires et leurs fondations ainsi que la signalisation.» L’opération demande également de changer 2 700 mètres de voies et près de 4 500 traverses ainsi que d’installer treize aiguillages. Le projet complet d’extension aura coûté près de 100 millions d’euros.
Vers un pôle multimodal
Depuis les voies, de nouveaux accès au tram et à la gare routière sont prévus via des ponts accessibles par des escaliers et des ascenseurs. Cette liaison entre train, bus et tram transformera le site en véritable pôle multimodal et fera de Howald une nouvelle porte entrée vers la capitale permettant de rejoindre rapidement les quartiers en pleine croissance du Ban de Gasperich et de la Cloche d’or. Une fois ces raccordements terminés, Luxtram prendra le relais pour construire une deuxième voie de tram dont l’ouverture est prévue pour 2026.
D’ici deux ans, les usagers des CFL devraient donc pouvoir souffler et, si la ligne NBS tient toutes ses promesses, voir leur quotidien nettement s’améliorer avec un trafic plus fluide, des trains plus ponctuels et des retards réduits. «Cela permettra d’éviter l’effet domino», présage Marc Wengler. Mais si le trafic doit reprendre mi-septembre à Howald, les travaux sont loin d’être terminés.
Une fois ce chantier estival livré, un autre sera lancé pour raccorder la future NBS, d’une longueur de sept kilomètres, au premier quai. Mais pas de panique, la circulation aura repris sur la ligne actuelle, permettant de continuer les travaux sans désagrément pour les voyageurs. Tout le reste ne sera plus qu’une question de patience.
Plus de 30 millions de voyageurs
La fréquentation des trains luxembourgeois a augmenté de 10 % en 2024 avec un record 31,3 millions de voyageurs. La ligne reliant Esch-sur-Alzette, Bettembourg et Luxembourg est de loin la première du pays, regroupant dix millions d’usagers, tandis que le Sillon lorrain arrive en troisième position avec 5,9 millions de personnes. «Le tronçon est sous tension, le trafic est énorme, indique Marc Wengler. Un petit incident peut avoir de grandes conséquences et créer des problèmes allant au-delà de la ligne elle-même.» Une solution était donc nécessaire pour diviser ce trafic qui représente à lui seul près de la moitié de la fréquentation annuelle.
David Da Silva Pereira, ingénieur chargé d’affaires, et Marc Hoffmann, directeur de la gestion infrastructure aux CFL, supervisent ces travaux estivaux. (Photo Fabrizio Pizzolante)
Le pôle d'échange doit devenir une nouvelle porte d'entrée par le sud de la capitale. (Photo Fabrizio Pizzolante)
Le quai disposera d'abris chauffés pour les voyageurs attendant leur train. (Photo Fabrizio Pizzolante)
Les caténaires et les signalisations ont dû être entièrement retirées pour en réinstaller de nouvelles. (Photo Fabrizio Pizzolante)
Durant tout l'été, des bus de substitution sont mis en place par les CFL. (Photo Fabrizio Pizzolante)
L'ensemble des travaux à Howald auront coûté près de 100 millions d'euros. (Photo Fabrizio Pizzolante)
De nouveaux travaux démarreront à la rentrée mais n'impacteront plus le trafic. (Photo Fabrizio Pizzolante)
La nouvelle ligne entre Luxembourg et Bettembourg sera raccordée à Howald d'ici l'année prochaine. (Photo Fabrizio Pizzolante)
Le pôle permettra de rejoindre rapidement les quartiers du Ban de Gasperich et de la Cloche d'Or.(Photo Fabrizio Pizzolante)
