Accueil | A la Une | Hôtel enseveli en Italie : des survivants racontent

Hôtel enseveli en Italie : des survivants racontent


"Nous avons de l'espoir. Même s'il n'y a pas de signe de vie, on peut creuser à travers un mur et soudain avoir un contact", déclare le porte-parole des pompiers. (photo AFP)

Les secouristes italiens poursuivaient dimanche leur travail de fourmi dans les entrailles de l’hôtel enseveli mercredi sous une avalanche, dont les survivants ont raconté avoir tenu dans le noir, le froid et le silence en mangeant de la neige… ou du Nutella.

Neuf personnes, dont quatre enfants, ont été retrouvées vivantes vendredi mais plus aucun signe de vie n’a émané depuis des décombres de l’hôtel Rigopiano, dans les Abruzzes (centre). Cinq corps sans vie ont été arrachés à la neige et aux débris mais il n’y a toujours aucune trace des disparus, dont le nombre a été porté à 24 depuis que des clients ont signalé la présence d’un employé sénégalais qui n’avait pas été recensé jusqu’alors.

« Nous avons de l’espoir. Même s’il n’y a pas de signe de vie, on peut creuser à travers un mur et soudain avoir un contact, c’est ce qui s’est passé avec les autres survivants », a déclaré Luca Cari, porte-parole des pompiers, du QG des secours à Penne.

Selon les premiers calculs des carabiniers, 120.000 tonnes de neige et de débris, l’équivalent de 4.000 camions à pleine vitesse, ont dévalé la pente mercredi après-midi.

Une partie à l’arrière de l’hôtel a été protégée par un mur de rochers « et nous pensons qu’il y a là des pièces intactes », a expliqué M. Cari. « Le problème c’est de les atteindre. Nous n’avons pas beaucoup de place pour manœuvrer, les trous sont étroits et il faut percer des murs très épais ».

Relève lundi

Les secouristes qui connaissent désormais bien les étroits conduits creusés dans le mur de neige se relaient toujours malgré l’épuisement, mais la relève doit arriver lundi de brigades du nord de l’Italie.

Dans le froid, la neige et le brouillard, et sous la menace de nouvelles avalanches, ils progressent très lentement, souvent à mains nues, de crainte d’éboulements.

Au lendemain de la catastrophe, les secouristes avaient déjà creusé pendant plus de 24 heures dans un silence de mort avant de repérer les premiers survivants.

Hospitalisés mais hors de danger, ils ont raconté le choc de l’avalanche et leurs longues heures de cauchemar à attendre les secours.

« Ca a été comme une bombe », a expliqué Vincenzo Forti, qui a survécu confiné dans une toute petite poche avec sa fiancée Georgia Galassi, 22 ans, ainsi qu’un autre homme dont la compagne est portée disparue. « J’étais assis sur le divan et les colonnes ont glissé et l’ont coupé en deux », a-t-il expliqué, cité par plusieurs médias italiens.

Selon Giorgia Galassi, tous trois ont survécu en se serrant pour se tenir chaud, à la lueur des portables, léchant la neige pour étancher leur soif. A portée de voix des autres survivants sauvés vendredi, ils ont aussi chanté et prié pour conjurer l’angoisse.

« Conditions extrêmes »

Non loin d’eux, trois enfants de six à neuf ans, Ludovica, Eduardo et Samuel, se sont retrouvés isolés dans le noir total dans la salle de billard miraculeusement épargnée.

Ils pouvaient cependant parler avec la mère de Ludovica, coincée juste à côté. Surtout, ils ont trouvé des bouteilles d’eau et une boîte de portions individuelles de Nutella pour attendre les secours pendant près de 48 heures, ont rapporté des médias italiens.

Mais si Ludovica a pu embrasser sa famille à l’hôpital de Pescara, Eduardo et Samuel s’y sont retrouvés seuls : les parents du premier sont morts, ceux du second toujours portés disparus.

Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte au lendemain du drame pour déterminer si tous les risques avaient été pris en compte, dans la construction de l’hôtel comme dans le déroulement de la journée de mercredi.

Le risque de nouvelle avalanche reste d’ailleurs élevé, autour de l’hôtel comme dans tout le centre de l’Italie, qui a subi cette semaine des chutes de neige historiques mais aussi une série de fortes secousses mercredi venues raviver le traumatisme des séismes plus puissants d’août et d’octobre.

Plus de 8.300 personnes sont mobilisées dans la région, « dans des conditions extrêmes », selon la Protection civile, pour évacuer les populations se trouvant dans des zones à risque, fournir vivres et médicaments aux habitants isolés, dégager les routes principales et secondaires ou encore réparer les lignes électriques coupées.

Le Quotidien /AFP