L’ensemble des hôpitaux luxembourgeois a enregistré, en moyenne, 31,4 déclarations d’arrêt de travail par semestre à cause de ces violences.
Les services d’urgence et les services de type psychiatrie sont les plus touchés par les violences envers le personnel hospitalier. Une violence qui n’est pas endiguée au fil des ans, bien au contraire, selon les données dévoilées par la ministre de la Santé, Lydia Mutsch. La membre du gouvernement répondait à une question parlementaire des députés Alexander Krieps et Edy Mertens (DP). Selon la ministre, le nombre d’actes de violence subis par le personnel hospitalier, avec déclaration d’arrêt de travail, a fluctué sur les années 2010-2014, avec une moyenne de 20,7 par semestre. Entre le deuxième semestre 2015 et le premier semestre 2017 inclus, ce nombre se stabilise à 31,4 déclarations par semestre en moyenne.
À noter que ne sont déclarés en tant qu’accident du travail à l’assurance accident que des actes de violence ayant entraîné des lésions physiques ou psychiques, c’est-à-dire des actes à impact élevé. Nous sommes donc loin de la simple incivilité! Ces arrêts de travail évoqués par la ministre incluent aussi bien les violences involontaires, notamment par des patients confus ou déments, que les agressions volontaires. Les agressions par tiers, également incluses, sont très rares, précise Lydia Mutsch : 2,4 déclarations par an.
La ministre de la Santé a également abordé les interventions des vigiles lors d’actes de violence envers le personnel hospitalier. En 2016, le service de gardiennage d’un des deux hôpitaux se partageant la garde dans la capitale, a réalisé 479 interventions sur le service des urgences de l’hôpital, dont 109 pour patients agressifs verbalement et physiquement, 87 pour patients ayant une alcoolisation excessive ou toxicomanes, 61 pour patients psychiatriques. Concernant la situation de l’autre hôpital de la capitale participant au tour de garde, les interventions du service gardiennage au service d’urgence représentent 66 % de ses interventions pour violences dans l’hôpital.
Bouton d’urgence… aux urgences
Évidemment, devant cette situation, des mesures ont été prises pour assurer le travail du personnel hospitalier dans de bonnes conditions aux urgences. Ces dernières années, les hôpitaux ont décidé de mettre en place une présence plus ou moins permanente à l’entrée des services d’urgence d’agents de sécurité. De plus, les infirmiers de certains secteurs sont munis d’un téléphone avec bouton d’appel d’urgence en cas de problème. Un numéro de téléphone interne d’urgence a aussi été mis en place pour déployer du personnel de soutien très rapidement en cas de risque fort ou avéré d’agression.
Pour sécuriser les lieux de soins, il a été mis en place un contrôle d’accès par badge dans le service d’urgence (CHL, MRS, partiellement au CHDN dans certains secteurs). Depuis 2016, précise la ministre, un projet pilote «Prévention des agressions» a été mis en place dans quatre services d’un hôpital, sur base de l’enquête de satisfaction du personnel, des accidents du travail enregistrés, du vécu exprimé des personnels, des rapports de sécurité émis par la société de gardiennage.
Le projet vise à recenser de manière systématique toutes les violences verbales et physiques, à proposer une rencontre avec la psychologue du travail si la personne le souhaite, et une prise en charge postviolence si besoin. Une formation du personnel soignant et du personnel de gardiennage à la gestion des conflits a été mis en place afin d’éviter l’escalade de la violence. Si malheureusement, les actes de violences ont lieu, un accompagnement psychologique du personnel agressé est proposé soit par le service interne de psychologues du travail de l’hôpital, soit auprès d’intervenants externes spécialisés dans ce domaine, ajoute Lydia Mutsch.
Le Quotidien