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Homicide au marteau : le parquet a conclu à l’assassinat


Si la prévenue était reconnue pénalement irresponsable, elle échapperait à une peine de prison.  (Photo : archives lq)

La prévenue est-elle ou pas pénalement responsable ? Accusation et défense n’ont pas la même lecture du dossier. Le parquet a requis 25 ans de prison à l’encontre de Catiuscia.

«Vous ne viviez pas avec lui. Vous n’étiez pas dans ma situation. Vous ne viviez pas avec lui», s’est emportée Catiuscia hier après-midi alors que le représentant du parquet a conclu à l’homicide avec préméditation. Il n’y a, selon le magistrat, aucun doute que la prévenue «voulait la mort de son époux» et a tout fait pour qu’elle survienne. Son mobile : le patrimoine du défunt. Le couple vivait sous le régime de la séparation des biens. «En cas de divorce, elle serait partie les mains vides. Elle voulait se débarrasser de lui, mais pas de son argent.»

Le 13 février 2022, la quadragénaire d’origine brésilienne «a abandonné son époux mort aux rats» pendant au moins trois semaines dans la cave de leur domicile à Heispelt après s’être acharnée sur lui à coups de marteau et avoir pris le temps de le déshabiller «pour le faire mourir de froid». «Elle voulait être certaine qu’il ne s’en sorte pas». Les indices de la préméditation ne manqueraient pas, précise l’accusation. Notamment un message rédigé le 10 février 2022 par Catiuscia se faisant passer pour Jean à un voisin dans lequel elle lui fait dire : «Et que je ne te revoie plus.» Il insinue que l’épouse a voulu faire le vide autour de son mari pour pouvoir l’éliminer ni vu, ni connu.

Un crime au caractère «brutal et effroyable»

«Jean n’avait aucune chance de s’en sortir», «elle savait très bien ce qu’elle faisait. Ses déclarations étaient très détaillées et constantes», a appuyé le procureur avant de requérir une peine de 25 ans de prison à son encontre pour assassinat et demandé au tribunal de ne pas la déclarer irresponsable pénalement. Le magistrat ne s’est pas opposé à un sursis probatoire sur une infime partie de la peine étant donné «le caractère brutal et effroyable» du crime. Il a également demandé la confiscation des biens du défunt, car «le meurtre ne doit pas être payant».

Catiuscia ne serait, selon le procureur, pas la femme mal-aimée, maltraitée, incomprise, isolée, perdue, désespérée et malade qui s’est présentée hier après-midi à la barre de la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch. À travers de gros sanglots, on comprend que «je ne voulais pas le tuer» et «je ne voulais pas de son argent». «Si c’était à refaire, je mettrais mes baskets et je partirais à Luxembourg à pied. Comme cela, rien ne se passerait.»

Légitime défense

Cela s’est pourtant bien passé. Elle le reconnaît depuis le jour de son arrestation : elle a tué son mari, le tant redouté Jean, décrit comme un tyran en béquilles et à la santé fragile. Outre la relation apparement toxique qu’entretenait le couple depuis son mariage en 2012, l’avocat de la défense a évoqué les troubles psychiatriques dont souffre Catiuscia et qui ont pu influencer son geste. Tout ne serait qu’une question de perception et d’interprétation de la réalité, a avancé Me Biltgen après avoir décrit avec précision les différents symptômes de sa psychose schizo-affective diagnostiquée en 2013 qui peuvent expliquer sa manière de se comporter, sa manière de percevoir la réalité et à quoi elle ressemble. «Elle n’est pas une personne normale.»

Me Biltgen a plaidé l’abolition de discernement de sa cliente pour essayer de lui épargner la réclusion criminelle à perpétuité encourue si le tribunal décide de la condamner pour assassinat le 16 janvier prochain. Il a aussi écarté la préméditation qui lui est reprochée par le parquet et a évoqué une «impulsion» dans un contexte de violences conjugales et d’alcoolisme qui «l’ont rendue malade». Pas seulement psychiquement.

La prévenue aurait également souffert du syndrome de la femme battue. «Elle se sentait menacée par Jean en permanence», a souligné l’avocat parti à la pêche aux réductions de peine. «La pression constante qu’il exerçait sur elle lui a fait abandonner tout espoir de le quitter.» Isolée, ne sachant pas auprès de qui trouver de l’aide, sa cliente «n’a pas trouvé d’autre solution» pour s’en libérer. L’argent ne serait pas le mobile, a noté l’avocat après avoir plaidé la légitime défense ou l’excuse de provocation.

L’expert psychiatre se serait trompé dans ses conclusions. La défense les réfute, car l’expert s’y prononce en faveur d’une altération du discernement de sa cliente. «Elle n’a jamais dit que son acte lui avait été dicté par des hallucinations auditives», a rétorqué le procureur qui a balayé au passage les arguments de légitime défense et de provocation. Au syndrome de la femme battue, le magistrat préfère celui «de l’homme battu». «Elle est dangereuse, selon les rapports réalisés lors de ses internements. On n’a pas de preuves de maltraitance à son égard. C’est plutôt l’inverse.»

Le magistrat enfonce le clou, accuse la défense d’occulter des éléments et de noircir le trait.