Accueil | A la Une | Homicide à Dudelange : Sandro voulait menacer, pas tuer

Homicide à Dudelange : Sandro voulait menacer, pas tuer


«Il avait l’intention constante de menacer, pas de tuer », a insisté Me Schons.

La défense de Sandro a plaidé les coups et blessures volontaires sans intention de donner la mort et demander à la chambre criminelle d’assortir la peine du sursis probatoire.

«La main qui a donné la convivialité et l’hospitalité est aussi celle qui a pris la vie sans avoir eu une quelconque intention de la prendre. L’esprit de mon client est resté libre de toute intention négative», a résumé Me Schons qui assure la défense de Sandro en tandem avec Me Grasso.

Le jeune homme de 34 ans a tranché la gorge de Marco qui l’avait suivi à son domicile après une soirée et qu’il soupçonnait de lui avoir volé de l’argent et des effets personnels.

Sa victime est décédée d’une hémorragie massive sur les lieux du crime le 9 avril 2022. Mercredi, le procureur avait requis une peine de 25 ans de réclusion à son encontre pour meurtre. Il s’était opposé à l’éventualité d’un sursis.

Le duo d’avocats a, au contraire, plaidé en faveur des coups et blessures volontaires sans intention de donner la mort qui, s’ils devaient être retenus à l’encontre de leur client, marqueraient «une différence notoire» au niveau de la peine encourue. «Sandro a donné la mort. Il ne nie pas l’évidence», mais «il n’a pas saisi son geste» car «il n’avait pas conscience de tenir un couteau».

«La couleur du sang» aurait rendu son geste visible. «Il avait l’intention constante de menacer, pas de tuer», répète l’avocat avant de produire une ribambelle de jurisprudences allant dans le sens de Sandro dont le «seul tort a été de se laisser envahir par la rage» et «de réagir comme un enfant qui court sur la route après son ballon rouge au point de ne pas voir la voiture».

Sursis probatoire : une main tendue

Furieux que Marco ait essayé de le voler, Sandro l’avait menacé à deux reprises avec un couteau et l’avait obligé à se déshabiller pour s’assurer qu’il lui avait bien restitué tout ce qu’il lui avait pris. Les deux hommes s’étaient rencontrés le soir même dans un bar de Dudelange.

Sandro avait accepté qu’il le suive à son domicile pour poursuivre la soirée avec un ami. La situation a dégénéré. Sandro a tranché la gorge de Marco avec un couteau de cuisine, sectionnant au passage la carotide gauche. Le médecin légiste a estimé que son geste n’avait pas pu être accidentel.

«L’adrénaline est montée. J’ai oublié que je tenais le couteau. Je l’ai vu se tenir la gorge. Il s’est évanoui et s’est écroulé. Je l’ai accompagné dans sa chute», a relaté hier le prévenu qui jure n’avoir gardé aucun souvenir de son geste.

La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a avancé l’argument de la mémoire sélective. La défense le balaie en citant l’expertise psychologique du jeune homme qui a estimé que Sandro ne ment pas, mais qu’ «il a une méconnaissance de ses propres réactions émotionnelles» et ignorait jusqu’aux faits la violence dont il était capable.

Ce qui doit, selon les avocats de la défense, également répondre à la question de la 13e chambre criminelle, du procureur et certainement du prévenu lui-même : «Pourquoi ne pas avoir demandé à la victime de quitter les lieux plutôt que de faire usage du couteau?»

Me Grasso a demandé au tribunal d’assortir la peine prononcée d’un sursis probatoire en faveur du prévenu, peu importe l’infraction qu’il décidera de retenir dans son jugement.

«Sandro a un problème qu’il ne parvient pas à régler lui-même. Il veut s’en sortir et le rapport d’expertise psychiatrique souligne qu’il est réceptif à une aide», ajoute l’avocat avant de rappeler que le prévenu bénéficie d’un encadrement sérieux de la part de son oncle qui a la volonté et la disponibilité de l’aider.

«Un sursis simple n’est pas dans son intérêt. L’aide qu’il souhaite doit lui être imposée.» Il s’agira pour son client «d’une main tendue qu’il devra respecter» et non pas un cadeau. Le sursis n’efface pas la sanction. D’ailleurs, la plus grande sanction pour Sandro est «la peine qu’il porte en lui, pas la peine que prononcera le tribunal», a insisté l’avocat.

Il sera fixé sur son sort le 24 janvier prochain.