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Homicide à Dudelange : le parquet réclame 25 ans ferme pour meurtre


Sandro a évoqué une succession de mauvaises décisions qui ont mené aux faits. (Photo : sophie kieffer)

Le parquet a requis 25 ans de prison ferme contre Sandro pour le meurtre d’un homme rencontré dans un bar. Le jeune homme a tranché la gorge de sa victime à son domicile.

Marco est décédé sur le sol de l’appartement de son meurtrier avant l’arrivée des secours, malgré les efforts de ce dernier pour le maintenir en vie. Quelques minutes plus tôt, le jeune homme de 34 ans venait de lui trancher la gorge sur sept centimètres de long et une quinzaine de profondeur, sectionnant au passage les carotides gauches. Les deux hommes s’étaient rencontrés dans un bar de Dudelange en début de soirée ce 9 avril 2022. La victime âgée de 38 ans avait suivi son meurtrier et un ami de celui-ci. Les esprits s’étaient échauffés.

Sandro, le prévenu, l’avait retrouvé dans sa chambre à coucher et l’avait accusé de lui avoir volé des effets personnels et de l’argent destiné à sa femme de ménage. Le menaçant d’un couteau dont la lame mesurait une vingtaine de centimètres, il l’avait obligé à se déshabiller pour le forcer à lui rendre son butin. Le coup de couteau létal est parti ensuite. Un accident, selon le prévenu. «Le coup n’est pas dû au hasard», l’a contredit un médecin légiste hier après-midi. La lame s’est enfoncée presque jusqu’à la garde, passant de l’oreille gauche à la thyroïde, au frôlant une vertèbre cervicale. Sandro a frappé de haut en bas «avec une certaine force», a estimé l’experte.

Interrogé, Sandro a évoqué une succession de mauvaises décisions qui ont mené aux faits : prendre de la cocaïne, aborder Marco dans un bar, accepter «par gentillesse sans doute» qu’il les suive, lui et son ami, à son domicile alors «qu’il (l)’embêtait». «Je pensais que le menacer était moins dangereux que le passer à tabac», a-t-il finalement expliqué à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi. Une mauvaise décision qu’il ajoute à sa liste.

«Les 150 euros, les bijoux, le blouson de votre fiancée… La victime avait tout restitué. Pourquoi ne pas en être resté là? Vous auriez pu lui faire les poches et le mettre à la porte?», l’a interrogé la juge. «Je n’étais plus accessible. Je n’entendais plus rien. Je faisais une fixation et j’insistais pour qu’il enlève son pantalon», a répondu le jeune homme. «Marco était de plus en plus vulgaire et prenait de plus en plus d’ascendant dans la pièce.» Sandro n’a pas supporté, a mis sa victime à genoux, le couteau contre la poitrine pour le forcer à s’excuser.

«Il n’a rien appris»

Les faits ont duré une trentaine de minutes, jusqu’à ce que Marco et Sandro en viennent aux mains. «L’adrénaline est montée. J’ai oublié que je tenais le couteau. Je l’ai vu se tenir la gorge. Il s’est évanoui et s’est écroulé. Je l’ai accompagné dans sa chute», a raconté le prévenu, qui n’a gardé aucun souvenir de son geste, mais ne peut concevoir avoir eu l’intention de tuer. «Je n’ai visé aucune partie du corps», a-t-il ajouté, laissant le tribunal sur sa faim. La juge insiste, cherche à comprendre pourquoi le prévenu s’est armé à deux reprises alors que la victime avait obtempéré et que son ami l’avait désarmé une première fois. Le prévenu dit chercher une réponse depuis la nuit des faits.

«Marco était un bon vivant qui aimait faire la fête. Il a voulu faire une mauvaise blague qui a été mal interprétée. Il est impossible qu’il ait voulu voler le prévenu, selon sa sœur», a avancé l’avocate des parties civiles. Pour le parquet, «ce qui s’est passé est assez clair», malgré quelques points qui restent à éclaircir. Comme la question que se pose la 13e chambre criminelle depuis trois audiences : «Pourquoi ne pas avoir demandé à la victime de quitter les lieux plutôt que de faire usage du couteau?» Le procureur ne peut que se référer au dossier et au témoignage de l’unique témoin pour répondre à la question. «Son ami a dit que Sandro avait l’air déterminé et agressif.» Il avait notamment commencé à prendre peur en voyant «le regard» du prévenu.

Le magistrat a conclu au meurtre. Le fait de s’armer une deuxième fois constitue, selon lui, une preuve que le prévenu avait «envisagé et accepté l’éventualité de donner la mort». «À quelles autres conséquences que son décès vous attendiez-vous en le poignardant avec une telle arme dans le cou?», a-t-il demandé avant de requérir une peine de 25 ans de réclusion ferme contre le prévenu. Une peine inférieure à la peine maximale. Le magistrat a pris en compte l’ambiance tendue dans laquelle les faits se sont déroulés, mais a fait l’impasse sur un éventuel sursis. Sandro ayant déjà été condamné précédemment pour des faits de violences, le procureur a estimé qu’il n’avait plus droit à un sursis. «Il n’a rien appris.»