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Home-jacking à Bereldange : les prévenus tentent de sauver leur peau


Le couple de personnes âgées cherchait à vendre son appartement. Une annonce qui a attiré les mauvaises personnes. (illustration Editpress)

Dans le procès du violent home-jacking d’un couple âgé à Bereldange c’est sauve-qui-peut. À part la victime, personne ne se souvient qui tenait le pistolet…

« Sendy m’a demandé de l’accompagner à une fête privée au Luxembourg. Sous prétexte qu’il fallait une présence féminine pour rentrer plus facilement… » Voilà la version de la prévenue Amandine U. (31 ans). Avec quatre hommes originaires de Forbach, la trentenaire est jugée depuis lundi pour avoir participé au violent home-jacking d’un couple de personnes âgées (75 ans et 83 ans) à Bereldange.

À bord de la voiture de Sendy F. avec Kevin H. et Marouan H. visiblement, elle s’était rendue au Grand-Duché le 23 décembre 2008. Elle s’était mise sur son 31. Mais au pied de l’immeuble à Bereldange, c’était tout sauf une ambiance de fête. «Tu te fais passer pour la femme de Kevin et tu vas visiter l’appartement en vente», lui aurait lancé Sendy F.

«Seule face à trois hommes, vous faites quoi ?», a tenté Amandine U. d’amadouer jeudi la présidente. Cette dernière ne s’est pas laissée impressionner : «Mais aller avec eux à la fête, cela ne vous gênait pas !»

Ses souvenirs du braquage qui suivra cette visite de l’appartement restent très vagues. Elle se souvient quand, à la fin de la visite, la propriétaire a ouvert la porte «et ils ont déboulé». Mais elle ne se souvient plus qui a plaqué la dame au sol : «Je ne sais plus si c’est Sendy ou l’autre. Tous les deux avaient une cagoule.»

On est bien loin de la version livrée par la victime. La présidente constate : «Vous avez la mémoire qui flanche. La victime n’a pas vu de cagoules.» Et d’insister : «Est-ce que vous avez été approchée ou menacée par quelqu’un ?»

– «Récemment non. Mais j’ai peur de ceux qui sont susceptibles de me faire du mal. Je vérifie 50 fois que ma porte soit bien fermée…»

La prévenue finira par déclarer qu’elle a bien vu un pistolet lors du braquage. Mais ses souvenirs s’arrêtent là : «Je ne sais plus si c’est Sendy ou l’autre.» À la question de savoir qui était le chef, sa réponse était toutefois claire : «Sendy. C’est lui qui m’a embarquée dans cette histoire. C’est lui qui a conduit la voiture. C’est lui qui a déboulé dans l’appartement.»

Sous l’effet de la drogue et sans argent

Sur ce point, elle rejoint la version du prévenu Kevin H. (34 ans). Selon ce dernier, c’est Sendy F. qui l’aurait forcé à aller visiter une première fois l’appartement à Bereldange seul la veille du braquage pour voir s’il y avait des objets de valeur.

«À l’époque, je n’étais pas bien financièrement, je devais toucher 1 000 euros», explique le jeune homme en détention préventive à Schrassig depuis 2016. Il dit avoir été un peu bousculé par les événements : «Un soir, mon ami d’enfance Marouan H. m’a proposé le cambriolage. Sous l’effet de la drogue, j’ai dit oui. Le lendemain midi, il est venu me chercher avec Sendy F. On a roulé et on s’est retrouvés au Luxembourg.»

«Je pensais qu’on allait cambrioler ce jour», ajoute-t-il. Mais le soir, on l’aurait redéposé chez lui. Quelques heures avant qu’on vienne le rechercher pour qu’il passe la nuit à l’hôtel. «Sendy a peur que tu te désistes.» Voilà l’explication qu’on lui aurait donnée à l’époque. Une fois embarqué dans cette affaire, il n’aurait plus eu aucun moyen de faire marche arrière.

La victime avait clairement identifié Kevin H. comme étant celui qui l’avait menacée avec le pistolet au moment d’ouvrir le coffre-fort. «Je n’ai jamais tenu d’arme à feu dans les mains. Elle doit me confondre», s’est-il défendu. Mais il se souvient très bien que c’est Sendy F. qui a sorti le scotch pour ligoter les victimes. En somme, tout le contraire de ce qu’avait déclaré ce dernier la veille à la barre. «Je ne suis pas un saint, mais je ne frappe pas les personnes âgées», avait prétendu celui qui repousse le rôle de commanditaire sur le cinquième prévenu Kenan D.

Quatre audiences n’auront pas suffi pour venir à bout des débats. Suite jeudi prochain.

Fabienne Armborst