Accueil | A la Une | Hockey sur gazon : «J’espère que Luxembourg va découvrir ce sport»

Hockey sur gazon : «J’espère que Luxembourg va découvrir ce sport»


Pour son premier tournoi international, la sélection féminine en hockey à 5 a décroché une victoire et s’est classée huitième sur neuf.

De retour de Pologne et du premier championnat d’Europe du Grand-Duché en hockey féminin à 5, la capitaine de la sélection nationale Diane Krüger se veut optimiste quant au développement de ce sport jusque-là confidentiel.

Capitaine de la sélection nationale féminine, co-capitaine en club et coach de jeunes, Diane Krüger est une figure du hockey sur gazon au Luxembourg. Bercée par ce sport dans sa famille en Allemagne, la joueuse de 45 ans a participé au premier championnat d’Europe de hockey à 5 du Grand-Duché. Du 2 au 7 juillet dernier à Walcz, en Pologne, les sept Luxembourgeoises ont remporté une première victoire historique contre la Finlande, se classant huitièmes sur neuf. Leur capitaine revient sur ce tournoi et ce premier exploit collectif qu’elle espère être un accélérateur pour le développement de ce sport qu’elle connaît par cœur.

Le hockey sur gazon étant plutôt méconnu, d’autant plus au niveau féminin, comment êtes-vous tombée dedans ?

Diane Krüger : C’est parce que je viens d’une famille passionnée de hockey sur gazon. Mon grand-père, qui était journaliste, a ramené dans les années 1960 des sticks de hockey d’Inde et du Pakistan parce qu’à l’époque, c’était là-bas qu’on jouait le plus au hockey. Puis, il a fondé un club de hockey en Allemagne, à Bad Honnef et ma mère et mes oncles et tantes ont joué au hockey. C’était clair que les enfants de ma mère allaient y jouer aussi. J’ai un grand frère qui a joué dans l’équipe nationale allemande U18 et puis moi, j’ai joué aussi en Allemagne dans le club de Uhlenhorst Mülheim, l’un des clubs les plus renommés en Allemagne.

Après l’Allemagne, j’ai travaillé en Belgique où j’ai joué à Bruxelles, dans la division la plus haute du pays. Et depuis 2008, je suis au Luxembourg pour le travail et j’ai rejoint le Luxembourg Hockey Club, le seul club du pays. Quand je jouais en Belgique, je me disais qu’à 30 ans, il fallait arrêter le hockey. Sauf que j’ai 45 ans aujourd’hui (rires).

Comment se développe ce sport au Grand-Duché ?

Depuis 2020, nous avons au club une équipe de dames que j’ai rejointe dès le début et où nous sommes environ 16 joueuses. C’est grâce au Covid-19 que l’équipe s’est fondée, car à ce moment-là, on avait moins d’événements le soir, donc plus de temps à consacrer à ce sport. Puis, depuis septembre 2023, nous avons une équipe nationale féminine en hockey à 5 qui a participé à son premier championnat d’Europe en Pologne.

La compétition, ce n’est pas le plus important

Quel bilan tirez-vous de la première compétition internationale ?

Il faut dire que cette variante de hockey à 5 est toute récente. Ce n’est qu’en 2023 qu’a eu lieu le premier championnat européen dans ce sport. Pour nous, c’était une grande découverte en Pologne parce qu’il y a quelques mois encore, on ne connaissait même pas les règles de ce sport. Nous n’avions jamais fait de match contre une autre équipe avant. C’était un défi, d’autant plus qu’il y a des joueuses de la sélection qui ne jouent pas au Luxembourg, mais aux Pays-Bas et en Allemagne.

Même si l’avantage est que c’est beaucoup plus facile de créer une équipe parce qu’il n’y a que cinq joueuses, contre onze au hockey normal, nous n’étions que sept au total alors que les autres équipes avaient, elles, cinq remplaçantes. C’était quand même très chouette parce que l’on a pas mal joué. Même si on a encaissé beaucoup de buts, on a créé des bons moments de jeu, en menant 2-0 le premier match et en gagnant notre première rencontre internationale. On a senti que la prochaine fois, on pourra être meilleure.

Cela pourrait-il marquer le début de l’essor du hockey sur gazon ?

Oui, j’espère qu’il y a des gens qui vont être attirés par ce sport. J’espère que Luxembourg va découvrir ce sport parce qu’il faut dire qu’en Belgique et en Allemagne, c’est l’une des disciplines sportives qui a le plus de succès. J’espère qu’un jour, cela sera pareil au Luxembourg.

Je crois que les Luxembourgeois, quand on leur dit « hockey« , ils pensent surtout au hockey sur glace et non sur gazon. Mais en découvrant ce sport, ils auront envie d’y participer. La compétition, ce n’est pas le plus important, c’est surtout s’amuser ensemble, le fair-play et l’esprit d’équipe. C’est aussi un sport technique qui donne beaucoup de possibilités pour s’amuser avec le stick, presque plus qu’avec une jambe au football. Et il n’y a pas de choc ou de contact physique, en général. Si on pousse quelqu’un, on sort une minute du terrain, donc cela calme vite.

Ils ne savaient pas comment est notre drapeau

Racontez-nous l’histoire avec le drapeau national lors de l’Euro en Pologne.

Le premier jour, ils ont montré tous les drapeaux des participants et on a constaté qu’au lieu du drapeau luxembourgeois, il y avait le drapeau néerlandais, avec le mauvais bleu. D’autant plus que les Pays-Bas, c’est le pays qui est presque le numéro un du hockey. Puis, les matchs étaient diffusés sur internet et pour notre rencontre contre la Suède, ils avaient mis le drapeau autrichien. Ils ne savaient pas comment est notre drapeau parce que c’est la première fois qu’une équipe féminine luxembourgeoise participe à un tournoi international.

Êtes-vous optimise quant à une meilleure reconnaissance du Luxembourg dans ce sport ?

Oui, j’ai vu récemment que l’équipe de France de football avait perdu 17-1 contre le Danemark en 1908 et en 1998, la France était championne du monde. Je me dis que l’on a un peu d’espoir nous aussi (rires). Mais ce qui est chouette, c’est qu’il s’agit encore d’un sport amateur et donc c’est toujours possible de faire de très bons résultats en étant amateur. Il y a de l’espoir pour le Luxembourg, il faut juste plus de gens qui participent.

J’espère encore continuer un peu, mais je me prépare à passer le relais aussi, donc j’espère qu’il y aura beaucoup de nouvelles pour passer le flambeau. D’ici là, on va jouer le 22 août à Douai, en France, pour la qualification pour les championnats européens de l’année prochaine.

Créée en septembre dernier, et avec seulement deux remplaçantes contre cinq chez ses adversaires, la sélection luxembourgeoise a pris ce championnat d’Europe comme un véritable défi. Photo : dr

Le hockey sur gazon, un sport millénaire

Loin d’être la discipline olympique la plus médiatisée, le hockey sur gazon peut se targuer d’être l’un des sports les plus vieux au monde. Comme le rappelle l’AFP, des documents montrent que des jeux de crosse et de balle sont pratiqués en Perse, en Égypte, en Grèce et à Rome dès 2 000 ans avant J.-C. Le hockey sur gazon ne devient véritablement un sport qu’en 1861 avec la naissance du premier club à Blackheath, près de Londres.

Apparu pour la première fois aux Jeux olympiques en 1908, le hockey sur gazon masculin y fait son entrée définitive en 1928, à Amsterdam, tandis que les femmes doivent, elles, attendre 1980 et les Jeux de Moscou. À Paris, la Belgique chez les hommes et les Pays-Bas chez les femmes chercheront à conserver leur médaille d’or obtenue à Tokyo. Contrairement aux Luxembourgeoises, les équipes joueront au hockey sur gazon classique, à onze contre onze, dans des matchs disputés en quatre périodes de 15 minutes.

Pour l’emporter, c’est le même principe que pour la version sur glace : les joueurs doivent marquer le plus de buts à l’aide de leurs crosses, tout en se trouvant dans la zone de tir qui entoure le but adverse.