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Heispelt : elle frappe son mari avec un marteau et le laisse pour mort


Les juges de Diekirch ont à juger une affaire peu commune : une épouse a roué son époux de coups de marteau avant de le laisser pour mort.

Pendant des semaines, Catiuscia a vécu comme si de rien n’était avec le cadavre de son mari dans la cave. Elle l’y aurait traîné après lui avoir asséné des coups de marteau à la tête.

Est-il en bas?» – «Oui.» – «Est-il mort?» – «Oui.» Catiuscia n’a pas cherché à nier l’évidence face à la police le 7 mars 2022. «J’ai emprunté les escaliers pour descendre à la cave. J’ai vu un homme nu couché sur une couverture», a témoigné le policier qui a trouvé le corps de la victime. «Il avait le visage très abîmé.» La Brésilienne de 41 ans a asséné plusieurs coups de marteau à son mari, Jean, alors âgé de 57 ans et l’a laissé pour mort.

«Au moins six coups ont été portés, peut-être plus, mais certainement pas moins» au côté droit de la tête, a indiqué un agent de la police technique en montrant un marteau «d’un kilogramme ou 1,5 kilogramme» dans un sachet scellé à la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch. Des coups portés par-derrière dans la chambre de la victime qui n’auraient pas immédiatement entraîné la mort. «La prévenue a avoué à la police qu’il serait décédé au moins un jour après les coups», a précisé le procureur qui n’a d’autre version à laquelle se fier.

Des voisins et les amis du village de Heispelt s’étaient inquiétés de ne plus avoir de nouvelles de la victime et avaient alerté la police et la bourgmestre de la commune de Grosbous-Wahl où vivait le couple marié depuis 2013. Selon la version que la prévenue a donnée aux policiers, les époux se seraient disputés le 13 février 2022. Dès le matin, Jean l’aurait insultée avant de la menacer avec un couteau. Elle aurait attendu que la tension retombe pour se saisir du marteau dans un débarras et aurait rejoint la victime dans sa chambre à coucher. Avant de le frapper, elle avait pris le soin de fermer les volets.

Tout se serait passé rapidement. La victime n’aurait pas eu le temps de se défendre. «Elle a dit à la juge d’instruction avoir donné trois coups à son mari quand il était déjà au sol», a précisé un enquêteur de la police judiciaire. Catiuscia a ensuite déshabillé son époux «pour qu’il gèle» avant de le tirer par les pieds jusqu’aux escaliers de la cave et de le pousser pour qu’il tombe. «Elle nous a confié qu’il parlait encore», précise le policier. «Elle nous a raconté froidement les faits.»

Toutes les heures, Catiuscia aurait vérifié si la victime était encore vivante, puis éteignait la lumière de la cave, refermait la cave derrière elle et la bloquait avec la table de la cuisine jusqu’à ce qu’elle constate son décès, a rapporté l’enquêteur. C’était, selon la prévenue, le 14 février 2022. Agonisant, son époux aurait, prétend-elle, reconnu «avoir mérité» son sort.

Le goût de l’argent

L’homicide se serait produit sur fond de violences conjugales et d’alcoolisme. Une enquête de voisinage à Heispelt a révélé que la victime était très appréciée dans la localité, contrairement à son épouse qui se serait livrée à des pratiques vaudoues et à des actes de maltraitance envers Jean. Un an avant les faits, l’homme s’était plaint à la police : elle déjà aurait tenté de le pousser dans les escaliers de la cave.

Catiuscia qui n’a pas hésité à interrompre plusieurs fois les témoins et les magistrats pour apporter des précisions hier, a-t-elle inversé les rôles en passant de victime à bourreau? C’est, en tout cas, ce qui semble ressortir de ses déclarations tout au long de l’enquête. Une enquête qui révèle également une autre facette de la quadragénaire dont l’acte aurait pu être motivé par le luxe et le goût de l’argent.

Jean aurait confié à un témoin qu’elle ponctionnait toute sa pension. Une analyse de son smartphone et de son ordinateur a révélé que son mari à peine balancé dans la cave, elle a consulté des annonces immobilières au Brésil, notamment, ainsi que des sites internet de produits de luxe. Il lui est également reproché d’avoir voulu acquérir la maison de Jean, ce qui lui vaut aussi d’être accusé de blanchiment.

«Elle n’a pas le courage de prévenir les secours pour son mari, mais elle passe son temps sur son téléphone à consulter des annonces immobilières et des articles de luxe après les faits», a constaté le procureur. Une attitude troublante.

Le procès se poursuivra jeudi matin avec l’expertise psychiatrique de la prévenue et lundi avec le rapport du médecin légiste.