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Haute-Saône : la première fabrique à cercueils d’Europe augmente la cadence


La fabrique se situe à Jussey. Tout le bois utilisé vient des forêts aux alentours (Photo : AFP).

Dans la plus importante fabrique de cercueils d’Europe, à Jussey, la cadence s’accélère face à l’épidémie de coronavirus : désormais masqués, les salariés ne comptent plus leurs heures pour offrir aux nombreux défunts de France leur « dernier manteau ».

La France compte ses morts et les commandes affluent. Pour répondre à la demande, l’usine haute-saônoise du groupe OGF, numéro un français des services funéraires, s’est réorganisée pour fabriquer 410 cercueils par semaine contre 370 en temps normal.

« Suite à l’épidémie, on a décidé de fabriquer seulement les quatre types de cercueils les plus vendus aux familles », sur les 15 gammes habituellement proposées, ce qui « nous a permis d’optimiser le flux de production », explique le directeur du site Emmanuel Garret. « On pourrait encore envisager d’augmenter la cadence », assure-t-il.

Pour suivre le rythme, les 120 salariés du site sont passés de 35 à 39,5 heures de travail hebdomadaire. « Il faut faire tenir les équipes. Mais si besoin, elles sont prévenues et sont d’accord pour venir travailler aussi le samedi », abonde Didier Pidancet, chef d’équipe au pré-triage du bois.

« On est content de participer à cet effort national, on essaie de faire notre maximum pour que les défunts puissent avoir leur dernier manteau, comme on dit », confie ce pilier de l’entreprise.

L'usine dispose d'un stock confortable pour ces 3 prochains mois (Photo : AFP).

L’usine dispose d’un stock confortable pour ces 3 prochains mois (Photo : AFP).

Créée en 1910, l’usine de Jussey produisait du charbon de bois et du parquet avant de se spécialiser dans la fabrication de cercueils à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.

C’est désormais l’une des deux usines du groupe OGF qui détient un quart du marché français du secteur et fournit les professionnels PFG, Roblot et Dignité Funéraire, soit plus de 1.000 points de vente dans l’hexagone.

« 500 boîtes par jour »

Quelque 8.000 cercueils sortent chaque année de ce site de 10 hectares où sont écorcés et tranchés les billots de chêne, séchées et découpées les plaques de bois, puis assemblés et vernis les cercueils. Le bois, du chêne essentiellement, provient des vastes forêts alentour.

« On est serein, on a trois mois de stocks de bois, de colle, de clous et de vernis devant nous », note M. Garret, qui a dû composer avec l’absence de 18 de ses 120 collaborateurs. Trois d’entre eux sont touchés par le Covid-19 et les autres sont soit considérés comme « à risque », soit contraints de rester chez eux pour garder leurs enfants.

Sous les toits de tôle résonnent les derniers coups de marteau portés par des ouvriers masqués sur des cercueils en cours de finission. Les caisses mortuaires défilent ensuite sur un tapis roulant, jusqu’au hangar de stockage. « On nous demande un peu plus de grandes tailles », note le directeur qui se refuse à y voir un effet de l’épidémie de Covid-19 qui tue d’avantage les personnes en surpoids.

Selon David Theurez, dans les murs depuis plus de 30 ans, les ouvriers sont prêts à affronter cette période de surmortalité. « Pendant la canicule de 2003, on est monté à 500 boîtes par jour », sur un laps de temps plus court et après le rappel en catastrophe des équipes parties en vacances d’été.

« Mais aujourd’hui, c’est un peu spécial, il faut qu’on se protège aussi avec des masques, des gants. C’est une crise collective, on doit faire des efforts et jouer le jeu », estime-t-il.

A la demande de la direction, une couturière du village a confectionné deux masques en tissu par salarié tandis que la désinfection des postes de travail occupe désormais une bonne partie du temps de travail de la femme de ménage.

« Les mesures barrières ont été bien appliquées dès le début », constate M. Garret, « trois salariés seulement ont été touchés par le Covid-19, c’est étonnant en étant si proche du Grand Est, on croise les doigts ! »

AFP