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Hausse de l’effort de défense : «Un grand défi pour le Luxembourg»


La ministre de la Défense, Yuriko Backes, a présenté vendredi la nouvelle trajectoire d’investissements pour 2025.

Pour atteindre l’objectif des 2 % fixé par l’OTAN, le Luxembourg va devoir augmenter de manière considérable son budget de la défense. Mais il peut compter sur de nombreux projets d’envergure.

Le Luxembourg va continuer de poursuivre ses efforts en matière de défense. Mercredi, le Premier ministre, Luc Frieden, avait annoncé, lors de son discours de l’état de la Nation, son intention d’augmenter l’effort de défense du pays à 2 % du Revenu national brut (RNB) pour 2025.

Un changement de trajectoire important, car l’objectif des 2 % avait été fixé à 2030 lors du dernier rapport en 2024. Vendredi, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, a fourni davantage de détails sur l’évolution de la hausse de l’effort de défense et sur les capacités d’investissements du pays.

Concernant les chiffres, la ministre a confirmé qu’une enveloppe de 1,18 milliard d’euros sera allouée à l’effort de défense. Pour rappel, la trajectoire d’investissements dans la défense, revue à la hausse en juin 2024, avait prévu un budget de 780 millions d’euros pour cette année 2025.

Le budget passe ainsi de 1,32 % à 2 % du RNB. «2 % à partir de 2025, c’est un investissement dans notre défense et notre industrie nationale», a souligné la ministre de la Défense lors de la conférence de presse.

Une hausse certaine qui a été influencée par plusieurs facteurs. D’une part, par un contexte géopolitique instable (guerre en Ukraine, menace de la Russie) et, d’autre part, par l’engagement pris par les alliés de l’OTAN de consacrer au moins 2 % de leur PIB (ou RNB pour le Luxembourg) à la défense.

En 2024, 22 des 32 membres du traité de l’Atlantique Nord avaient déjà investi 2 % de leur produit intérieur brut dans la défense. Les autres nations, à l’image du Grand-Duché, avaient annoncé attendre la fin de l’année 2025 pour atteindre cet objectif. C’est donc chose faite pour le Luxembourg.

«Il y a plus que suffisamment de projets»

Mais la grande question reste celle des capacités d’investissements pour permettre au pays d’atteindre cette hausse de l’effort de défense. Sur ce point, la ministre de la Défense a détaillé les différents piliers permettant d’atteindre cet objectif pour 2025.

Sur les 402 millions d’euros de surplus, une partie séparée sera consacrée au soutien militaire au profit de l’Ukraine (90 millions d’euros prévus). En soustrayant cette aide, les 312 millions d’euros restants seront atteints aux deux tiers par des nouveaux investissements.

Parmi eux, un projet de satellite de communication gouvernementale et militaire GovSat-2 devrait permettre d’investir 105 millions d’euros. Un montant qui ne correspond pas, pas revanche, au budget total de ce futur programme, qui fera l’objet d’une loi de financement. D’autres projets en recherche et développement, notamment dans le domaine des drones, devraient être lancés en 2025.

Le tiers restant (115 millions) provient d’autres ministères et des administrations de l’État contribuant à la sécurité et à la défense. Du côté des financements, Luc Frieden avait précisé lors de son discours sur l’état de la Nation que cette augmentation se ferait à travers trois sources : par le budget de l’État, la redéfinition des priorités en matière de dépenses, et par la mobilisation d’un fonds national auprès de la SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement).

Ces projets seront-ils suffisants pour atteindre l’objectif fixé par l’OTAN? Là encore, la ministre de la Défense se veut rassurante. «Il y a plus que suffisamment de projets. Il y a un écosystème qui se développe de plus en plus au Luxembourg.

De nouvelles cibles nous seront attribuées par l’OTAN. Ce sont de très gros projets pour les années à venir», explique Yuriko Backes. Le Luxembourg peut, en effet, compter sur un secteur de la défense en plein développement. Le pays se démarque particulièrement dans les secteurs des technologies spatiales (satellites), ou encore de la cybersécurité. Aujourd’hui, 121 entités représentent ce domaine en plein boom.

La ministre de la Défense a d’ores et déjà annoncé que le cap minimal des 2 % pourrait être revu à la hausse, lors du sommet de l’OTAN prévu aux Pays-Bas, fin juin.

«C’est un très grand défi pour le Luxembourg. Le challenge le plus important n’est pas d’arriver au 2 %, mais de maintenir de façon structurelle ce niveau, voire de l’élever en fonction des nouvelles décisions qui seront prises à La Haye.»