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«Haus Konterbont» : protéger les enfants, aider les parents


Les douze chambres du centre d’accueil «Haus Konterbont» affichent complet avec les 16 enfants actuellement placés. (Photos : julien garroy)

Officiellement inauguré mardi, le centre d’accueil jour et nuit «Haus Konterbont» accueille 16 enfants placés pour maltraitance dans leurs familles, sans pour autant les éloigner d’elles.

«C’était un projet très attendu, cela faisait une vingtaine d’années que l’on se demandait ce qu’on allait mettre sur ce site.» Présidente de la Fondation Pro Familia depuis douze ans, le Dr Michèle Kayser avait le sourire aux lèvres hier lors de l’inauguration officielle du centre d’accueil jour et nuit pour enfants maltraités. Ce dernier, nommé «Haus Konterbont», a été construit sur le site historique de la dondation à Dudelange, 5 route de Zoufftgen, à la place de l’ancienne annexe du Centre national de l’audiovisuel.

«D’abord, il y avait l’idée de construire un internat, puis une crèche jour et nuit mais finalement c’est ce projet qui a été retenu», se félicite la présidente. Construit entre juillet 2018 et février 2023, le bâtiment permet de combler le vide post-foyer d’accueil de la fondation où les enfants en détresse ne pouvaient rester que trois mois. «Après trois mois, il fallait chercher une nouvelle structure. Chez nous, les enfants avaient noué des relations avec les éducateurs, à l’école, avec les copains mais ils devaient finir par déménager je ne sais où.» Avec cette nouvelle structure, une passerelle existe désormais entre le foyer temporaire et l’accueil permanent, le centre accueillant des enfants jusqu’à 18 ans maximum.

Seize enfants placés

Actuellement, 16 sont logés dans le «Haus Konterbont» à la suite de placements judiciaires. Ces derniers sont divisés en deux groupes, chacun ayant son étage, et sont répartis à travers les douze chambres. Bien que l’inauguration ait eu lieu hier, le premier groupe d’enfants occupe le «Haus Konterbont» depuis mars 2023. «Ce n’était pas facile de trouver une date, nous devions terminer la décoration et nous attendions l’ouverture du second groupe pour inaugurer» glisse Béatrice Ruppert, directrice adjointe de la fondation.

L’ouverture du second groupe de huit enfants en 2024 a surtout été décalée à cause de la recherche de personnel. Car la demande, elle, est bien là. «C’est un projet qui rencontre un besoin important par rapport à la situation des enfants qui sont placés», constate la directrice adjointe. Les enfants qui logent au centre d’accueil sont placés par l’Office national de l’enfance, selon une sélection affinée (lire contre), et le service d’État fait savoir qu’il existe des listes d’attente pour intégrer une telle structure. À Dudelange, le «Haus Konterbont» affiche complet. «Aussi malheureux que ce soit, nous sommes complets malgré notre effort de prévention afin d’empêcher d’arriver au stade du placement externe.»

Les enfants accueillis sur place sont victimes dans leur foyer de souffrance, de maltraitante ou de négligence, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Parfois, les placements sont volontaires et viennent de parents qui «ressentent leur débordement» mais dans la majorité des cas, c’est le juge de la jeunesse qui l’ordonne.

«Maintenir une relation familiale»

Une fois éloignés du domicile familial, les enfants ont une vie la plus normale possible. Ils sont scolarisés à Dudelange, participent aux activités locales, s’inscrivent dans les clubs de sport locaux et participent à la vie du centre, avec ses règles et sa routine. «La prévisibilité, c’est très important pour les enfants qui ont vécu un traumatisme qui leur est tombé dessus d’un coup.» Afin de se sentir en sécurité et à l’aise, les enfants ont la possibilité de décorer leur chambre avec des stickers, des posters, leurs médailles ou leurs plus beaux dessins. Mais on trouve également des photos de leur famille qui sont, elles, volontairement placées par les psychologues.

Et pour cause, lorsqu’un enfant intègre le «Haus Konterbont», cela ne veut pas dire que le lien familial est coupé à tout jamais. Il s’agit plutôt de s’éloigner afin de mieux le réparer. «Les enfants sont placés avec l’objectif de maintenir une relation familiale et que les parents restent une figure de référence», assure Béatrice Ruppert. «Ce ne sont pas les enfants qui sont le problème mais c’est la relation avec les parents, qui sont parfois eux aussi en détresse», complète la présidente.

Lorsque la situation le permet, les parents peuvent venir visiter leur enfant au centre, avec comme particularité l’interdiction des téléphones afin de se concentrer sur l’échange. Les parents peuvent également travailler leur parentalité avec les psychologues présents dans les locaux et qui rencontrent aussi les enfants chaque semaine. Lorsque des progrès sont constatés, alors les enfants peuvent revenir au domicile familial, ce qui a déjà été deux fois le cas depuis mars 2023. «Lorsqu’ils rentrent en famille, on ne les laisse pas tomber et on les suit encore», précise le Dr Michèle Kayser.

Le centre d’accueil jour et nuit possède des espaces dédiés aux psychologues mais aussi aux visites de parents.

Le placement d’enfants, un choix précis

Avant d’avoir une chambre dans le «Haus Konterbont» ou parmi d’autres structures d’accueil similaires, les enfants sont placés par l’Office national de l’enfance (ONE) dont la mission est «de répartir tous les enfants qui ne peuvent plus vivre dans leur milieu familial», explique sa directrice Michèle Bressanutti. Après le placement judiciaire décidé à la suite d’enquêtes sociales, une ordonnance est envoyée au service protection de l’enfance de l’ONE qui doit consulter les places disponibles dans les différents gestionnaires sociaux (Fondation Pro Familia, Croix-Rouge, etc.).

«On choisit en fonction de l’âge, de la dynamique du groupe, des approches pédagogiques mais aussi du traumatisme. On ne met pas une fille de sept ans avec des garçons qui ont des comportements sexualisés.» Un procédé qui prend en moyenne trois à quatre semaines après la décision du juge. Durant cette période de recherche, l’enfant peut être provisoirement placé dans un centre d’accueil d’urgence en cas de crise aiguë.

Contact par tél. au (+352) 51 72 72, de 8 h à 18 h du lundi au vendredi.

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