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Harcèlement obsessionnel : Raquel ferme sa porte à Jasmin, il rentre par la fenêtre


Le prévenu n’a pas respecté les conditions de son contrôle judiciaire pour revoir Raquel. (Photo: archives lq)

Pour passer du temps avec Raquel, Jasmin était prêt à tout, même à s’introduire chez elle de manière illégale. Elle avait mis un terme à leur relation, mais il ne voulait rien entendre.

Raquel ne pensait pas, quand elle a rencontré Jasmin, qu’elle aurait un jour peur de rentrer chez elle. «Nous avons échangé sur un réseau social pendant deux ans avant de nous rencontrer. Il est tout de suite tombé amoureux de moi et voulait un engagement sérieux», a expliqué la jeune femme de 32 ans à la barre de la 12ème chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin. «Il était jaloux et je sentais que ça ne fonctionnerait pas entre nous. J’ai essayé de lui faire comprendre, mais il insistait. Il voulait me voir tous les jours.» Jour après jour, elle le retrouvait invariablement devant la porte de son domicile. «Parfois, je craquais et je le laissais rentrer pour avoir la paix.»

Jusqu’à ce que la jeune femme n’en puisse plus. «Je l’ai bloqué partout. J’ai dû changer de numéro de téléphone, éteint la sonnette de la maison… Il a créé une trentaine de faux profils différents sur les réseaux sociaux pour essayer de me contacter. Il a aussi déposé une lettre.» Raquel essaie de l’ignorer, mais elle ne se sent plus en sécurité, seule avec ses deux jeunes enfants, à son domicile. Quand il n’arrive pas à la joindre, il passe par sa cousine. «Il mettait une pression énorme sur Raquel», témoigne une amie. «Je l’ai entendu tambouriner contre la porte deux ou trois fois», confirme une voisine.

La jalousie du prévenu, jugé par défaut hier matin, atteint son paroxysme dans la nuit du 2 octobre 2022. Jasmin tambourine à sa porte, crie et finit par s’introduire à son domicile en brisant la vitre de la porte donnant sur le jardin. Il tombe nez à nez avec la cousine de Raquel et sa fille. «Il était agressif», rapporte-t-elle. Quand il a compris que les cousines avaient prévenu la police, il s’est emparé d’un couteau dans la cuisine et s’est retranché dans une des chambres du premier étage jusqu’à ce que la police vienne l’en déloger non sans mal.

Sous contrôle judiciaire

«Nous avons dû employer la force pour le désarmer et l’interpeller. Il a mordu un de mes collègues», a précisé un des policiers présents sur place. Jasmin leur a résisté et a refusé d’ouvrir la porte, insultant copieusement les policiers au passage. Des agents sont arrivés en renforts. «Nous nous sommes mis à trois pour enfoncer la porte.» Avant cela, le policier avait profité d’un entrebâillement dans la porte pour essayer d’asperger Jasmin de spray au poivre dans l’espoir qu’il se rende.

Jasmin est placé en détention provisoire pendant quelques jours avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire à condition qu’il ne cherche plus à entrer en contact avec Raquel.

Peine perdue, l’envie l’emporte sur la raison et il contacte la cousine de Raquel pour lui demander un rendez-vous. Les deux jeunes femmes étaient parties à l’étranger entre les fêtes de fin d’année. «Je n’ai pas osé rentrer chez moi après cet appel. J’ai passé deux jours chez ma mère», indique Raquel. «Quand je suis finalement rentrée chez moi, j’ai constaté qu’une fenêtre avait été brisée et que mon double de clé de chez moi avait disparu.»

«Il l’importunait, la dérangeait dans sa vie privée»

Elle comprend immédiatement que Jasmin est revenu en son absence et prévient la police. C’est la troisième fois qu’il s’introduit à son domicile sans son accord. Il l’avait déjà fait une première fois en mai 2021 en repoussant une amie de Raquel qui voulait l’empêcher de rentrer. «Il l’importunait, la dérangeait dans sa vie privée» au point que «Rachel n’osait plus rester seule avec ses enfants à son domicile», a conclu la représentante du parquet qui est revenu sur le «harcèlement obsessionnel» qu’a vécu la jeune mère de famille, avant de conclure à «l’atteinte à la vie privée» et à «la violation de domicile».

La magistrate a ajouté la rébellion, l’outrage ainsi que le vol avec effraction et escalade à la liste des infractions commises par Jasmin. «Étant donné les circonstances, elle ne lui a certainement pas remis le double des clés», estime-t-elle avant de requérir une peine de 18 mois de prison et une amende à l’encontre de Jasmin.

Le prononcé est fixé au 11 janvier prochain.