Accueil | A la Une | Harcèlement obsessionnel : «Il me traitait de prostituée»

Harcèlement obsessionnel : «Il me traitait de prostituée»


Schalom n’aurait pas supporté qu’Anna soit restée en bons termes avec son ex-mari.

Schalom est accusé de ne pas avoir su laisser Anna en paix. Tandis que la jeune femme lui reproche de l’avoir harcelée, il crie au complot ourdi par son ex-épouse et cette amie particulière.

«Il me traitait de prostituée, de quelqu’un qui n’a pas de valeurs. Il a contacté mes voisins, mes clients, mes partenaires en affaires, leurs épouses, mon salon de coiffure en Grande-Bretagne», raconte Anna, 53 ans. «Il a essayé de ruiner ma réputation.» Il, c’est Schalom, un serrurier de 46 ans, avec lequel la jeune femme d’origine polonaise a entretenu une amitié amoureuse.

«Il m’accusait de blanchiment d’argent, d’être en affaires avec la mafia et d’être une personne dangereuse», poursuit-elle à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Pendant près de six mois, du 28 décembre 2018 à mai 2019, Schalom aurait noyé sa partenaire particulière de messages sur divers supports, l’aurait suivie ainsi qu’un de ses amis, attendue en bas de son immeuble avec des amis et serait même allé jusqu’à voler des documents confidentiels en lien avec son activité professionnelle. Avant de les lui rendre.

Schalom avait été condamné le 13 juillet 2022 et a fait opposition au jugement. Il trouve la peine trop élevée, mais n’a pas souhaité s’exprimer au sujet des faits et a passé la main à son avocat. Les deux protagonistes se sont connus lors d’une intervention pour débloquer une porte.

«Notre relation se détériorait. Il n’a pas supporté que je passe Noël avec mon ex-mari», explique Anna. «Il est arrivé chez moi et a tambouriné à la porte. Il ne voulait pas partir. J’ai dû prévenir la police.» Le lendemain, il l’aurait attendue en bas de chez elle.

Le prévenu ne l’aurait plus lâchée. «Il utilisait un grand nombre de numéros de téléphone différents. Il a même attaché un godemichet à ma voiture. J’ai circulé dans tout le pays sans m’en rendre compte», poursuit Anna qui est allée chercher protection auprès de la police et d’associations. La jeune femme est convaincue que Schalom a voulu «nuire à ma réputation» et lui réclame 10 000 euros pour préjudice moral.

«Le dossier est vide»

«Cette affirmation n’est pas prouvée», rétorque Me Moyse qui reproche «un manque de précision de l’accusation». L’avocat cite feu Me Vogel : «Le dossier est vide.» Le procureur est d’avis contraire et évoque «300 appels et 500 mails».

Il a requis une peine de 12 mois de prison assortie du sursis intégral et une amende appropriée à l’encontre de Schalom pour harcèlement obsessionnel et injures. Pour le magistrat, les faits et incriminations ressortent du dossier. Des pièces envoyées presque tous les jours à la police, notamment.

Prouver des faits de harcèlement n’est pas toujours chose aisée. Bien souvent, deux paroles s’affrontent. Le magistrat a estimé que «que l’attitude de Schalom inquiète. Il essaye d’inverser les rôles». Le quadragénaire se pose en victime d’un complot ourdi par son ex-épouse, Anna, et un Iranien qui connaîtrait les deux femmes.

Me Moyse a plaidé en faveur de l’acquittement total de son client. Il a commencé par contester la compétence territoriale partielle du tribunal en ce qui concerne les faits survenus au Royaume-Uni avant de soulever le libellé obscur.

La citation à comparaître serait irrecevable et entraînerait un acquittement. «J’ai l’impression de ne pas avoir reçu l’entièreté du dossier», regrette-t-il encore et ce qu’il y a lu serait un amalgame de reproches trop vagues. «Nous sommes en pleine subjectivité.» Pour lui, les dates des différents faits reprochés à son client ne sont pas claires et les explications d’Anna ne sont pas assez détaillées.

Il termine en priant les juges de jauger le dossier en prenant en compte la crédibilité des deux protagonistes. «Il ne peut pas être jugé sur base de faits qui ne sont pas clairs et de la citation», mais surtout de prononcer un acquittement «pour le droit, pas que pour mon client».

Le prononcé est fixé au 5 juin.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .