Alors que les discours de haine se généralisent sur internet, de plus en plus d’URL sont signalées mais les condamnations restent rares.
Violence verbale, remarque raciste ou homophobe, apologie du terrorisme… Depuis de nombreuses années, les discours haineux gagnent du terrain sur internet. Le Luxembourg n’est pas épargné comme le prouvent les attaques subies par Tatta Tom l’année dernière sur les réseaux sociaux suite à ses séances de lectures à destination des enfants. Une situation délétère qui a poussé la députée Françoise Kemp (CSV) à demander à la ministre de la Justice des précisions sur le nombre de signalements et de condamnation réalisés ces dernières années.
Dans sa réponse, Elisabeth Margue (CSV) note une augmentation des signalements sur le site Bee Secure. En ce qui concerne le racisme et les discriminations, 319 URL ont été signalées en 2023, dont 200 transmises aux autorités compétentes, contre 448 signalements (263 transmises) en 2024. «Les thèmes abordés incluent les appels à la haine ou à la violence en raison de la nationalité, de l’ethnie, de la religion, du genre, de l’orientation sexuelle ou de l’origine», précise la ministre. Bee Secure a également reçu 41 URL en 2023, dont 25 ont fait l’objet de suites, faisant l’apologie du terrorisme et 127 en 2024 (dont 89 finalement transmises). La différence entre le nombre d’URL signalées et celles transmises s’explique notamment par la suppression des contenus, des doublons dans les signalements ou parce que les contenus ne tombent finalement pas sous le coup de la loi.
Des dossiers traités en baisse
Mais si les signalements augmentent, le nombre de dossiers traités et de condamnations ne suit pas la même évolution. Alors que les deux parquets de Diekirch et Luxembourg ont enregistré 160 affaires en 2020, ce nombre n’a quasiment fait que baisser d’années en années pour atteindre les 45 en 2024. Du côté des condamnations, les chiffres varient peu d’une année à l’autre, passant de 11 en 2020 à 15 en 2024 avec un pic à 25 en 2023.
La ministre de la Justice est également revenue sur les campagnes mises en place pour lutter contre la haine en ligne. Face à la montée de la haine en ligne, notamment via les réseaux sociaux, Respect.lu a lancé en 2020 le projet « Dialog statt Hass ». «Il vise les auteurs de discours haineux, généralement envoyés par le parquet pour y participer. L’objectif est d’analyser ensemble l’acte, initier une auto-réflexion, comprendre les causes possibles et promouvoir un comportement plus respectueux.» En 2024, un streetworker dédié à ce sujet est venu renforcer l’équipe de Respect.lu.
Durant l’année scolaire 2022-2023, Bee secure a également lancé la campagne de sensibilisation #NOHATEONLINE pour encourager le respect en ligne et lutter contre les discours de haine. Deux autres initiatives sont prévues par Ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité. Le Plan national contre les violences basées sur le genre mettra l’accent sur la violence numérique, tandis que le Plan national pour les personnes LGBTIQ+ s’intéressera à la haine dirigée contre ces communautés, avec des mesures et projets concrets.