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Gynécologue accusé de viols : sur la piste du docteur A.


Le procès tourne à la guerre entre gynécologue. (photo : archives editpress)

La défense oriente l’instruction sur la piste du docteur A. Depuis les coulisses, le gynécologue tirerait les ficelles dans le but de nuire à son confrère, prévenu dans une affaire de viols.

Une plainte pour faux témoignage pend au nez d’une des victimes présumées du docteur G. La défense a laissé entrevoir son jeu hier. Mes Rollinger et Lorang affirment qu’un ancien associé du gynécologue tire les ficelles d’un complot sensé nuire à sa réputation.

Ils ont décidé d’attendre sa déposition à la barre prévue mardi prochain avant de mettre leur menace à exécution. Le procès pourrait dès lors être interrompu pour laisser place à une nouvelle enquête.

Les deux gynécologues s’étaient déjà affrontés en justice il y a quelques années. Le docteur G. avait attaqué le docteur A. pour diffamation et calomnie, mais l’affaire avait été classée par le parquet. Cette fois, le prévenu semble déterminé à ne pas se laisser faire et à prouver que le docteur A. a un rôle à jouer dans cette affaire. 

Est-il un lanceur d’alerte venu au secours des victimes présumées, ou les victimes présumées sont-elles les instruments d’une basse vengeance? Son implication éventuelle dans l’affaire changera-t-elle la donne au point de disculper le docteur G. des accusations de viols et d’attouchements sexuels qui lui sont reprochées? La défense veut semer le doute dans l’esprit des juges.

Un deuxième coup de théâtre est venu ponctuer l’audience d’hier. Une femme de l’assistance s’est présentée comme une victime supplémentaire et était prête à témoigner immédiatement contre le gynécologue. Le tribunal l’a invitée à s’adresser en premier lieu à la police judiciaire. L’affaire qui aurait dû se terminer ce vendredi matin, prend de plus en plus des allures de procès fleuve.

Menace de faux témoignage

«Je ne me souviens pas.» Illettrée, une des victimes présumées du docteur G. a eu recours à une aide extérieure pour rédiger sa lettre de plainte auprès du collège médical à l’encontre du gynécologue. Me Rollinger pense que les courriers de deux plaignantes sont de la main du docteur A.

Quatre femmes accusent le gynécologue de viols et d’attentats à la pudeur survenus pendant des consultations. Une cinquième victime présumée s’est manifestée auprès du parquet mercredi et une autre à l’audience. Le praticien nie les accusations.

La victime présumée entendue hier après-midi ne se souvient plus qui est l’auteur de la lettre, mais elle assure à la barre de la 13ème chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg que ce n’est en aucun cas le docteur A., qu’elle était allée consulter après le docteur G. La présidente et les avocats, Mes Rollinger et Lorang, doutent fortement de cette amnésie.

Le contenu du courrier «est très précis et très technique», souligne Me Rollinger. «Il faut avoir certaines connaissances médicales pour rédiger ceci.» Me Rollinger insiste : «Vous vous êtes confiée à une personne pendant un long moment, elle a rédigé la lettre, vous en a lu le contenu que vous avez signé, et vous dites que vous ne vous souvenez plus de qui est cette personne!» 

Hasards et coïncidences

La présidente prévient la victime présumée des conséquences d’un faux témoignage. La jeune femme, un brin déconfite, assure ne pas mentir et ne pas avoir informé le docteur A. de ses démarches auprès du collège médical. «Il ne peut pas en être l’auteur. C’est un confrère du docteur G. Je ne pouvais pas avoir confiance.» 

«Vous vous souvenez de nombreux détails… Vous savez que l’auteur n’est pas votre mari, pas le docteur A., pas un avocat, mais vous ne vous souvenez pas qui a rédigé le courrier?, développe Me Rollinger. «Vous avez consulté le docteur A. dix jours avant la rédaction de la lettre. C’est peut-être un hasard. Il y en a peut-être un peu beaucoup.»

Il ajoute qu’une des autres plaignantes qui ne parle que l’allemand, a envoyé une lettre similaire en français au collège médical. «Pleine de doubles points.» L’époux de la victime présumée ne sait pas non plus qui a rédigé le courrier. Me Rollinger menace de déposer une plainte pour faux témoignage. Les avocats de la jeune femme bondissent à son secours. «Quand elle s’est présentée à notre cabinet, elle a cherché à savoir qui l’avait rédigé.»

Le duo travaille au cabinet de Me Prum, «l’avocat du docteur A.». Une coïncidence supplémentaire relevée par Mes Rollinger et Lorang. À laquelle s’ajoute que deux des victimes présumées se connaissaient et ont fréquenté le cabinet du docteur A. après avoir quitté celui du docteur G. Plutôt troublant.

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