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«Une rumeur d’ampleur sans précédent»

Gynécologue accusé de viols :
«Une rumeur d’ampleur sans précédent»


La défense crie au complot mené par un ancien collaborateur. (Photo : archives lq)

Un gynécologue est accusé de viol par cinq patientes. Hier, l’affaire a pris un tournant inattendu : la défense a insinué qu’un ancien associé pourrait essayer de nuire à sa réputation.

Une cinquième victime présumée a contacté le parquet ce mercredi matin après avoir appris la tenue du procès contre son ancien gynécologue pour des viols et des attentats à la pudeur.

Le docteur G, qui a déjà eu maille à partir avec la justice par le passé, nie les accusations de ses anciennes clientes. L’une d’entre elles avait témoigné mardi de «massages du clitoris» lors de la plupart des consultations. «Des va-et-vient» et des invitations à jouir.

Un expert médical a estimé mercredi que la plupart des actes pratiqués par le prévenu «ne relevaient pas de la médecine gynécologique et n’étaient pas utiles ou nécessaires». Idem pour la technique.

Il n’y a pas de justification du va-et-vient ou de la manière de procéder à l’examen de la poitrine en se pressant contre les fesses nues des plaignantes. «Je ne connais pas cette méthode et je n’ai pas trouvé de références à ce sujet», note l’expert. 

L’affaire éclate en avril 2019. Une ancienne patiente du docteur G porte plainte pour viol et attouchements sexuels au commissariat de la gare de Luxembourg.

«Elle évoque des pénétrations digitales et des massages du clitoris», a entre autres résumé un commissaire en chef. Contacté par l’enquêteur, le docteur G nie les accusations, mais deux plaintes supplémentaires ont été déposées au Collège médical. 

L’une concerne «des massages du clitoris» et l’autre un examen de la poitrine qui aurait légèrement dérapé. «Cette dernière a trouvé la situation extrêmement malsaine et perverse, car n’importe qui aurait pu faire irruption dans le cabinet», rapporte le policier. Son époux, par exemple, en plein toucher vaginal, selon la patiente. «Le docteur G pratiquait le principe de la porte ouverte.»

Les victimes présumées évoquent toutes un médecin aux mains baladeuses et aux allusions appuyées quand elles se trouvaient en tête à tête avec lui à son cabinet.

L’une d’entre elles «évoque avoir senti son pénis en érection» et «son regard changer». Ses confrères du CHL auraient été au fait des pratiques douteuses du médecin aux pourtant nombreux avis positifs en ligne.

«Tout le monde en parlait»

Les faits allégués auraient eu lieu entre 2013 et 2018. Ils font ressurgir un conflit entre le docteur G et un de ses anciens associés, le docteur A.

Ce dernier aurait tenté de nuire à la réputation du prévenu en formulant des propos calomnieux à son égard auprès de patientes et d’autres confrères. La défense du prévenu laisse entrevoir la possibilité que le docteur A ait pu orchestrer toute l’affaire pour continuer à lui nuire. 

Deux des victimes présumées seraient amies, selon Me Rollinger, et des courriers, que l’avocat croit avoir été rédigés par le docteur A et pas par les plaignantes, sèment le doute.

Le docteur A fait partie des témoins qui seront entendus mardi prochain par la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. 

Une ancienne collaboratrice, qui a quitté le cabinet en décembre 2012, évoque un climat de travail pesant, «de nombreuses discussions» et des désaccords quant au fonctionnement du cabinet ou de la manière de pratiquer.

Elle n’a cependant jamais constaté d’actes déplacés de sa part, jusqu’à ce qu’une patiente se confie à elle. 

«Elle avait changé de gynécologue parce qu’elle ne se sentait pas à l’aise lors des consultations», indique la témoin. «À l’époque, des collègues m’avaient parlé d’abus de la part du docteur G lors d’examens. J’avais déjà été contactée par l’enquêteur et je lui ai conseillé de le prévenir.» Un des collègues en question était le docteur A.

Une collaboratrice du centre de fertilité du CHL évoque quant à elle «une rumeur d’ampleur sans précédent» qui courait dans l’hôpital concernant «des faits concordants».

«Tout le monde en avait entendu parler» et tout le monde en aurait parlé, de la sage-femme aux internes en passant par les médecins eux-mêmes.

«Il y a toujours des histoires de salle de garde, mais, dans toute ma carrière, je n’avais jamais entendu cela», rapporte la médecin. Le docteur G n’aurait pas non plus été avare de commentaires sur ses exploits et ses pratiques sexuelles.

Au fur et à mesure, un malaise se serait installé et les relations se seraient tendues entre eux.

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