Dès le début de matinée, la foule s’est massée devant le Palais pour saluer le nouveau couple grand-ducal. Tous voulaient participer à ce moment historique et rendre leur premier hommage aux monarques.
Il est à peine 9 h, la capitale est encore calme, presque endormie. Mais dans la rue de la Reine, qui débouche sur le Palais grand-ducal, l’effervescence commence à monter. Malgré les barrières qui bloquent la circulation, plusieurs dizaines de personnes sont déjà massées de part et d’autre. Toutes sont venues afin de trouver la meilleure place pour l’un des temps forts du Trounwiessel : le salut au balcon du nouveau couple grand-ducal.
Cindy et Henri sont venus des Vosges pour assister aux célébrations. «Nous sommes de la région de Gérardmer. Nous sommes venus parce que j’adore le Luxembourg», raconte-t-elle. Impossible donc de rater un évènement aussi historique. «C’est assez exceptionnel de voir une passation de trône, surtout à deux heures de chez nous!» Originaire du Grand-Duché, Henri partage son enthousiasme malgré la page qui se tourne pour son homonyme. «Avant au téléphone, je me présentais parfois comme Henri de Luxembourg, ça jetait toujours un froid», s’amuse-t-il.

Pour le moment, tous vont devoir s’armer de patience avant d’apercevoir le nouveau couple grand-ducal dont la première apparition publique n’est prévue qu’après la cérémonie d’abdication du Grand-Duc Henri. En attendant, ils peuvent se rabattre sur les invités qui arrivent progressivement au Palais, accueillie par la maréchale de la Cour, Sasha Baillie. À chaque voiture qui s’arrête, le rituel est le même : les smartphones se braquent sur les nouveaux arrivants, même sans les connaître. Henri joue les commentateurs pour les spectateurs moins aguerris au protocole. «Le Premier ministre, Luc Frieden, vient d’entrer et là c’est le roi des Belges qui arrive.»
Si quelqu’un n’a pas loupé l’arrivée du Roi Philippe et de la Reine Mathilde, c’est bien Véronique. À leur sortie de voiture, drapeau belge à la main, elle les accueille par un tonitruant «Vive la Reine, vive le Roi, vive la Belgique!» Venue de Libramont, c’est une grande fan de Guillaume et Stéphanie. Elle était d’ailleurs présente aux festivités de leur mariage en 2012 et porte le sweat réalisé à cette occasion. «C’est la deuxième alliance belgo-luxembougeoise. Si Stéphanie n’était pas belge, je ne serais sûrement pas venue.» Elle a prévu de les applaudir au balcon tout à l’heure. «Je suis aussi là pour les soutenir. Ils sont jeunes, ils font une croix sur leur vie privée.»
Dans la foule, on croise des spectateurs étonnants. Impossible par exemple de rater ce gros tyrannosaure. À l’intérieur, Léo justifie cette tenue atypique. «Ma mère a dit qu’elle me donnerait 50 euros si je mettais mon costume.» Venu avec des amis pour apercevoir le Grand-Duc, il espère que celui-ci le remarquera. «Ce serait drôle.»
Ils font une croix sur leur vie privée
À la fin de la cérémonie d’abdication, Guillaume et Stéphanie sortent enfin du Palais pour se rendre à la Chambre des députés. Les premières acclamations se font entendre dans la rue de la Reine qui a été rouverte pour laisser le public approcher un peu plus. Le moment de joie est fugace, très vite le Grand-Duc Guillaume pénètre dans le Parlement. À deux pas, quelques badauds tentent leur chance dans la rue de l’Eau, toujours coupée à la circulation. Moins encombrée que la rue de la Reine, elle offre un point de vue moins intéressant mais quelque peu gâché par le dispositif média.
Rien qui ne peut arrêter Liliane, venue assister à la première sortie du nouveau Grand-Duc en tant que chef d’État. «Après, j’irai les voir au balcon.» Pour elle, il était normal d’assister à ce jour historique. «J’étais là il y a 25 ans, c’était très différent d’aujourd’hui. Le frère du Grand-Duc avait eu un accident et l’atmosphère était plus lourde.» Habitante de Luxembourg, elle a également prévu de revenir ce samedi pour le reste des festivités. «Mais j’y assisterai à distance.»

Charles, un héritier «trop mignon»
Vers 12 h 15, le grand moment arrive. Guillaume et Stéphanie apparaissent au balcon sous les acclamations de la foule. Dans la rue de la Reine, maintenant noire de monde, tous les smartphones se lèvent pour immortaliser le moment. Quelques chanceux assistent à la scène depuis leurs fenêtres et lancent des signes de la main dans l’espoir d’un retour. Petit à petit, le balcon se remplit, d’abord avec le Prince Charles et son frère François «C’est trop mignon, Charles est trop petit pour dépasser de la balustrade, Guillaume doit le porter», peut-on entendre dans la foule.
Le nouvel héritier a ses fans dans le public qui l’acclame pendant qu’il se bouche les oreilles. Arrivent ensuite le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa suivis par le reste de la famille. Les couples royaux de Belgique et des Pays-Bas complètent le tableau, même si tout le monde ne semble pas les reconnaître. Le prénom de Guillaume est scandé à plusieurs reprises par le public ainsi que, pour ne pas faire de jaloux, celui d’Henri.
Alors que le balcon se vide, Guillaume et Stéphanie restent encore quelques instants pour saluer leur peuple mais aussi de nombreuses personnes venues de l’étranger. Marieme, originaire du Sénégal, ainsi qu’Emma et Yem, de Taïwan, sont ravis d’avoir un aperçu des traditions du Luxembourg. «On s’est levés tôt pour venir, c’est vraiment un moment exceptionnel», se réjouit Marieme. «On découvre la culture du pays.» Tous les trois espèrent maintenant approcher Guillaume et Stéphanie durant le bain de foule. Mais pour cela, il va falloir jouer des coudes. Même si aucun jour férié n’a été décrété, le Knuedler, où se déroule la suite des festivités, se remplit à vue d’œil.
Léa Linster : «C’est mon pays, je suis tellement heureuse»
Dans sa boutique Delicatessen, située rue de l’Eau à deux pas de la Chambre des députés, Léa Linster est aux premières loges pour assister au Trounwiessel. Malgré les barrières qui bloquent la circulation et le dispositif média qui cache un peu la vue, la cheffe étoilée est très émue par cette journée. «Même quand les voitures de sécurité sont passées, j’étais touchée.»
Elle-même va participer ce samedi aux festivités puisqu’elle a accepté, aux côtés de nombreuses personnalités, d’être l’une des marraines du tour du couple grand-ducal. Mais vendredi, c’est en tant que spectatrice qu’elle profite de la journée. «Je connais bien Guillaume, rappelle-t-elle. J’ai préparé une boîte à gâteaux spéciale pour l’occasion avec leurs visages à tous les deux. Je voulais quelque chose de romantique et féérique.» Et contribuer à sa manière à ce jour si spécial. «C’est mon pays, je suis tellement heureuse.»