Accueil | A la Une | Guerre en Ukraine : «Il ne peut y avoir de neutralité» selon Jean Asselborn

Guerre en Ukraine : «Il ne peut y avoir de neutralité» selon Jean Asselborn


Jean Asselborn (à d.), ici en discussion avec Fernand Etgen, le président de la Chambre, a admis ne pas avoir «imaginé une agression militaire d’une telle envergure» en Europe.   (Photo : fabrizio pizzolante)

Le ministre Jean Asselborn a défendu mardi devant la Chambre l’action du Luxembourg et de l’UE contre l’agression russe en Ukraine. La diplomatie n’est pas pour autant jetée aux oubliettes.

Il l’admet sans détour : «La préparation de cette déclaration sur la politique étrangère, la 16e depuis que je suis en fonction, fut la plus compliquée en raison d’une situation internationale qui est tellement sens dessus dessous.» L’invasion russe de l’Ukraine est à l’origine d’un «changement de paradigme». Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, avoue que «personne, moi inclus, n’a pu imaginer une agression militaire d’une telle envergure sur notre continent». Aujourd’hui, près de neuf mois après le début de cette guerre, «tout un chacun doit décider de quelle côté de l’Histoire, il va se situer».

«Le Luxembourg du bon côté de l’Histoire»

Le doyen des ministres européens des Affaires étrangères voit le «Luxembourg du bon côté de l’Histoire, en tant que partenaire fiable, crédible et sérieux qui, au sein de la communauté internationale, est prêt à prendre ses responsabilités, également dans des temps difficiles». Sans hésiter, le gouvernement a décidé d’apporter son plein soutien à une Ukraine agressée par une «Russie qui ne cesse plus de piétiner le droit international».

«Tous les crimes commis par la Russie ne peuvent être ignorés. Dans cette guerre, il ne peut y avoir de neutralité ou d’ambiguïté. Ne pas condamner la Russie équivaut à accepter la loi du plus fort», reprend Jean Asselborn. Il plaide non seulement pour que les «responsables répondent de leurs crimes» devant la Cour pénale internationale, mais défend aussi le plein soutien apporté par l’UE, l’OTAN, et donc aussi le Luxembourg, à l’Ukraine.

Des armes et du matériel pour 72 millions d’euros

Le Luxembourg a, depuis l’éclatement de la guerre, livré des armes et du matériel pour une valeur de 72 millions d’euros à l’Ukraine. «Cela correspond à 16 % de notre budget de défense», précise Jean Asselborn. Il se dit convaincu que «ces armes vont contribuer à faire la différence sur le terrain.»

L’autre contribution majeure du Grand-Duché est l’accueil de quelque 4 500 réfugiés de guerre ukrainiens, dont 3 000 adultes et 1 500 enfants. Le ministre a précisé hier que leur statut de protection temporaire vient d’être prolongé jusqu’à mars 2024.

« Ne pas commencer à douter de notre soutien »

«Ce qui compte maintenant est de ne pas commencer à douter de notre soutien», clame le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Dans cet ordre d’idées, il tance ceux qui émettraient une équation qui ne tient pas la route : «L’aide militaire apportée à l’Ukraine n’aggrave pas la guerre. N’apporter aucune aide militaire ne nous rapprochera pas de la paix. Raisonner ainsi équivaut à accorder un chèque en blanc à Poutine pour détruire entièrement l’Ukraine.»

En parallèle, les sanctions décidées contre le Kremlin et les proches du président russe produiraient également leurs effets. «L’objectif n’est pas de punir la population russe, mais de priver de leurs moyens les responsables de cette guerre», souligne Jean Asselborn, ajoutant que la «stabilité structurelle de l’économie russe».

Kherson, un tournant?

La menace nucléaire ferait partie de la stratégie de la peur employée par Vladimir Poutine afin de diviser l’Occident. «En ce moment où la Russie est assez affaiblie sur le front, il semble que toute nouvelle escalade doit servir à forcer des négociations dictées par la Russie, ce qui est exclu», ajoute le ministre. Tant que les chars russes n’auront pas quitté le territoire ukrainien, Jean Asselborn ne croit pas à des négociations de paix. Il existerait toutefois un espoir : «En fonction de l’issue de la bataille de Kherson, la Russie pourrait être contrainte d’engager des pourparlers en étant dans une position de faiblesse.»

Le ministre des Affaires étrangères conclut sur une note plus positive : «Je suis persuadé que la guerre brutale engagée par Poutine nous a tous réveillés et renforcés pour défendre sans aucune concession la démocratie.»

La Chambre des députés va débattre mercredi après-midi de la déclaration sur la politique étrangère menée par le Luxembourg.

2 plusieurs commentaires

  1. Eve Matringe

    Ce serait bien d’arrêter de répéter les sottises de la propagande russe, en oubliant le génocide commis par l’Etat russe dans le passé (cherchez Holodomor sur Google), qui se poursuit aujourd’hui avec les appels dans les médias russes au massacre des Ukrainiens. Sans parler des personnes déportées en Russie, y compris des enfants, séparés de leur famille et que les autorités russes refusent de restituer à leur pays.

    Monsieur Asselborn a bien raison de dire que l’Histoire jugera. Espérons que tout cela contribuera à avancer l’Europe de La Défense.

  2. A quoi rime un discours aussi déséquilibré? Le mythe du méchant ogre russe entrant de force dans un pays paisible de braves payssans où ne règne ni corruption généralisée ni ingérence monstrueuse des USA a fait long feu depuis que d’autres personnes plus clairvoyantes parlent d’hisoire, de géopolitique depuis le début du XXème siècle et non depuis 2022.
    je ne dis pas que les russes sont des saints, loin s’en faut, mais les ukrainiens sont bien plus coupables de crimes de guerre sue les russes. Le côté pro-nazi d’une partie d l’Ukraine ne doit pas être mis sous le tapis non plus.