Accueil | A la Une | Grippe aviaire : «La situation nous inquiète»

Grippe aviaire : «La situation nous inquiète»


Afin d’éviter les cas de grippe aviaire et l’abattage d’élevages entiers, les volailles sont confinées jusqu’à nouvel ordre. (Photo : archives lq/julien garroy)

En une semaine, le nombre de cas de grippe aviaire a doublé sur le territoire national. De quoi inquiéter les éleveurs, jusque-là épargnés, mais menacés par un virus particulièrement contagieux cette année.

Dix-huit. Tel est le nombre de cas de grippe aviaire de type H5N1 recensés sur le territoire national, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture publié mardi. Bien qu’à ce jour le virus ne touche que des oiseaux sauvages, à savoir des hérons et des grues, le danger guette les élevages de volailles professionnels. Le nombre de cas a en effet doublé en une semaine et le ministère avertit que le risque d’introduction dans les élevages «reste donc élevé». De quoi donner quelques sueurs froides aux éleveurs du pays.

«La situation nous inquiète, il y a quand même déjà beaucoup de poules qui ont été tuées dans certains pays européens comme l’Allemagne», confie Lynn Emering, agricultrice au sein de la ferme familiale bio An Dudel, qui compte 6 000 poules pondeuses à Dippach. En Allemagne, plus d’un demi-million d’oies, de canards, de poules et de dindes ont déjà été abattus parmi les 35 foyers détectés, selon des estimations réalisées la semaine dernière. Le Grand-Duché reste, lui, épargné, mais «si nous avons une situation comme cela, ça serait une grande catastrophe pour des fermes comme la nôtre».

La crainte de l’abattage

En cas d’infection d’un animal de l’élevage, «les consignes sont très claires : il faut abattre tout l’élevage», rappelle le directeur de l’Administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire (ALVA), le Dr Félix Wildschütz. Cette mesure sanitaire d’urgence expose donc les éleveurs à de lourdes conséquences pour leur activité.

Même si l’État apporte un soutien financier en cas d’abattage forcé, «il y aura quand même de la perte, avertit Charel Noesen, éleveur à la ferme Trifolie à Cruchten, car on perdrait beaucoup de temps et de production, puisqu’il faut attendre six mois avant d’avoir de nouvelles poules pondeuses». Lynn Emering confirme : «Si on ne produit plus à cause de la grippe aviaire, le client ne va pas attendre six mois pour ses œufs, donc ça serait grave pour nous d’en arriver là.»

Afin d’éviter ce scénario, le ministère et l’ALVA ont instauré des mesures préventives, dont le confinement des élevages afin d’éviter tout contact avec l’extérieur et les oiseaux sauvages possiblement infectés. Malgré tout, la production se poursuit et implique donc une application accrue des règles sanitaires.

«On doit vraiment faire très attention à qui entre dans le poulailler, à qui est sur le site, à qui va chercher les œufs ou à ceux qui livrent la nourriture», raconte Charel Noesen. «C’est toujours une situation de stress quand même», souffle Lynn Emering, qui veille, plus qu’à l’ordinaire, à ce que les «chaussures soient désinfectées quand on entre et que les vêtements (soient) vraiment propres».

«Danger maximal» en novembre

Pourtant régulièrement habitués à des épisodes de grippe aviaire en Europe, les éleveurs luxembourgeois ont de bonnes raisons de se montrer plus inquiets qu’auparavant. «Ce qui est un peu anormal cette année, c’est que le virus se propage très rapidement parmi les oiseaux migrateurs», note le Dr Félix Wildschütz. «Jusqu’ici, nous étions assez épargnés par la grippe aviaire chez les oiseaux sauvages, contrairement à cette année où nous avons déjà pas mal de cas.»

Le nombre de cas devrait augmenter en novembre, selon le directeur de l’ALVA. Il estime que «le danger est maximal» et il ajoute : «Tant que cela continue chez nos voisins, nous serons toujours à risque.» L’enjeu est donc d’éviter le premier abattage d’un élevage au Grand-Duché. «Nous avons déjà eu quelques cas de grippe aviaire dans des élevages de particuliers qui ont deux ou trois poules, mais jamais dans un élevage professionnel.»

D’après les observations ailleurs en Europe, les oiseaux d’eau (canard, oie, héron) sont principalement touchés parmi les espèces sauvages. Dans les élevages, la dinde est plus particulièrement concernée.

Et l’homme dans tout cela? «Il y a toujours un risque que le virus se transmette à l’homme, mais, pour le moment, c’est un virus spécifiquement lié aux oiseaux et à la volaille», rassure le Dr Félix Wildschütz. Les éleveurs sont néanmoins incités par le ministère à se faire vacciner contre la grippe saisonnière pour «éviter que le virus de la grippe aviaire ne se combine avec la grippe et qu’il y ait une nouvelle souche qui devienne dangereuse pour l’homme, car probablement plus infectieuse et plus pathogène».