Après une première semaine d’arrêt du travail, les grévistes restent décidés à ne rien céder face à une direction qui «piétine» le dialogue social. «C’est du jamais vu au Luxembourg», s’insurge l’OGBL.
Après la pluie, voici la neige. Il s’agit de la seule nouveauté pour les quelque 70 grévistes d’Ampacet, qui bravent depuis 8 jours le froid, mais aussi les tentatives de leur direction de «casser» le mouvement.
Aussi bruyant puisse être le piquet installé devant l’entreprise, hébergée dans la zone d’activités Wolser à Dudelange, aussi réservée demeure la réaction du camp patronal. «Au bout d’une semaine de grève, le silence total reste de mise. Nous n’avons reçu aucun message de la part de la direction. C’est du jamais vu au Luxembourg», fustige Stefan Osorio, le secrétaire central adjoint de l’OGBL.
Quelques heures après cette conférence de presse et la publication de ce papier, la direction d’Ampacet a répondu aux grévistes, via un communiqué, estimant «nécessaire de rectifier les nombreuses fausses affirmations au sujet des discussions sur les conditions de travail actuellement applicables au sein de notre usine de Dudelange».
Ni la délégation du personnel, ni le grand public n’en sauraient plus sur les intentions d’Ampacet pour sortir d’un conflit social qui risque de durer. Et les grévistes se disent prêts à ne rien lâcher, même s’ils sont privés de salaire et que les conditions, aussi météorologiques, sont de plus en plus compliquées. «Le moral est intact. On ne va pas céder avant d’obtenir gain de cause», insiste Alain Rolling, secrétaire central du syndicat Chimie de l’OGBL.
«Le droit de grève est bafoué»
Au bout d’une première semaine de grève, un bilan intermédiaire a été tiré hier matin. La délégation du personnel, soutenue par les structures du premier syndicat du pays, ont tenu à dénoncer que le dialogue social continue d’être «piétiné» par la direction du producteur de granulés en plastique. «Oui, il est normal que l’on se dispute dans une négociation entre direction et personnel. Cela fait partie du jeu. Mais au Luxembourg, on se met à table et cherche à trouver une solution. Ceci n’est pas le cas depuis le début des tractations», constate amèrement Stefan Osorio.
Les responsables de l’OGBL rappellent dans ce contexte la tentative de la direction de faire venir des travailleurs intérimaires pour relancer la production. «Ce genre d’agissement enfreint la loi et peut être pénalement sanctionné», rappelle le secrétaire central adjoint. Son collègue Alain Rolling fait un pas de plus en martelant que «le droit fondamental de la grève est bafoué depuis le début. Aucun avocat ou huissier ne pourra nous faire reculer. On ne va pas se faire dégager d’ici.»
«On est prêts à aller jusqu’au bout»
Il hausse encore le ton, en visant directement les patrons d’Ampacet. «La balle est clairement dans leur camp. Ils doivent ouvrir grand la porte pour entamer des négociations. Si ce n’est pas le cas, ce seront nous qui allons forcer la porte. On est prêts à aller jusqu’au bout», menace Alain Rolling. Des «actes concrets» sont dorénavant attendus par la direction, mais aussi de la part du nouveau gouvernement. Un appel a été lancé, hier, aux ministres du Travail et de l’Économie afin d’intervenir auprès des dirigeants d’Ampacet. «La solidarité exprimée fait du bien. Nous espérons désormais que le ministre Georges Mischo appelle la direction à revenir à la table des négociations», affirme le secrétaire central. Une réponse de la part des deux ministres de tutelle se fait encore attendre.
De nouvelles actions s’annoncent
Toutefois, l’OGBL et les grévistes ne comptent pas rester immobiles devant les portes de l’entreprise. Afin d’obtenir un retour au dialogue, un rétablissement de la convention collective, mais aussi le versement des salaires aux grévistes, de nouvelles actions sont prévues dans les jours à venir. Des manifestations à Dudelange ou à Luxembourg sont ainsi envisagées. «Nous sommes plus déterminés que jamais et allons gagner ce bras de fer», clame Alain Rolling.
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Le gouvernement «analyse comment réagir»
Le nouveau ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), n’avait pas tardé à condamner, mercredi dernier, le comportement de la direction d’Ampacet. Sur les ondes de la radio 100,7, il avait notamment déclaré qu’il était «inacceptable» de rompre tout dialogue social. «Je ne peux le tolérer comme ministre», ajoutait Georges Mischo, désormais attendu au tournant par le camp syndical.
Contacté hier par nos soins, le ministère du Travail n’a cependant pas encore été en mesure de livrer de plus amples détails sur la teneur de l’action que compte mener Georges Mischo, en alliance avec le ministre de l’Économie, Lex Delles. «Pour l’instant, nous analysons comment réagir à la situation», se contentent de préciser les services du ministre libéral.
L’OGBL a sollicité jeudi dernier des entrevues avec les deux ministres de tutelle.
Le syndicat espère une issue semblable de ce conflit à celui de la grève, en 2000, du secteur de gardiennage. «Le ministre Jean-Claude Juncker avait joué le médiateur pour débloquer la situation», rappelle le secrétaire central Alain Rolling.