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Greenpeace Luxembourg : «La COP à elle seule ne va pas sauver la planète»


Le Rainbow Warrior, l’emblème de Greenpeace, a fait le déplacement jusqu’en Égypte, servant de décor pour de jeunes activistes réclamant la justice climatique.  (Photo : andrew mcconnell/greenpeace)

Greenpeace Luxembourg ne perd pas espoir que la conférence mondiale sur le climat va aboutir à du concret. Plus importants encore seraient toutefois les «devoirs domestiques» à accomplir par les États.

Il n’est pas possible d’évoquer la COP27 sans message alarmiste. L’entretien réalisé lundi avec Raymond Aendekerk, le directeur de Greenpeace Luxembourg, ne fait pas exception à la règle : «Nous vivons une situation précaire sans précédent.» «Mais, reprend-il, nous disposons de tous les moyens pour la résoudre». La condition sine qua non serait toutefois que les États, en tête les plus riches, et donc les plus pollueurs, «cessent de jouer la montre». «Il faut reconnaître sans détour l’envergure de la problématique climatique. Je pense que tous les décideurs présents à la COP en ont conscience. Ils doivent enfin passer à l’action», clame notre interlocuteur.

Voilà pour le cadre général de la conférence mondiale sur le climat, lancée hier à Charm el-Cheikh, en Égypte. Que faut-il attendre de cette grand-messe annuelle, organisée sous l’égide des Nations unies? «On s’attend toujours à du concret. Au vu des problèmes aux multiples facteurs auxquels on est confrontés, il n’existe pas d’autre possibilité que de se rencontrer à l’échelle mondiale et définir un plan d’attaque global pour lutter contre le changement climatique», répond Raymond Aendekerk. 

Pour forcer un peu le trait, on peut affirmer que le comportement de notre passé colonial reste de mise

Les meilleures chances pour aboutir à du concret seraient de poursuivre sur les bases posées lors de la dernière COP à Glasgow. «Sur différents points, les discussions avaient été menées très loin. Il existe une série de leviers à activer pour transposer assez rapidement des mesures concrètes», affirme le directeur de Greenpeace Luxembourg. Il énumère le stop à la déforestation ainsi que le soutien financier à accorder au pays de l’hémisphère sud. «Il faut absolument aider ces pays qui, souvent fragilisés, n’ont pas les moyens pour devenir plus résilients.»

Des aides financières jugées insuffisantes

Greenpeace place de grands espoirs dans l’élection de Luiz Inácio Lula da Silva à la tête du Brésil. Le président sortant Jair Bolsonaro avait ordonné la destruction d’importantes surfaces des forêts amazoniennes. «Il nous faut non seulement stopper sans tarder la déforestation à l’échelle mondiale, mais aussi investir d’importants moyens pour reboiser les pays concernés. Cela permettra non seulement de renforcer les capacités de stockage naturel du CO2, mais contribue aussi à l’amélioration de la biodiversité», développe Raymond Aendekerk. En parallèle, les espaces de vie des populations indigènes seraient à préserver : «Il faut les impliquer dans la lutte pour le climat. C’est la meilleure garantie pour la protection des forêts tropicales.»

L’autre levier majeur est la constitution du fonds de compensation des pertes et dommages, provoqués «par notre exploitation des ressources naturelles». «Pour forcer un peu le trait, on peut affirmer que le comportement de notre passé colonial reste de mise», fustige le chef de file de Greenpeace Luxembourg. «Nous avons une dette envers ces pays exploités. Les pertes et dommages doivent être réparés rapidement. À l’horizon 2030, ces derniers vont se chiffrer dans une fourchette située entre 290 et 380 milliards de dollars», détaille l’activiste. Les 100 milliards de dollars par an mis en perspective par la communauté internationale ne seront pas suffisants.

« Tout un chacun doit prendre ses responsabilités »

Le même montant est à débloquer pour permettre aux pays les plus démunis de mener à bien leur transition écologique, afin de réduire leur empreinte carbone. «Il faut les soutenir pour développer l’énorme potentiel qui existe dans ces pays pour produire de l’énergie renouvelable à partir du vent et du soleil. Il est insensé qu’ils recourent encore à des centrales à charbon», indique Raymond Aendekerk. L’argent promis peine néanmoins à être collecté, déplore-t-il.

En fin de compte, «la COP à elle seule ne peut pas sauver la planète». Le directeur de Greenpeace Luxembourg insiste sur le fait qu’il est encore bien plus important que les États les plus riches accomplissent leurs «devoirs domestiques», dont la fin pour 2030 de toutes les centrales à charbon. La guerre que mène la Russie contre l’Ukraine pourrait risquer de «bloquer» des avancées sur le plan climatique. «Or, le changement climatique ne va cesser de s’accentuer. Tout un chacun doit prendre ses responsabilités.»

Un commentaire

  1. La COP ne va rien sauver du tout. En revanche, Greenpeace peut (voudrait) la détruire.